Où Frank Dewaele parle de "Drift", film court tourné sur drone en anamorphique

par Angénieux La Lettre AFC n°273

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Frank Dewaele, directeur de la photographie de Drift, court métrage tourné sur drone en anamorphique, revient sur les spécificités de ce tournage qu’il a présenté en avant-première au Micro Salon de l’AFC.

Frank Dewaele : Drift est un court métrage de démonstration du collectif belge de cadreurs Kelly’s Heroes (www.kellysheroes.be) pour lequel nous avons souhaité expérimenter les nouvelles possibilités d’images aériennes. Les prises de vues par drone existent depuis un moment maintenant, mais la technologie évolue, celles des drones également.
Les drones acceptent aujourd’hui des charges utiles plus importantes qui permettent plus de configurations. Nous avons souhaité faire voler un système qui nous permettait de faire quelque chose de nouveau, quelque chose de différent.
Il nous est venu l’idée de faire voler des zooms anamorphiques. Et d’essayer quelques "retro zooms" aériens (traveling optiquement compensé). Drift est le fruit d’une collaboration entre Angénieux et Kelly’s Heroes.

Pourquoi des retro zooms ?
Avec des retro zooms, vous avez la possibilité d’ajouter de l’intensité à une séquence. Le spectateur ne voit pas forcément l’effet mais il ressent une sensation qui crée une ambiance particulière.Vous ressentez que quelque chose va arriver.
Dans notre court, il y a deux scènes tournées sur une petite île sur un lac où les deux enfants sont ensemble. Dans la première scène, nous volons autour de l’île dans un travelling doux avec de belles couleurs d’automne en arrière-plan. Dans l’autre scène, nous avons exactement la même situation mais cette fois nous faisons un retro zoom en direction de l’île en contre-jour. Dans le synopsis, je parlais d’Oscar qui doit faire un choix, un choix qui va transformer le monde qui l’entoure. Le retro zoom annonce ce point de non-retour.

Quel équipement aviez-vous sur Drift  ?
Nous avions un drone Aerigon d’Intuitive Aerial qui peut porter 9 kg. A partir de là, nous avons commencé à assembler les pièces du puzzle pour trouver la bonne configuration dans cette contrainte de poids. Nous avons opté pour une caméra Arri Alexa Mini avec les zooms Angénieux Optimo 56-152 et 30-72 A2S ( respectivement 2,2 et 2,4 kg), une motorisation RT-motion et un transmetteur Paralinx Tomahawk.

Quel est le risqué à utiliser un tel équipement sur drone ?
Il y a un gros écart entre l’utilisation d’un drone haut de gamme et d’un drone grand public ou semi-professionnel. La plupart des drones grand public ou semi-professionnels ont différentes options de “sécurité” programmées lorsque les choses tournent mal (comme le retour au point de départ par exemple). Les pilotes de ces drones se reposent souvent sur ces options. La plupart des accidents arrive quand un pilote laisse le drone décider.
C’est pourquoi la plupart des drones professionnels ne dispose pas de ces options. La responsabilité du drone est aux mains du pilote. Il a la charge des décisions : savoir quand rentrer quand les batteries sont au bout, ne pas perdre de vue le drone, s’assurer que les conditions météo sont sûres etc … Les pilotes de ces drones sont formés et doivent réussir des examens pratiques et théoriques avant d’être certifiés. Sur Drift, notre pilote était Luk Malu. Le matériel n’est assuré que s’il est entre les mains d’un pilote certifié.

Quelles sont les différentes marques de drones professionnels ?
Il y a beaucoup de marques et de modèles sur le marché mais pour des charges utiles importantes, l’offre est limitée : la marque américaine Freefly est sans doute la plus connue avec son Alta8. Il y a aussi l’Aerigon de la marque suédoise Intuitive Aerial, le Shotover U1 au Royaume-Uni et aux Pays-Bas l’Acecore de NEO.

Comment choisissez-vous votre matériel sur drones ?
La configuration dépend du travail à faire. Avec ces nouvelles charges utiles, pour le tournage de films, nous pouvons maintenant rester proches de la configuration utilisée par le chef opérateur. Avec des caméras comme l’Alexa mini, la Sony F55 ou la Red, nous pouvons travailler avec des optiques autour de 2 kg. Pour filmer du sport, nous préférons une configuration petite et compacte avec de petits primes pour plus de dynamique et de mouvement dans les prises. Il y a aussi la configuration multicam LDX de Grass Valley et optique broadcast standard ou grand angle.

Comment se sont comportés les deux zooms anamorphiques Optimo 56-152 et 30-72 A2S d’Angénieux ?
Je pense que ces deux zooms ainsi que leur équivalent en sphérique matchent parfaitement avec l’Alexa mini et l’Aerigon. Avec un ou deux moteurs, ils sont juste en dessous de la charge utile maximum et parfaitement équilibrés.
Monter des zooms anamorphiques sur un drone, faire des retro zooms anamorphiques, nous a permis de porter la prise de vue aérienne à un autre niveau. Etre capable d’ajouter cette astuce visuelle donne à ces tellement plus de valeur et de sens aux prises. Nous avons été bluffés par le résultat.
Le 30-72 nous a aussi permis de très jolis plans larges avec très peu de distorsion et belle image propre et piquée. Je pense surtout aux scènes dans le parc avec les couleurs chaudes de l’automne.

Avec le 56-152, nous avons été surpris par la stabilité du zoom sur les longues focales. Nous avons pu conserver jusqu’au 100 mm une prise stable et propre et je pense qu’avec une stabilisation plus précise, il est possible d’utiliser toute la plage de longueurs de focales de l’optique.
Et enfin, la chose vraiment confortable avec un zoom (qu’il soit anamorphique ou sphérique) est la possibilité de changer la focale en vol. Trouver la bonne position et être ensuite capable d’ajuster le cadre comme on le souhaite. Ou alors encore, faire votre prise et ensuite faire une seconde prise avec une focale plus large ou plus serrée pendant le même vol sans avoir besoin d’atterrir, de changer d’optiques et de perdre de l’autonomie de batterie.

A quelle ouverture vous avez travaillé ?
La plupart des prises sur drones ont été faites autour de 8 ou plus pour garder de la profondeur de champ dans les plans larges quand les sujets sont à une certaine distance. Comme nous avions un planning très serré et tenions absolument à réussir nos retro zooms, nous n’avons très peu ou pas de temps pour tester les longues focales avec peu de profondeur de champ mais c’est quelque chose nous voulons essayer.
En travaillant à l’épaule, je suis allé chercher cette faible de profondeur de champ avec mise au point rapproché, à pleine ouverture au 152 mm... j’ai adoré !

Est-ce que vous pensez utiliser à nouveau les zooms Angénieux ?
Nous sommes très satisfaits du rendu de Drift. Nous n’aurions pu le faire sans les zooms Angénieux. Je suis convaincu que ces petits zooms (anamorphiques ou sphériques) sont parfaits pour l’Alexa Mini pour le tournage aérien de films ou de pubs.


https://youtu.be/1_T6ZZcb9bM