Möbius

Septième collaboration avec Eric Rochant ; la précédente fut la série Mafiosa (Saison 2 et saison 3). Le tournage de ces deux saisons (en particulier la 3) a permis à Eric d’affiner un dispositif de tournage dynamique à deux caméras, en utilisant la plupart du temps, des longues focales et en travaillant, autant que possible, la présence d’amorces ou de premiers plans.
Jean Dujardin et Cécile de France - Photogramme de <i>Möbius</i>, d'Eric Rochant, photographié par Pierre Novion
Jean Dujardin et Cécile de France
Photogramme de Möbius, d’Eric Rochant, photographié par Pierre Novion

Les grandes directions sur lesquelles Eric souhaitait s’appuyer pour le tournage de Möbius étaient de fait tracées, en filigrane, par cette précédente expérience, en convenant d’enjeux différents (télévision - cinéma). Möbius, le titre du film, se réfère au ruban de Möbius qui est un anneau ne possédant qu’une seule face contrairement à un ruban classique qui en possède deux.
Möbius est dans la veine des Patriotes. Eric revient ainsi à des thèmes qui lui sont chers : espionnage, services secrets, manipulations, trahisons… Toutefois, ici, le traitement de l’histoire d’amour revêt une dimension essentielle.

Synopsis :
Grégory Lioubov (Jean Dujardin), un officier des services secrets russes est envoyé à Monaco afin de surveiller les agissements d’un puissant homme d’affaires russe Rostovski (Tim Roth). Dans le cadre de cette mission, son équipe recrute Alice (Cécile de France), une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va rompre la règle d’or et entrer en contact avec Alice, son agent infiltré. Naît entre eux une passion impossible qui va inexorablement précipiter leur chute.
Ainsi, Jean Dujardin quitte les aventures de Georges Valentin pour interpréter un agent russe (Grégory Lioubov appelé Moïse).

Eric m’a, tôt, exposé comment il voyait esthétiquement le film. Une esthétique chaude et brillante qui rende compte du luxe, du clinquant, du pouvoir de l’argent, spécialement à Monaco, mais sans opposition violente pour la Russie et une esthétique plus feutrée, liée aux scènes " intimistes " ou d’autres encore, où se reflètent, dans ce monde particulier, la solitude des personnages.
Il entendait filmer parfois les visages des comédiens en plans très serrés, voir en " macro " et je le sais très attentif à leur " photogénie " et particulièrement ici.
J’ai pris naturellement beaucoup de plaisir à satisfaire cette demande en particulier avec Cécile de France et Jean Dujardin. Ce fut une belle rencontre !

Avant la préparation, le film avait été prévu ou budgété en numérique. Eric m’a demandé de faire des essais comparatifs pellicule Fuji, Kodak, Red, Alexa. Malgré des résultats intéressants ou satisfaisants avec les caméras numériques, nous avions une préférence pour le rendu des visages, des carnations avec la pellicule 35 mm : plus de nuances dans les peaux, visages moins " gris ". Nous sommes tombés d’accord pour insister sur le choix du 35 mm ; Eric se sentait davantage en confiance ainsi. Avec l’accord de la production, la décision fut ainsi prise de tourner en Scope 2 perfs (le format Scope avait été choisi au préalable) et d’assurer, dans la mesure du possible, les plans larges en Scope 3 perfs.
Nous avons disposé de 2 Penelopes et d’une Arri Lite 3 perfs.

L’histoire telle qu’écrite dans le scénario, se situe à Monaco, Moscou, Bruxelles, une séquence à Londres (aéroport), une séquence dans l’état de Virginie, près de Washington et des intérieurs CIA. De fait, nous avons tourné à Monaco et Côte d’Azur, Belgique, Luxembourg, Ukraine, Moscou.
D’un film international dans son histoire, il l’est aussi devenu dans la constitution de l’équipe pour des raisons de financement. J’ai pu garder les mêmes chefs de poste, et les assistants caméra dans les différents pays, ce qui a facilité la communication, l’organisation, les anticipations d’un pays à un autre.

L’une des difficultés du film a bien sûr résidé dans l’éclatement des décors, répartis principalement dans trois pays (France, Belgique, Luxembourg), tant pour les repérages et la préparation que pour le tournage : cohérence dans la continuité des décors et raccords.
Pendant les repérages, il était judicieux de dessiner le plus précisément possible des plans de lumière, puisque les décors n’allaient pas être revisités avant le tournage.
Cette difficulté fut largement partagée par Marc Barraduc, premier assistant réalisateur (que je connaissais depuis Mafiosa) et Philippe Chiffre, chef décorateur, avec qui nous avons beaucoup travaillé en amont pour éviter ces écueils. Je les remercie tous deux pour cette excellente collaboration.
Pour la partie " Monaco ", nous avons tourné sur la côte, principalement entre Cannes et Monaco. Le tournage, entièrement à Monaco, comme espéré au départ ne fut pas possible : difficulté d’autorisations et présence du Grand Prix de Formule 1 qui dénature la Principauté quelques semaines plus tôt.
Nous avons pu assurer à Monaco ce dont nous avions besoin.

Pour cette partie : décors extérieurs qui justifiaient notre présence et aussi importants décors (tels le " Palais " de style néo-palladien, occupé par Tim Roth ou l’immeuble vaste très " monégasque " où se loge l’appartement de Cécile de France.)
Bruxelles (décors intérieurs naturels et extérieurs), puis Luxembourg.
Nous avions réservé les parties " studio " du tournage au Luxembourg. Nous disposions d’un pavillon du parc d’exposition de Luxembourg City de 5 000 m2.
On a pu disposer jusqu’à une dizaine de décors en même temps sur ce site.
L’usage d’une trottinette facilitait les déplacements ! Pendant trois semaines, les décors se sont ainsi enchaînés à vive allure.

Je remercie aussi mes proches collaborateurs Gilbert Degrand (chef électricien), Boris Bourgois (chef machiniste), mes deux 1er assistants opérateurs (Didier Frateur et Didier Schokkaert), assistés de Laura Pieters, Yves Agostini, cadreur Caméra A avec qui j’entretiens une grande complicité depuis Mafiosa, Guillaume Lips (pour l’étalonnage) et avant tout, Eric Rochant qui m’a renouvelé sa confiance.

Production : Récifilms (Mathias Rubin, Eric Juhérian), Axel Films (Christophe Cervoni), Les productions du Trésor (Alain Attal). Europacorp (Christophe Lambert) directeur de production : Eric Zaouali
Chef décorateur : Philippe Chiffre
Costume : Carine Sarfati

(Les images du portfolio sont des photogrammes extraits de Möbius)

Équipe

Caméra A : Yves Agostini
Assistants caméra : Didier Frateur, Didier Schokkaert et Laura Pieters, Aurélian Pechmeja
Chef électricien : Gilbert Degrand
Chef machiniste : Boris Bourgois

Technique

Pellicules : Kodak 5219, 5207
Matériel caméra : TSF Caméra (2 Aaton Penelope Scope 2 perfs, 1 Arri Lite 3 perfs, séries Master Prime)
Matériel électrique : TSF Lumière
Laboratoire : Digimage
Etalonneur : Guillaume Lips