Marc Bruderer, chef électricien, nous a quittés

Contre-Champ AFC n°357


Les directeurs et directrices de l’AFC ont appris avec tristesse le décès du chef électricien Marc Bruderer, survenu dimanche 7 juillet 2024 à l’âge de 60 ans des suites d’une longue maladie. Celles et ceux qui l’auront côtoyé et travaillé avec lui garderont le souvenir d’un grand professionnel, aux qualités humaines certaines et au sens de l’humour apprécié. Hommage lui soit rendu !

Marc Bruderer débute à l’électricité dans le milieu des années 1980 aux côtés de Renato Berta, AFC, puis des directeurs de la photographie de l’AFC Jean Monsigny, Georges Strouvé, Dominique Chapuis, Bernard Dechet, Stéphane Cami, Gérard Stérin, Jean-Claude Aumont, Denis Rouden et Thierry Jault, entre autres DP tels Norbert Marfaing-Sintes, Alain Ducousset, Christophe Paturange ou encore le chef électricien Patrick Mercado, avec qui il a longtemps travaillé.

Marc Bruderer, thermocolorimètre en main - Année et film non identifiés - Collection privée
Marc Bruderer, thermocolorimètre en main
Année et film non identifiés - Collection privée

Quelques témoignages

Jean-Claude Aumont, AFC
Salut Marco !
Marc Bruderer, chef éléctro de talent et mon compagnon depuis une quinzaine d’années sur les tournages nous a quittés le 7 juillet, après s’être battu contre une maladie rare.
Son talent, qui allait au-delà de son métier, consistait aussi à insuffler la bonne humeur tout au long de la journée, et à apaiser les malentendus, toujours avec élégance.
Merci Marco, pour ta générosité, ta complicité, ta sensibilité et ta pudeur.
On se souviendra de ta gouaille à la Michel Audiard, dont je me délectais.
Marco on t’aime et tu nous manques.

Olivier Delaunay et Marc Bruderer, en 2017, sur le tournage des "Municipaux", photographié par Jean-Claude Aumont - Photo Alain Guizard
Olivier Delaunay et Marc Bruderer, en 2017, sur le tournage des "Municipaux", photographié par Jean-Claude Aumont
Photo Alain Guizard

Stéphane Cami, AFC
Marc, Marco…
En apprenant ta disparition, je suis profondément triste.
Je me souviens, précisément, des deux derniers films que nous avons tournes ensemble, c’était il y a une dizaine d’années et pourtant cela me semble hier.
J’appréciais beaucoup ta présence à mes côtes.
Ton œil attentif, ton caractère sympathique, ton expérience étaient des atouts précieux.
Tu dirigeais ton équipe avec beaucoup de bienveillance, tu aimais ton métier.
Je garde en mémoire, ton esprit spirituel, tu avais une forme d’humour "anglais" si plaisant dans le travail, cela donnait du sens à la vie et du recul dans notre travail sur le plateau.
Je garde en mémoire ton sourire, ton esprit et ton talent. Une pensée à toute ta famille.

Thierry Jault, AFC
J’ai fait deux films avec Marc. Sa collaboration a été très précieuse, il était vraiment à l’écoute de ce que je souhaitais faire avec des propositions très pertinentes.
C’était un compagnon de travail inventif avec un formidable sens de l’humour.

Denis Rouden, AFC
J’ai connu Marc comme électro il y a 30 ans sur un ou deux tournages mais je l’ai retrouvé comme chef électricien à Angoulême sur Jumeaux mais pas trop, en 2021, le seul film que j’ai vraiment fait avec lui.
Marco était un chef électro expérimenté et qui s’est très vite adapté à ma façon de travailler avec un œil exercé et une bienveillance envers les autres membres de l’équipe.
Il avait un phrasé très particulier et très original et pratiquait le vouvoiement avec moi.
J’en garde un excellent souvenir et j’avais envisagé de le rappeler quand le bon projet se présenterait.

Gérard Stérin, AFC
La dernière fois que nous avons travaillé ensemble, Marco et moi, c’était sur une pub de Jean-Paul Goude. J’avais toujours plaisir à le retrouver car notre complicité dépassait le cadre de la relation professionnelle. Dans ce film, un homme gonflait un énorme ballon en forme de cœur, puis le personnage s’envolait et s’élevait dans les airs – emporté par le "cœur"… Quand j’y repense aujourd’hui, je revois Marco – tout sourire – prenant la place du protagoniste afin que je puisse juger sur son visage l’effet de lumière zénithale qui traversait le ballon. Le film s’appelait : "Un ami de cœur". Tout est dit…
Je n’étais pas le seul à apprécier ses qualités humaines. Sur le plateau, son esprit d’équipe ne connaissait pas de limites corporatives et sa joie de vivre était communicative. J’ai beau fouiller dans ma mémoire, je n’ai pas souvenir d’un mauvais jour de tournage en sa compagnie.
Marco m’avait parlé à mots couverts de sa maladie mais j’étais loin d’imaginer un dénouement aussi brutal et aussi proche.
Au moment où j’écris ces lignes, mes pensées vont à sa famille, à Isabelle, Lise, Diane et Clément et à tous ses amis et amies de cœur.

Sébastien Deux, réalisateur
Je me souviens d’un visage à la Brueghel, teinté de beaucoup de malice, qu’il savait exprimer régulièrement...

Marc Salomon
Je me souviens de Marc Bruderer, alors électricien, sous la houlette de Patrick Mercado, avec lequel il formait un tandem plutôt atypique. C’était sur le tournage, en février-mars 1993, de Waati, de Souleymane Cissé. Un tournage à rebondissements qui avait démarré à Yamoussoukro avec deux chefs opérateurs russes qui travaillaient de concert dans un climat certes sahélien mais aussi quelque peu tendu, au sein de cette équipe "franco-russo-ivoiro-malienne"... ce qui leur valut d’être rapidement et poliment remerciés. Jean-Jacques Bouhon et moi-même débarquâmes alors en urgence pour retrouver toute l’équipe en stand-by au Novotel d’Abidjan. Je me souviens donc avoir tout de suite apprécié les compétences et l’humour quelque peu pince-sans-rire et plein d’à-propos de ce jeune électro qui, tout au long de ces deux mois d’un tournage semé d’embûches, d’abord à Abidjan puis à Tombouctou, parvint à mêler efficacité et bonne humeur contre vents et marées. Il avait l’art de toujours voir le verre à moitié plein et d’ironiser sur les difficultés et autres contre-temps avec la formule qui fait mouche. La seule fois où Marc nous fit moins rire, c’est lors d’une virée à Grand-Bassam quand il outrepassa le panneau "Baignade interdite" et eut toutes les peines du monde à regagner, épuisé, la terre ferme.
Nos chemins ne se sont plus jamais croisés mais je n’ai pas oublié ces deux mois épiques, agrémentés de son humour un tantinet corrosif.

Keyvan Sheikhalishahi, réalisateur
C’est avec une immense peine que j’apprends la disparition de mon ami Marc. Il m’a accompagné durant mes deux premiers tournages. Faire des films avec lui a été un privilège et l’assurance d’une grande bienveillance, d’un sérieux constant, d’une envie de donner un coup de main à chacun sur le plateau, toujours avec cette énergie et bonne humeur qui lui étaient propres.
J’adresse mes sincères condoléance et beaucoup de courage à ses proches.

Messages

  • Chef électricien comme l’était Marco, puis devenu directeur de la photo, Marco m’a bien accompagné durant toutes ces années où nous avions œuvré ensemble. Arrangeant, diplomate, attentionné, il savait apaiser les tensions et mener ces électros. C’est avec une tristesse que j’ai appris son départ. Malgré le fait de s’être perdu de vue, je garde un très bon souvenir de nos tournages. Les chenins ne se recroisent pas toujours. PS la photo de présentation a été prise sur la série PJ.