Petra

Film de Jaime Rosales que nous avons tourné en Espagne au printemps 2017. Le choix de tourner en 35 mm a été préalablement décidé par Jaime avant notre rencontre. En Scope, avec une seule optique, le 50 mm.
Et avec un Steadicam, en plan-séquence, pour chaque plan. C’est-à-dire pas d’utilisation de pied, pas de dolly, pas d’épaule.

Jaime souhaitait trouver un regard "inquisiteur" vis-à-vis des scènes, vis-à-vis des personnages et de l’histoire racontée (en six chapitres) et pour cela, la présence du Steadicam et l’utilisation d’une seule focale nous permettaient de "roder" autour des personnages, de venir "les sentir", de venir "écouter" ce qu’ils disaient et de s’éloigner ou de se rapprocher en fonction du degré "d’intimité" des scènes. Donc, pour cela, une caméra toujours en mouvement mais un mouvement lent, qui peut aussi se détacher de la narration en allant filmer autre chose, pour mieux écouter les personnages, ou comme un regard qui se détourne pour les laisser vivre… La présence du point de vue pouvait être transparente, ou bien pas du tout, au contraire, les personnages pouvant ressentir la présence de ce "point de vue" inquisiteur à un certain moment donné… afin de donner une sensation d’être perçus par une "entité inquisitrice".
Et toujours, en gardant le principe du plan-séquence, pour chaque scène.
Et surtout, "essayer" de ne jamais tomber dans un systèmatisme de prise de vues.

Pour cela, chaque scène a été "prédécoupée" en amont du tournage, surtout pour avoir le "feeling" du rythme global pour chacun des chapitres.
D’abord, des répétitions précises de Jaime, seul avec les acteurs, puis, mon intervention pour chercher et confirmer le point de vue avec Jaime.
Ensuite, des répétitions avec le Steadicam et le reste de l’équipe après que la lumière ait été rectifiée. Et assez peu de prises finalement. Notre quota de pellicule ayant été très étudié en amont (pour une raison de budget, mais aussi pour une raison de manière de travailler, une manière de savoir se concentrer tous ensemble au bon moment).

Un étalonnage "traditionnel", avec les plaisirs et les aléas des premiers essais, du tirage bobine par bobine avec vérification entre chaque essai du tirage afin d’atteindre une copie brouillon présentable, puis une copie 0 acceptable et une copie #1 impeccable. Ce qui l’a été totalement.
Et ensuite, nous avons conformé avec Jérôme Bigueur chez Hiventy, d’une manière strictement identique, l ‘étalonnage en numérique par rapport à la copie #0. Aucune différence, vraiment aucune différence. Et pour se faire, nous avons partagé l’écran en deux, à gauche l’image projetée en 35, à droite le rendu en numérique.
Nous avons utilisé les outils numériques seulement pour redonner quelquefois une sensation de point lors d’images un peu trop "molles" en 35 mm.

  • Lire ou relire l’article d’Hélène Louvart à Cannes en mai 2018, dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs

Bande-annonce officielle


https://vimeo.com/327774242

Équipe

Opérateur Steadicam : Peke Griffin
Premiers assistants caméra : Eva Eycart, Alvaro Fernandez, Cesc Carreras
Deuxièmes assistants caméra : Beatriz Delgado, Peke Griffin
Chefs électriciens : Rodrigo Casullas, Peke Griffin

Technique

Matériel caméra : Camera Service, Madrid (Arricam LT et objectif Cooke Annamorphic/i 50 mm)
Matériel lumière : Aluzine Rentals (Madrid)
Pellicules : Kodak Vision3 250D 5207, Vision3 500T 5219
Laboratoire : Hiventy, Peke Griffin
Etalonneur : Jérôme Bigueur

synopsis

Petra, jeune artiste peintre, n’a jamais connu son père.
Obstinée, la quête de ses origines la mène jusqu’à Jaume Navarro, un plasticien de renommée internationale. Ce dernier accepte de l’accueillir en résidence dans son atelier, perdu dans les environs de Gérone. Petra découvre alors un homme cruel et égocentrique, qui fait régner parmi les siens rancœur et manipulation. Espérant des réponses, la jeune femme consent à se rapprocher de cette famille où dominent les non-dits et la violence. Petra trouvera-t-elle vraiment ce qu’elle est venue chercher ?