Peur de rien

Une sorte de continuité dans le travail avec Danielle. Malgré le fait que nous n’avions pu travailler ensemble lors de ses deux précédents films, nous n’en avions nullement perdu le plaisir, ni celui de chercher un concept, des idées qui pouvaient correspondre à Peur de rien.

D’autant que le film peut se voir comme une sorte de continuité de Dans les champs de bataille (que nous avions tourné en 2003, en Super 16 mm, à Beyrouth)… une jeune fille de 11 ans, vivant au Liban, et maintenant Lina, 18 ans, libanaise qui vient d’arriver en France. Pour Danielle et moi, impossible de courir derrière le concept du Super 16 mm et de nos partis-pris de Dans les champs de bataille. Il fallait tourner la page, et la tourner sans regret, bien au contraire.
Danielle aime les images "qui accrochent" et elle a un sens très précis visuellement, elle m’a toujours accompagnée dans les choix de cadre bien évidemment mais aussi dans les choix de lumière. En tant que cinéaste, la lumière l’intéresse beaucoup, tout comme un costume, une coiffure, un maquillage, un décor, et le tout fait le "look" de l’image. Et de cela, j’en suis totalement d’accord, l’image, c’est "un tout", une addition de tous les paramètres où la lumière donne un sens à l’histoire et ne fait en aucun cas "cavalier seul".

Nous avons fait des essais avant le tournage et nous avons créé en pré-étalonnage nos propres LUTs spécifiques pour Peur de rien. Une LUT que nous appelions "grise" – c’est-à-dire avec des images un peu surexposées et la LUT était là pour tamiser le rendu – et la LUT "blanche" qui à l’inverse "boostait" notre image par des médiums bien relevés et des hautes lumières éclatantes lorsqu’en prise de vues l’image était plus pâle. Et sur le tournage, nous appliquions tant bien que mal soit l’une ou l’autre, en fonction des scènes. Nous avons dû même faire un peu marche arrière dans notre concept car les rushes avaient un rendu trop poussé et cela pouvait gêner la compréhension des plans.
Même si les essais avaient été assez précis, sur le tournage tous les facteurs changent et le rendu des LUTs ne correspond plus tout à fait à notre réalité. Mais la période de l’étalonnage nous a permis de retrouver le concept initial. La volonté d’obtenir des zones surexposées dans l’image nous a fait opter pour le Raw, afin de garder une marge dans le rendu, au cas où notre concept venait à changer. C’est effectivement ce qui s’est passé au final, nous avons diminué l’effet "éclatant" de "surex" car cela devenait trop visible, trop comme un effet.

Nous avons tourné avec une Sony F55 en Raw et des Cooke S4, ce qui reste une très bonne combinaison.

Nous avions un budget serré et surtout un plan de travail plus que chargé. Quelques jours au Liban avec une équipe entièrement libanaise, et une équipe sur Paris avec des gens "polyvalents multi-postes". Equipe que je tiens particulièrement à remercier, car sans eux, Danielle et moi n’aurions pu faire le film que nous espérions faire à l’image…

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Portfolio

Équipe

Chef électricienne : Marianne Lamour
Chef machiniste : Benoît Bretagne
1er assistant opérateur : Laurent Coltelloni
Etalonneuses : Aurélie Laumont (pour les essais) et Alexandra Pocquet (pour l’étalonnage final)

Technique

Matériel caméra : TSF Caméra (Sony F55, optiques série Cooke S4)
Matériel électrique : TSF Lumière
Etalonnage : Cosmodigital