Naomi Amarger sur le court métrage "Matin gris"

Entretien avec la jeune diplômée de l’ENS Louis-Lumière
Naomi Amarger, promotion 2019 de l’ENS Louis-Lumière, nous raconte son expérience sur le film de fin d’études Matin gris, qu’elle a réalisé et mis en lumière avec la série Arri/Zeiss Master Anamorphic.

Le projet : Joseph a trente-cinq ans, il vit seul, avec son chat, dans un petit appartement d’une grande ville qui sombre lentement dans un régime politique extrême, l’État Gris. Joseph détourne les yeux, il travaille et préfère continuer à boire des bières avec son ami Charlie et à regarder le foot à la télévision, plutôt que de s’attirer des ennuis en critiquant des mesures nationales qui n’impactent pas directement son quotidien. Mais sait-on assez où risquent de nous mener collectivement les petites lâchetés de chacun ?

« J’ai découvert la nouvelle de Franck Pavloff au lycée, et cette nouvelle m’avait profondément marquée. Son univers, pourtant si sobre sur le papier, m’avait semblé très riche visuellement et j’avais déjà l’envie de l’adapter en film. Surtout, j’avais envie de partager cette histoire. J’ai donc décidé de faire de ce projet le film accompagnant mon mémoire intitulé : La caméra épaule et l’expression sensible par le cadre.
J’ai très tôt fait le choix de filmer avec l’Alexa de mon école car j’apprécie son rendu très doux des couleurs, en particulier des peaux. Et je souhaitais tourner en anamorphique. Déjà, parce que j’apprécie le format large qui permet d’établir une relation particulière entre le personnage et son environnement. Je souhaitais filmer avec des focales assez courtes, pour ne pas embellir les comédiens et être physiquement proche d’eux en cadrant.
Je comptais tourner de nombreux plans du film à l’épaule, avec l’Alexa Studio qui est particulièrement lourde, je me suis donc mise à la recherche d’optiques plus légères, c’est ainsi que j’ai découvert les Master Anamorphic. J’ai eu la chance de me faire prêter par Arri France cinq focales de la série : le 28 mm, le 40 mm, le 50 mm, le 75 mm et le 100 mm. Le 50 mm et le 75 mm avaient été modifiés pour favoriser le flare, ces deux optiques sont donc celles que j’ai le plus utilisées pour la fin du film. J’ai beaucoup apprécié la douceur de ces optiques, le rendu des couleurs et des peaux.
J’ai également adoré le travail à l’épaule. La caméra était lourde (poids de l’Alexa Studio avec obturateur mécanique, l’optique anamorphique, les tiges de 19 mm, les moteurs du follow-focus HF, la batterie, le matte-box et les filtres) mais elle était parfaitement équilibrée. Quand je cadre à l’épaule, j’aime sentir le poids de caméra : j’ai l’impression que mon corps tout entier est sollicité pour donner l’impulsion d’un mouvement et qu’ainsi ma sensibilité s’exprime davantage. »