"Plongée" dans le travail des Archives du film au fort de Bois d’Arcy

AFC newsletter n°264

Sous le titre, destiné au grand public, "Plongée dans la caverne d’Ali Baba du cinéma", le quotidien Le Parisien consacre, dans son édition du jeudi 21 avril 2016, deux pleines pages au patrimoine cinématographique et à ceux qui le conservent et le protègent. A l’occasion de la présentation, en juin prochain, d’une version restaurée de La vie est à nous, de Jean Renoir, le journal, sous la plume d’Hervé Lizé, propose une visite des lieux et fait connaître le travail effectué par les équipes de Bois d’Arcy.

C’est dans une forteresse adossée à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines) que réside le trésor patrimonial cinématographique français. Plus de 1 million de bobines dans leur boîte en métal, sauvegardées, surveillées, soignées et restaurées dans les ateliers ultra-sophitisqués des archives du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).
Ce fort aux allures de bunker, classé Seveso, où travaillent 80 techniciens, rassemble des dizaines de milliers de longs métrages argentiques, voire nitrates pour les plus anciens, et recueille chaque année des centaines de bobines confiées par les grandes sociétés de production, les collectionneurs du monde entier, ou les réalisateurs eux-mêmes. De Méliès à Tarantino, toutes les œuvres des grands cinéastes qui ont utilisé ou utilisent encore la pellicule sont répertoriées, numérisées, restaurées et stockées ici, sous l’égide du ministère de la Culture.

Un expert au travail à Bois d'Arcy - Photo Arnaud Journois / <i>Le Parisien</i>
Un expert au travail à Bois d’Arcy
Photo Arnaud Journois / Le Parisien

Des trésors du cinéma
L’endroit a une réputation internationale. Le réalisateur américain Martin Scorsese, très impliqué dans la rénovation de films avec sa fondation, en a eu les honneurs. Des étudiants en cinéma le fréquentent aussi. Nous avons eu le privilège de visiter ce sanctuaire où des trésors perdus du cinéma ont été découverts et ont retrouvé tout leur lustre originel.
C’est le cas du film de Jean Renoir de 1936 La vie est à nous — une commande du Parti communiste français pour le Front populaire qui avait disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, emportée par l’armée allemande, avant d’être furtivement projetée en France à la fin des années 1960. Une copie, reconstituée à partir de bobines retrouvées en Russie, a pu être restaurée après des mois d’un patient travail sur ordinateurs.

C’est l’un des nombreux films (déjà 600) qui retrouvent vie au fort de Bois-d’Arcy, chaque année, entre les mains des experts du CNC. La projection de La vie est à nous, toujours propriété du PCF, constituera l’un des temps forts des célébrations de 1936 à Paris, intitulées "Le Front populaire et le cinéma français". Renoir, Duvivier, Prévert, Christian Jacq sont à l’affiche. Des vieux réalisateurs disparus dont les chefs-d’œuvre ont retrouvé une seconde jeunesse.

« Ce début de XXI e siècle, grâce aux nouvelles technologies, est une occasion unique de mettre à disposition de tous les œuvres du passé », remarque la directrice du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), Frédérique Bredin.
« Un véritable âge d’or pour le patrimoine cinématographique est en train d’advenir. C’est pourquoi le CNC s’est engagé dans un plan de numérisation et de restauration des films du patrimoine inédit en Europe, qui a permis de restaurer d’ores et déjà près de 600 films pour des ressorties en salles, des diffusions en ligne et sur les chaînes de télévision. Les équipes de Bois-d’Arcy mènent actuellement un formidable travail sur La vie est à nous, de Jean Renoir, que le public pourra redécouvrir à l’occasion d’un événement que nous organisons pour les 80 ans du Front populaire, en juin, à l’Arlequin. »

A lire également dans ces pages, sous la plume d’Hubert Lizé, trois articles intitulés "Un camp retranché dans un fort militaire", "Des Sherlock Holmes de la bobine" et "La vie est à nous retrouvé en Russie".

Source : Le Parisien, jeudi 21 avril 2016