Lettre ouverte à Keren Yedaya

par Alain Choquart

by Alain Choquart AFC newsletter n°138

« Keren,
Ton film sort en salles en France la semaine prochaine. Quel temps fera-t-il le week-end, quel événement médiatique tiendra le public rivé à sa télévision, quel " air du temps " impalpable soufflera sur le pays et le fera se diriger vers les salles de cinéma...
Il est à souhaiter que beaucoup s’arrêtent devant la très belle affiche de Mon trésor et viennent voir cette très méritée " Caméra d’or ".
Je n’ai pas revu ton film depuis Cannes. Je crois que je l’aime encore plus aujourd’hui. Il est rare que le souvenir d’un film soit si brûlant.
J’évoquais ton affiche, la sérénité apparente de ces deux femmes dans le partage de leur nudité. Leurs corps avec lesquels tu as su être à la fois si intime et pudique... et révoltée.
Oui, ton film est brûlant, comme la trace qu’il nous laisse.
Tu as choisi d’être une cinéaste qui s’engage dans son sujet, dans sa mise en scène et dans son travail avec de remarquables comédiennes, tellement engagées elles aussi.

Yazujiro Ozu, après de trop nombreuses nuits d’écriture sous les vapeurs du saké, écrivait dans ses carnets : « Je devrais veiller à rester attentif aux choses de ce monde... ».
Beaucoup des films qui concouraient pour la Caméra d’or cette année nous ont porté ce message de pays si divers : Israël, Mexique, Palestine, Iran, Kazakhstan, Chine..., tous attentifs aux choses de ce monde.
La Caméra d’or prime un premier film. Notre jury, sous la présidence de Tim Roth, a surtout souhaité récompenser un metteur en scène dont on attend beaucoup.
Bonne chance à toi, Keren.
Amicalement, Alain Choquart. »