Où le directeur de la photographie Alexis Kavyrchine parle de son travail sur "La Montagne", de Thomas Salvador

Contre-Champ AFC n°340

Sur son site Internet, le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée) propose un article dans lequel Alexis Kavyrchine, le chef opérateur de La Montagne, de Thomas Salvador, explique son travail sur la lumière et la façon dont il a abordé la haute altitude.

Vous aviez déjà signé la lumière du précédent long métrage de Thomas Salvador, Vincent n’a pas d’écailles. En quoi votre travail sur La Montagne s’inscrit-il dans une continuité ?

La préoccupation principale de Thomas [Salvador] réside dans le rapport du corps à la nature, notamment la manière dont celui-ci se situe dans un environnement précis. À chaque fois, il y a un jeu avec l’eau, la forêt... Dans La Montagne, le ciel, les nuages, la terre, la roche obligent le protagoniste à faire corps avec eux. Il se met dans une situation particulière avec cette nature, il peut ainsi éprouver chaque situation qui s’offre à lui.

Le ton du film est très particulier, le fantastique vient se fondre dans le quotidien...
Quel type d’image cet aspect presque contradictoire doit-il produire ? C’est une question qui se pose d’emblée. Nous sommes dans un film de fiction qui s’inscrit dans un territoire souverain. La montagne est plus forte que tout, elle s’impose à vous de manière très forte. En tant que chef opérateur – et sur ce point Thomas était très clair –, il ne fallait pas que l’image brouille les choses, mais qu’elle puisse restituer le plus simplement possible ce qui s’offrait à elle. Il était donc nécessaire de trouver un style qui ne déforme pas notre perception.

Photos Le Pacte

C’est-à-dire ?
Être à l’écoute de ce que nous avions devant nous, accepter tous les bouleversements possibles. En montagne, la météo est très changeante. Tout va très vite. Une lumière extrêmement forte peut laisser place à une atmosphère plus sombre, voire étrange. Il faut pouvoir accueillir tout ça. Ce merveilleux offert par la nature s’ancre dans quelque chose de très physique. Mais le protagoniste reste le catalyseur de l’action.

Quelles indications vous avait données Thomas Salvador avant le tournage ?
Thomas n’est pas du genre à trop intellectualiser les choses. Il est davantage dans le ressenti, c’est un intuitif... Il préférera toujours que nous nous adaptions aux situations – fussent-elles imprévisibles – que d’essayer de les transformer par souci d’efficacité. Prenez la séquence où des nuages passent devant le héros assis... Il fallait pouvoir réagir très vite pour capter ce moment. Le tournage était un jeu permanent avec la nature. Nous avons donc travaillé principalement en lumière naturelle, caméra à l’épaule. Mais cela ne veut pas dire que nous improvisions. Nous avons réalisé plusieurs essais avant le tournage afin de déterminer la texture de l’image que nous cherchions. [...]


https://youtu.be/WMw9vh49Xcs