Les Enfants du pays

C’est en l’an 2001, au Venezuela, une caméra sur l’épaule, que je rencontre pour la première fois Pierre Javaux. " L’épaule " est un principe d’écriture des Oreilles sur le dos que réalise Xavier Durringer pour Arte. Pierre Javaux est alors simple producteur.

Quand je reçois le scénario Les Enfants du pays, quatre ans plus tard, Pierre Javaux est toujours producteur mais avec la casquette de réalisateur en plus.

Pierre Javaux et Gilles Porte à la caméra
Pierre Javaux et Gilles Porte à la caméra

L’action se passe en 1940 au milieu des Ardennes. Pour son premier long métrage, Pierre Javaux décide de s’arrêter sur une des pages de notre Histoire de France en posant la caméra à l’intérieur d’un petit village de l’hexagone.
Comment Gustave (Michel Serrault) et ses deux petits-enfants (Camille et Etienne) voient débarquer « au fin fond de leur trou », cinq tirailleurs sénégalais qui ont perdu leur patrouille ?
Les consignes de Pierre sont claires.
S’il plante le décor au milieu de la grande Histoire, ce sont bien les petites histoires parallèles qui retiennent son attention.
Pierre décide de ne jamais montrer la guerre mais plutôt de la suggérer.
Pierre souhaite souvent une image douce, plutôt chaude et ensoleillée...
Je choisis des Cooke.

Les Enfants du pays
Les Enfants du pays

" L’épaule " est mise de côté pour privilégier des cadres plus stables.
La lumière, comme le scénario, fluctue en fonction des états d’âme qui traversent les 3 jours dans lesquels l’action du film est inscrite.
La diversité des lieux, le grand nombre d’extérieurs, une météo changeante ne constituent-ils pas finalement trois boules avec lesquelles notre métier doit régulièrement jongler ?
Heureusement que l’ellipse existe !
Le casting montre rapidement une évidence : aucun des 5 tirailleurs sénégalais n’a la même couleur de peau. Avec ce " film d’époque ", j’ai encore pu me rendre compte de la chance qu’il nous est donnée à nous, " directeurs de la photographie ", de collaborer avec d’autres autour d’une même image...
Quel plaisir sur ce film de " travailler les intérieurs " ou " les nuits " en parfaite adéquation avec " la déco ", " les costumes " ou " le maquillage ".
J’ajouterai que Pierre avait souhaité, de temps en temps, s’appuyer sur un story-oard afin de mieux visualiser son histoire. Un story-board qu’il nous arrive évidemment de délaisser quand une scène nous emmène ailleurs...
Après l’expérience de Quand la mer monte, j’avoue aujourd’hui n’avoir connu aucune frustration de " mise en scène " et, au contraire, pris un plaisir certain à cadrer et éclairer une image qui était celle d’un autre avec des techniciens qui ont sauté du Nord à l’Est.