Prix Vulcain 2014

Par Richard Andry, AFC
C’est notre coprésident Rémy Chevrin, AFC, qui avait été préalablement désigné pour faire partie du jury du Prix Vulcain 2014. Un tournage en Inde l’ayant empêché d’être présent pendant toute la durée du festival, j’ai été appelé par la CST pour le remplacer.

Le temps d’emprunter, à un ami, un smoking plus ou moins à ma taille, je rejoignais Cannes où j’étais chaleureusement accueilli par Pierre-William Glenn, AFC, président de la CST, Moira Tulloch, déléguée spéciale de la CST en charge du Prix Vulcain et toute l’équipe du stand CST.
Le soir même, j’accompagnai Marie Garric, coordinatrice de l’AFC, pour une montée incognito des marches du Palais en slalomant entre les éclairs de flashes qui de toute façon ne m’étaient pas destinés. Excepté le très beau travail de notre collègue Eric Gautier, AFC, magnifiant la beauté de Nicole Kidman, le film projeté en ouverture du festival ne me laissera pas un souvenir inoubliable.

Les choses sérieuses commençaient le lendemain quand je retrouvai, autour d’un copieux petit-déjeuner, les six autres membres du jury : Cyrille Hubert, frais diplômé de Louis-Lumière, Jean-Jacques Mary, exploitant de salles de cinéma, Yasuhito Mikami, ingénieur chez Thales Angénieux Japon, Patrick Muller de Cinemeccanica France, Dominique Schmitd de Dolby, " l’homme du son " de notre petite équipe et Jean-Louis Nieuwbourg, directeur de production que nous élisons Président. Notre mission : voir tous les films concourant pour la Palme d’or et primer le ou la technicien(ne) que nous considèrerions comme ayant apporté la meilleure collaboration technico-artistique à la réalisation d’un film. A cet énoncé, on comprend la difficulté de notre mission. Vingt films, dans lesquels s’immerger et scruter le travail de plus d’une centaine de lauréats potentiels, cela sans tenir compte du fait d’aimer le film ou non.
Au fil des jours ont émergé : Timbuktu pour la beauté de ses images du désert et un extraordinaire match de foot sans ballon, Mr. Turner pour la photographie et sa " lumière " en parfaite communion avec le sujet (peinture de la lumière) le peintre acteur principal et la réalisation... L’image de Winter Sleep, avec un plan extraordinaire de nuit d’un cheval dans une écurie (troglodyte) se découpant sur un ciel gris-noir (Sony F65)... Et tout le travail d’équipe synthétisé dans le montage de la formidable comédie argentine Relatos Salvajes. La salle était pliée en deux pendant toute la durée de ce film composé de cinq sketches... Un petit bijou.

Nous avons remarqué l’image de Saint Laurent, celle de The Homesman et de Le Meraviglie, le montage et le son du magnifique Futatsume no mado, le montage, l’image, les effets spéciaux (en temps réels) et le formidable travail de décor de The Search.
Mommy, sa maitrise, sa facture moderne, son inventivité, son rythme, son esthétique. Mais il nous a été impossible de cerner la collaboration artistique car, à la lecture du générique, cela exprime un peu trop le " one-man-show " d’un petit génie.
Les photographies de Sils Maria et de Leviathan étaient remarquables, la première par ses nuits, la seconde imposante de " minéralité " dramatique.
Nous avons mis à part, le toujours expérimental Godard, son message et son extraordinaire leçon de 3D. Adieu au langage est une belle piqure de rappel. « Godard for Ever ! », a crié quelqu’un dans la salle.
Voila nous avons vu vingt films, plutôt longs cette année, très souvent plus de deux heures et même trois.
Entre les projections, on faisait quelques " pit-stops " au stand CST. Un petit salut à Jean-Noël campé derrière son écran, à Angelo Cosimano, Myriam Guedjali ou Valérie Seine. Un en-cas chez Michel et Raphaël. Des rencontres avec nos membres associés ou collègues chefs op’ étrangers.
Formidable débat entre les membres du jury dans une ambiance passionnée mais fraternelle. Après quelques réunions intermédiaires, notre sélection s’est resserrée et au final c’est Dick Pope, directeur de la photographie de Mr. Turner, de Mike Leigh, qui a gagné le prix Vulcain, le jury tenant à donner une mention spéciale à Emile Ghigo pour son travail sur les décors de The Search, de Michel Hazavanicius.

PS : Quand j’ai déjeuné avec Vittorio Storaro, aux bons soins de Sony, il m’a dit qu’il avait toujours été très fier du prix de la Commission Supérieure Technique qu’il avait reçu en 1998 pour Tango, de Carlos Saura, et qu’il trouvait dommage que le prix Vulcain ne soit pas annoncé au palmarès officiel.