Les difficultés croissantes des salles d’Art et d’essai

par Nicole Vulser

La Lettre AFC n°162

Près de 90 dossiers ont été ouverts l’an dernier. Il s’agit surtout de plaintes de cinémas qui n’arrivent pas à obtenir le film qu’ils désirent et des autorisations d’ouverture de salles.
Les salles parisiennes d’Art et essai ont saisi le médiateur d’un autre dossier, qui témoigne un peu plus de leurs difficultés. Jean-Marie Rodon, des cinémas Action, affirme que depuis l’ouverture de la nouvelle Cinémathèque, en 2005 dans le quartier de Bercy, la fréquentation des salles du quartier latin a baissé de l’ordre de 30 %. La Cinémathèque étant financée à plus de 80 % par l’Etat, les plaignants estiment que le jeu de la concurrence est faussé.

Pour calmer le jeu, le médiateur du cinéma, Roch-Olivier Maistre avait proposé d’augmenter le tarif du Libre Pass de la Cinémathèque. Actuellement, l’abonnement d’un an donne accès à tous les films pour 10 euros par mois. Mais la Cinémathèque, en pleine période de réabonnement des 5 600 cinéphiles, a reporté cette mesure à juin.
Mercredi 10 janvier, les distributeurs et exploitants mécontents ont rencontré le directeur de la Cinémathèque, Serge Toubiana. Ce dernier a clairement récusé le fait que « la crise de l’art et essai soit liée à la réouverture de la Cinémathèque [qui] n’est pas dans une logique marchande mais de musée », de sorties d’inédits, de rétrospectives complètes et de proposer à ses détracteurs d’organiser ensemble des rétrospectives, comme celles à venir de Sacha Guitry ou de Preston Sturges. De plus, il a offert de payer davantage les ayants droit de ces films.
(Nicole Vulser, Le Monde, 12 janvier 2007)