Les différences étaient énormes, entre les champs-contrechamps...

AFC newsletter n°125

P. L. : Moi j’ai vécu ce genre d\’angoisse pour Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau car on était au bord de la mer, qui change tout le temps de couleur. Je me suis fait un sang d’encre, mais finalement c’est très lié au rythme du montage et pourtant les différences étaient énormes, entre les champs-contrechamps, on passait d’une mer bleue à une mer grise, d’un plan avec soleil à des plans sans soleil et personne s’en aperçoit. On a le souvenir d’une mer bleu turquoise.

E. G : Pour la séquence \" Le sentier des démons \", on a en fait trois décors différents : l’endroit dans lequel on a pu reconstituer un chemin éboulé, le lieu où l’on a tourné le passage des animaux sur le chemin et un troisième site qui est celui où le passage s’effondre et le yack tombe dans l’eau. En fait, il y avait un rocher qu’on voit assez souvent, qui est en polystyrène, et qui nous a permis à la fois de masquer le vrai chemin et de servir de raccord entre les trois décors. C’est un beau travail du chef décorateur. On a tourné 90 plans en 9 jours.
La séquence de la chute du Yack, on a dû la refaire 4 fois. On disposait d’un yack gonflable (Photo 3 et 4), doté d’une outre d’air à l’intérieur et d\’un crochet afin de pouvoir le remonter. On a fait construire trois plate-formes qui pouvaient nous supporter, ainsi que deux déports (Photo 5) qui permettaient de désaxer la caméra. Mais, il n’y avait pas de grue idéale pour ce genre de plan. Là on n\’avait pas les moyens.

Le metteur en scène avait-il déjà réfléchi aux axes de lumière ?

E. G. : Cette séquence-là a été préparée très longtemps à l’avance à Paris. C’est repéré, c’est \" story-boardé \", parce que ça appelle de telles contraintes techniques en termes de trucages, d’effets spéciaux, de mise en place des caméras que ça ne s’improvise pas sur place. Après on a improvisé deux ou trois plans. Des plans au ras de l’eau, des choses comme ça car on a eu la possibilité de poser une deuxième caméra simultanément. On a essayé de gagner un plus par rapport à ce qui avait été écrit. Un story-board c\’est juste une succession d’images qui raccordent mais ça ne donne pas le rythme du film, d\’ailleurs on ne le découvre pas forcément avant le tournage

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