Où Laurent Mannoni parle des collections de la Cinémathèque française et annonce une exposition à venir
Nathalie Durand : La Cinémathèque conservait 4 000 pièces en 2009. Et maintenant plus de 6 000 pièces. A quoi cela est-il dû ?
Laurent Mannoni : Depuis l’avènement du numérique, le nombre et le volume des dons d’appareils "argentiques" est devenu très important. Par ailleurs, grâce au CNC, il a été possible d’acquérir en 2013 une collection magnifique, celle du spécialiste Jean-Pierre Verscheure, ancien professeur à l’INSAS, qui contient des centaines de pièces importantes, essentiellement consacrées à la projection et au son.
Jean-Pierre Verscheure est un grand expert de l’histoire du son, il a notamment collecté les projecteurs 35 mm, les premiers enregistreurs et lecteurs de son et les premiers haut-parleurs. Il a d’abord été le représentant de Dolby en Belgique, nous avons donc maintenant de multiples processeurs Dolby, qui sont évidemment cruciaux pour le cinéma. Cette collection a été pour nous un apport fabuleux, car notre section consacrée à l’histoire du cinéma sonore était faible auparavant.
Nous avons eu d’autre part, en 2015, un don énorme et en très bel état de caméras de télévision datant des années 1950 aux années 1990, provenant du spécialiste Bernard Tichit, un ancien de Thomson, bien connu de tous les historiens de la télévision. Ce sont plus de mille pièces qui sont venues combler des lacunes de nos fonds : un apport essentiel à nos yeux. Puis, bien entendu, nous avons eu des dons tout à fait intéressants de particuliers, de techniciens, de réalisateurs, de producteurs, de directeurs de la photographie.
J’avais plusieurs obsessions en arrivant à la Cinémathèque en 1994 (les collections ne comprenaient alors que 1 470 pièces, comme en témoigne notre catalogue publié à l’époque, "Le Mouvement continué") : trouver un haut-parleur Vitaphone (1927), car il n’en existe aucun dans les collections publiques européennes, voire mondiales, dans les musées du cinéma. Ils ont été détruits de manière systématique car l’objet, de grande dimension, est très encombrant. Il n’en existe aucun dans les musées américains !
Nous l’avons donc désormais dans nos fonds, grâce à Jean-Pierre Verscheure, et en outre il fonctionne encore admirablement, on l’entendra dans notre exposition sur l’histoire des techniques à la Cinémathèque à partir d’octobre. Ma deuxième grande obsession était de trouver la caméra Technicolor trichrome (1932) qui a été fabriquée à très peu d’exemplaires, seulement 27. Fantasme assouvi : en 2015, nous avons reçu un magnifique exemplaire provenant de Los Angeles.
En effet, comment illustrer l’histoire technique et artistique du cinéma sans montrer la caméra Technicolor ? Cet appareil, une merveille technologique, constitue un jalon majeur de la technique du cinéma pendant une longue période, de 1932 à 1951, avec des résultats esthétiques fabuleux qui ont produit des films mythiques comme Le Magicien d’Oz, Autant en emporte le vent, Becky Sharp, Une étoile est née. C’est la première fois qu’on arrive à résoudre d’une façon aussi belle et aussi parfaite le problème de la cinématographie en couleur, grâce aussi à un processus très complexe, proche de l’imprimerie, de développement et tirage de la pellicule par "imbibition". C’est une caméra très recherchée, qui a peu transité par la France, difficile de la trouver en dehors de l’axe Los Angeles - Londres.
Jean-Noël Ferragut : Quand on a une obsession comme celle-ci, quel est le chemin pour atteindre son objectif ?
LM : On actionne, avec Laure Parchomenko qui travaille avec moi, tous nos réseaux ! Depuis la création du Conservatoire des techniques de la Cinémathèque en 2007, nous avons développé des relations partout à travers le monde entre conservateurs, techniciens, collectionneurs, historiens, réalisateurs, universitaires, de façon à pouvoir, tous ensemble, sauver le matériel, augmenter la collection historique de la Cinémathèque et sauver des pièces en péril, comme le matériel de laboratoire par exemple, qui finit souvent à la benne… C’est à travers ce réseau international que nous arrivons à avoir des choses exceptionnelles.
Pour la caméra Technicolor, beaucoup d’amis nous ont aidés. Willy Kurant, en premier lieu ; du côté américain, Lenny Lipton, grand spécialiste de la 3D, Howard Preston, Jon Fauer, et plusieurs membres de l’ASC, dont Bob Edlund, Fred Goodich, Richard Crudo, Steve Gainer. Bob Hoffman, de Technicolor Los Angeles, a été le levier décisif, c’est grâce à lui que la caméra est arrivée à la Cinémathèque dans une énorme caisse, ce fut un moment émouvant et historique de l’ouvrir et de remonter ce splendide appareil tout bleu, en parfait état, avec son large magasin pour trois films 35 mm et son prisme intérieur.
JNF : Il y a 6 000 pièces maintenant mais aussi des documents ?
LM : Oui, notre documentation a augmenté d’une manière exceptionnelle. On nous donne des modes d’emploi, des photographies anciennes, des publicités, de la correspondance et tout cela vient alimenter ces dossiers – nous en avons plus de 15 000. Ils sont classés par nom d’inventeurs, nom de fabricants, de distributeurs, d’ingénieurs, nom de procédés aussi. Pour nous, c’est très important, car ce sont des documents qui ont le plus souvent échappé au dépôt légal de la Bibliothèque nationale. Un mode d’emploi d’une caméra est très précieux, ou une publicité avec son prix, qui nous renseigne sur ses usages, son public, avec quelles optiques elle est équipée… On essaie aussi de faire une sorte de veille technologique, par exemple on va dans des salons pour prendre le maximum de documentation, afin de nourrir la documentation d’aujourd’hui. Par ailleurs, nous conservons également une collection de quelque 5 000 brevets d’invention originaux.
JNF : Cette documentation est consultable pour les chercheurs ?
LM : Oui, sur rendez-vous. Il y a d’ailleurs de plus en plus de recherches autour de l’histoire des techniques cinématographiques, les universités se réveillent enfin sur ce sujet.
ND : Vous avez commencé à numériser cette documentation ?
LM : Pas encore, c’est un travail titanesque et c’est une archive vivante qui s’augmente en permanence. Il faut établir des priorités, selon les budgets et le personnel. Le plus urgent à numériser serait notre collection des plans techniques de la société Eclair, de 1930 à 1960 : on y trouve les plans du Caméflex, de l’Eclair 16, etc., parfois signés par Coutant. Nous avons aussi, grâce à Jean-Pierre Beauviala, presque tous les plans Aaton, de 1972 jusqu’au moment où ils sont passés sur ordinateur, vers les années 2000.
JNF : Et les plans des caméras Debrie ?
LM : Tout a disparu, hélas, à ma connaissance, et c’est bien dommage, car cette maison a commencé à fabriquer des caméras en 1908 ! L’une de nos ambitions au Conservatoire est de reconstituer les grands corpus de fabricants : la gamme complète des appareils Debrie, Eclair, Aaton, Arri, Mitchell, Bell & Howell… Mais aussi tous les objectifs Angénieux, par exemple, dont nous avons une collection formidable, certainement la plus riche actuellement.
ND : Quand cette collection a-t-elle commencé ?
LM : Henri Langlois, fondateur de la Cinémathèque, ne pensait pas commencer une telle collection car au début ses moyens étaient très limités. Le musée des Arts et métiers avait un petit secteur consacré au cinéma depuis 1927, mais peu actif durant les années trente. En 1939, la veuve de Georges Méliès a donné à la Cinémathèque deux pièces uniques et fabuleuses, la caméra et le projecteur de Georges Méliès (1896). Ce sont les deux premières pièces qui sont rentrées dans la collection, pas mal ! Ça a été le déclic pour Langlois et Lotte Eisner, sa principale collaboratrice dans la chasse aux trésors.
Petit à petit, ils ont créé une collection très intéressante qui a brusquement monté en puissance en 1959 lorsque, grâce à André Malraux, la première collection historique d’appareils, archives et films, celle du technicien anglais Will Day, a été acquise par la Cinémathèque. Elle contient des pièces uniques impossibles à trouver aujourd’hui : le kinétoscope Edison équipé d’un phonographe, le premier projecteur anglais de Robert-William Paul, des milliers de plaques de lanterne magique, des films d’Edison, de Méliès, beaucoup de merveilles du pré-cinéma, etc. Pour le coup, la Cinémathèque s’est clairement positionnée sur ce secteur, plus que les autres archives à l’époque.
JNF : Cette collection était en Angleterre ?
LM : Oui, elle était chez les deux fils de Will Day (qui était mort à Londres en 1936, l’année même de la création de la Cinémathèque). Ils essayaient de la vendre mais cela n’intéressait personne à l’époque. Un conservateur anglais a même été jusqu’à dire : « Nous n’achetons pas les détritus de l’histoire du cinéma ! ». Et maintenant, les Anglais sont obligés de venir ici pour voir cette collection…
ND : Quels sont vos moyens ?
LM : La Cinémathèque possède un budget d’acquisition dérisoire qui ne nous permet pas d’acheter des pièces importantes, malheureusement. Par bonheur, grâce au CNC, il nous arrive de pouvoir acquérir des objets vraiment indispensables. Nous avons aussi un budget de restauration et la possibilité de faire une conférence sur l’histoire des techniques à la Cinémathèque, une fois par mois. Nous invitons un spécialiste, technicien, historien ou praticien pour parler de son sujet. Nous lui demandons d’illustrer sa conférence à l’aide de films, d’images, et de pouvoir expérimenter un appareil car c’est ce qu’il y a de plus passionnant. On m’avait alerté au début sur la difficulté probable de trouver des sujets. En fait, notre programme est quasiment bouclé pour plusieurs années…
ND : Concernant les laboratoires qui disparaissent, comment allez-vous faire pour garder une tireuse en état de marche, par exemple ?
LM : Nous sommes là dans les limites de l’exercice. C’est vrai que nous ne pouvons pas collecter les immenses développeuses par exemple, car nos espaces de stockage sont limités. Heureusement, grâce à Jean-Pierre Neyrac, quelques-unes ont été sauvées, et grâce à lui encore, nous avons pu récupérer des tireuses remarquables, parfois très anciennes (celles du laboratoire Meuter-Titra à Bruxelles, notamment). Clairement, nous sommes encore à présent dans une période d’accumulation, dans une démarche de collecte intensive et de conservation, nous voulons absolument sauver le maximum de matériel argentique, à une époque où celui-ci est menacé. Mais nous commençons déjà à recevoir du matériel numérique, dont l’obsolescence est d’une rapidité effrayante ! C’est d’ailleurs un sujet d’étude passionnant.
Pour en revenir aux laboratoires, l’exercice peut s’avérer frustrant. Par exemple, on a récupéré une truca Oxberry. Elle est démontée en plusieurs morceaux, on ne peut pas la remonter car elle occupe trop d’espace et son poids est très important. Mais on ne peut pas faire autrement.
JNF : Ed Lachmann, directeur de la photo américain, a récupéré dans un labo qui fermait tout son matériel et l’a entreposé dans un hangar.
LM : Excellent ! Quelqu’un a-t-il sauvé le fabuleux matériel de développement et tirage de Technicolor ? Que reste-t-il des immenses laboratoires Pathé de Vincennes ? J’ai le sentiment que, malgré les efforts de la Cinémathèque et de quelques passionnés, énormément a été perdu. Il faudrait se montrer encore plus volontaire dans la collecte et la conservation, par exemple classer le site de Joinville, un musée vivant du cinéma de la pellicule.
ND : Vous avez un Steadicam ?
LM : Oui, Noël Véry nous en a fait don de deux exemplaires : bel exemple de la générosité des techniciens et directeurs de la photographie envers la Cinémathèque française et son Conservatoire.
ND : Avec les changements apportés par le numérique, avez-vous une politique de conservation, de collection ?
LM : Le numérique a fait l’effet d’un tsunami dans les techniques et l’industrie. Nous essayons désormais de garder tout ce qui concerne cette nouvelle technologie : caméras, projecteurs, capteurs… Ce qui nous intéresse pour le coup désormais, c’est aussi de répertorier tout ce qui existe au niveau de la pellicule depuis la fin du XIXe siècle. Il n’existe en effet aucun répertoire listant tout ce qui a été fait sur pellicule en terme de formats, ratios, supports, procédés couleurs, son, relief...
Nous conservons donc des collections de fragments de pellicule de toute époque, 1889 à nos jours, de manière à pouvoir un jour établir une sorte d’encyclopédie de la pellicule. C’est notre façon de marquer le pas sur l’arrivée du numérique, qui représente une révolution à mon sens aussi forte que l’apparition du film sonore. Car lorsque le film sonore est arrivé en 1927, on a aussi détruit énormément de matériels exceptionnels.
Le numérique a apporté beaucoup au cinéma, mais il a aussi détruit des métiers, des appareils, des films, et d’ailleurs il se dévore lui-même car il est incapable de se conserver d’une façon correcte sur la durée, autrement que sur pellicule, incroyable paradoxe... C’est donc un géant aux pieds d’argile. Nous sommes très intéressés par les premiers pas du numérique, les caméras, les projecteurs, puis ceux qui suivent aussi, nous sommes attentifs à essayer de les collecter. Arri nous a promis l’une des premières Alexa, on l’attend avec impatience !
ND : Le problème, c’est que ce n’est pas une caméra tous les dix ans mais tous les six !
LM : Oui ! Ici, la documentation nous aide beaucoup, à défaut d’avoir les appareils. On sollicite beaucoup les fabricants pour avoir les premières caméras numériques. De toute façon elles viendront un jour ou l’autre à la Cinémathèque sous forme de dons. On commence déjà à recevoir les premiers projecteurs Christie ou Barco, les premières caméras Sony CCD…
Mais je pense à mes successeurs et je me demande comment ils vont réussir à remettre en route les premières caméras numériques. Cela risque d’être un exercice très frustrant, voire impossible. On a essayé récemment de remettre en route une caméra de télévision de la fin des années 1970 et il n’y a pas trop de problème, c’est plutôt les moniteurs qui tombent en panne. Tout ce qui est mécanique fonctionne, mais les composants électroniques vieillissent assez mal. Mais pour les premiers appareils numériques, c’est encore plus complexe, les logiciels notamment se sont parfois perdus dans la nature.
Rien ne nous empêche, en revanche, de remettre en route un projecteur mécanique. En 1998, nous avons récupéré à Rochefort un projecteur Ernemann qui datait de 1930, et qui fonctionnait encore dans sa cabine, avec juste quelques modifications, notamment pour le Scope. Tout récemment, on a recâblé un projecteur 70 mm Cinemecannica de 1963, et il s’est remis en route instantanément. C’est incroyable de fonctionner sur une durée aussi longue… Il va y avoir une période archéologique du cinéma numérique difficile à étudier et à montrer.
ND : Nous sommes très heureux que tu sois membre consultant de l’AFC, cela va permettre au musée d’avoir encore plus de liens avec les opérateurs.
LM : C’est un grand honneur et plaisir. Les relations avec les directeurs de la photographie sont pour nous essentielles. Nous avons déjà établi des contacts et des échanges fructueux avec l’ASC à Hollywood, qui possède d’ailleurs une belle collection de caméras – rappelons d’ailleurs que la collection de caméras de la Cinémathèque – plus de 700 pièces – est l’une des premières au monde. La Cinémathèque rend chaque année un hommage à un directeur de la photographie, mais on peut sans doute faire encore plus. Nous sommes très heureux de recevoir des directeurs de la photo, de les inviter à des conférences, car ce sont eux qui connaissent les appareils mieux que nous, c’est essentiel d’avoir un dialogue avec vous.
La connaissance livresque ne suffit pas. Les cinéastes sont heureux de venir ici et transmettre leur savoir à l’aide des objets, des documentations que nous avons. J’aimerais par exemple que Pierre-William Glenn fasse une conférence sur les appareils qu’il a utilisés, car il a expérimenté avec audace une gamme incroyable d’appareils, de pellicules et d’objectifs. Willy Kurant a déjà donné plusieurs conférences magistrales, devant une salle Henri Langlois (420 places) pleine d’étudiants, de techniciens, de simples amateurs…
JNF : Ce serait relativement simple d’organiser des visites, je pense que les directeurs de la photo seraient heureux de découvrir le patrimoine du musée. Mais comment faire découvrir tout ce beau matériel à un plus grand nombre ?
LM : Nous préparons à la Cinémathèque une grande exposition, "La Machine cinéma", qui débutera le 5 octobre 2016 et qui durera jusqu’au 29 janvier 2017 : 15 tonnes de matériels exposés ! Certains appareils vont fonctionner, le haut-parleur Vitaphone par exemple. Un projecteur 35 mm fonctionnera en permanence. Il y aura un mur lumineux avec des fragments de pellicule des débuts jusqu’à nos jours, et il y aura une projection numérique de films emblématiques.
On y verra aussi une cabine de projection des années 1950 qui sera intégralement reconstituée et un plateau de tournage des années 1930. On va pouvoir bien entendu montrer la caméra Technicolor. Jacques Delacoux va nous prêter des moniteurs Transvidéo d’excellente qualité qu’on installera un peu partout pour pouvoir expliquer le fonctionnement des machines et leurs mécanismes.
L’idée est de donner une vision chronologique des techniques du cinéma des tous premiers temps jusqu’au numérique, en expliquant les relations entre l’esthétique et la technologie. Ce n’est pas une exposition sur la technique pure et dure, il s’agit de rappeler que le cinéma est un art hautement technique et industriel, plus que les autres arts, on ne peut plus l’ignorer. Il n’y aura pas beaucoup de documents, nous préférons insister sur le rapport machine/image, avec notamment beaucoup d’extraits de films.
Retracer l’histoire technique du cinéma, c’est raconter l’évolution esthétique, économique, industrielle, culturelle du septième art. Les grandes étapes du cinéma sont à la fois techniques et artistiques : les Talkies (1927-1929), le Technicolor trichrome (1932), le CinémaScope (1953), le format 70 mm (1955), la caméra légère et la Nouvelle Vague, l’ère du numérique, etc., ont engendré à chaque fois des formes nouvelles. L’affinement progressif des caméras, des projecteurs, des micros, des magnétophones, des tireuses, des systèmes d’éclairages, etc., va de pair avec l’évolution esthétique des images produites par toutes ces machines. « J’aime la technique que je ne différencie pas beaucoup de l’esthétique », a dit Godard.
Ce n’est pas en effet la technique elle-même qui intéresse aujourd’hui : il s’agit plutôt d’étudier et de comprendre la façon dont la technique engendre des formes nouvelles, et réciproquement, comment la recherche esthétique donne naissance à de nouveaux appareils, systèmes ou procédés. D’où l’importance de conserver certains prototypes : les appareils des premiers temps, la 8/35 de Godard et Beauviala, la première caméra Aaton, la torpille Jonas de Jacques Perrin...
Il y aura aussi un film de Stan Neumann produit par Arte sur le sujet, et un colloque international de trois jours à la Cinémathèque, organisé avec les universitaires du groupe de recherche international Technès. Enfin, un catalogue sera publié ; il montrera, pour la première fois en France, les principales étapes du cinéma, en 120 dates clé de l’histoire technique du cinéma à travers le monde, des années 1890 à nos jours : Marey, Lumière, le Vitaphone, le Technicolor, la Mitchell de Gregg Toland, l’Eclair de la Nouvelle vague, l’Aaton, l’Alexa…
Le fil conducteur de l’exposition, c’est la pellicule. La jeune génération ne sait déjà plus ce qu’est un film 35 mm, et encore moins comment fonctionnait une caméra ou un projecteur… Peut-être qu’à l’avenir, le seul lieu où l’on pourra continuer à voir les films dans leur support originel, sera la Cinémathèque française… A nous donc de rester à l’avant-garde de cette collecte archéologique.
(Propos recueillis en novembre 2015 par Nathalie Durand et Jean-Noël Ferragut, actualisés en avril 2016)