Micro Salon

par Käthe Niemeyer, réalisatrice

AFC newsletter n°120

Imaginez-vous un instant, c’est jeudi, vous revenez tout juste de Cologne.
Après un séjour de 5 semaines, cela veut dire : faire ses adieux, boucler les valises, les traîner à la gare, prendre le train, traîner encore des valises et finalement les défaire. Remarquez, ça peut aussi bien attendre le lendemain.
Sur ce, vous enchaînez directement vers 18 h une visite du Micro Salon à La femis.

A Cologne, il faisait froid - il pleuvait. A Paris, l’air est doux et vous êtes définitivement trop couvert. Puis vous dites bonjour à vos amis, vous flânez au Micro Salon.
Le beau temps, votre humeur et l’ambiance incitent tout simplement à la balade. Si vous vous arrêtez aux stands pour regarder quelque chose, on s’adresse à vous et l’on souhaite tout vous expliquer. On parle du film et des films.

  • Vous êtes une réalisatrice allemande ? Et que faites-vous à Paris ?
  • Et bien, j’espère y faire des films un jour !
  • Oh ! Voudriez-vous une coupe de champagne ?
    Le printemps s’annonce, je bois du champagne et je me retrouve sur un salon technique. Voilà ma vie à Paris. C’est déjà pas mal.
    Le buffet est déclaré ouvert et je réalise que je n’ai pas mangé de la journée ; j’ai pu résister à la cuisine du Thalys.
    L’assaut du buffet renforce mon appétit et la peur de ne pas pouvoir manger à ma faim. Je regarde autour de moi et je constate que cette crainte ne connaît pas de nationalité. Heureusement cette peur se révèle être sans fondement : le buffet est très généreux.
    Finalement les choses sont claires : en Allemagne, nous avons des grosses voitures, en France vous avez des buffets imbattables.
    Un Monsieur à côté de moi regarde mon assiette. Il est impressionné. Lui ne prend qu’un petit amuse-gueule. J’essaie de me justifier, puisque je suis invitée.
    Mon accent me trahit : je suis allemande. Une fois de plus, l’étonnement d’apprendre que nous tournons autant de films en Allemagne.

Avant de m’installer à Paris je pensais que le film allemand avait une mauvaise réputation en France. Maintenant je constate que la situation est pire : il n’a pas de réputation du tout. Son seul ambassadeur est "Derrick".
En Allemagne, pourtant, il est quasi interdit aux moins de 60 ans de regarder "Derrick". L’éternelle question : pourquoi ne peut-on voir "Sur mes lèvres" en Allemagne et pourquoi les films de Dominik Graf ne sont-ils pas montrés en France ? On ne trouve pas de réponse.

En parlant, le Monsieur a dû grignoter au moins le vingt-troisième petit-four et moi, avec ma grande assiette dans une main et un verre de rouge dans l’autre, je meurs de faim. Finalement j’arrive à manger, ce qui me permet de nouveau de réfléchir.
La femis a fait un très bon début avec la Masterclass franco-allemande. Nous devrions continuer sur ce chemin et organiser plein de Micro Salons pour que les réalisatrices allemandes puissent échanger avec des cinéastes français.
Quelle bonne soirée. Tranquillement je rentre chez moi.