Festival Manaki Brothers 2024, 45e édition

Margot Besson parle de son tavail à l’image sur "Anansi", d’Aude N’Guessan Forget

Contre-Champ AFC n°359

La jeune directrice de la photographie Margot Besson, issue du département Image de La Fémis, promotion 2020 "Abbas Kiarostami", est en lice au 45e Festival Manaki Brothers (Compétition Films d’étudiants), pour le film Anansi, d’Aude N’Guessan Forget, qu’elle a photographié. Elle parle ici d’un des principaux défis du tournage.

Nous avons tourné Anansi en avril 2022, c’était le film de fin de Résidence de La Fémis d’Aude N’Guessan Forget.

Le film a été tourné avec une Arri Alexa Mini, des objectifs Zeiss GO et des filtres Classic Soft. Dès notre première rencontre, Aude avait exprimé son désir de tout filmer à l’épaule. Elle souhaitait une caméra au plus près de sa comédienne principale, qui accompagne ses mouvements et fasse corps avec elle. Elle voulait que je sois physiquement proche d’elle, en privilégiant des gros plans pour adopter le point de vue du personnage.

L’un des principaux défis du tournage était de filmer dans le salon de coiffure, où Aude souhaitait mettre en scène une dizaine de comédiennes. Le lieu choisi était particulièrement exigu, bas de plafond et entouré de miroirs. Pour éviter que nos sources de lumière ne se reflètent dans les miroirs et permettent à l’équipe son de percher, j’ai demandé à la cheffe décoratrice, Lucie Guillaume, de couvrir le haut des miroirs.

Bien que la caméra soit libre et en mouvement, il n’était pas question d’improvisation. Aude tenait à ce que le film donne une impression de légèreté, mais les séquences tournées dans le salon de coiffure ont été méticuleusement préparées. Nous avons répété avec les comédiennes en amont et défini chaque plan avec précision à l’aide d’un chercheur de champ. Mes mouvements de caméra, tout comme les transitions entre les comédiennes, étaient également anticipés et réfléchis en amont.

Avec seulement deux jours de tournage dans le salon de coiffure, il était nécessaire de concevoir un dispositif d’éclairage léger et adaptable, permettant des changements d’axe rapides. Aude tenait à ce que l’on sente la proximité de la rue à travers le salon et que l’on intègre les imprévus que cela pouvait entraîner. Recouvrir entièrement la surface vitrée avec du ND étant trop coûteux, nous avons choisi d’éclairer suffisamment l’intérieur afin de réduire le contraste et rendre l’extérieur bien visible. Stellina Vitale, cheffe électricienne avec qui je travaillais pour la première fois, m’a été d’une aide précieuse. Nous avons recouvert le plafond du salon avec des tubes Astera diffusés par un 1/4 de diffusion, constituant ainsi notre base lumineuse. Nous avons borniolé l’entrée de jour pour contrôler le contraste dans l’axe où la rue n’était pas visible, et installé des Dedolights dans les deux axes principaux pour avoir des contres, que nous allumions ou éteignions en fonction des axes.

C’était une première collaboration très riche, Aude se montrant très à l’écoute des besoins du travail de l’image, et ce fut un plaisir de travailler avec ces comédiennes qu’il a été passionnant de filmer ! D’ailleurs, Chanel Victor, comédienne principale, a reçu le prix d’interprétation au Festival de Clermont-Ferrand.