Retour sur l’atelier Dolby, le 12 novembre

Par Thierry Beaumel pour l’AFC

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Ian Lowe, Senior Sales Manager de Dolby Laboratories, présente ce qu’est le HDR, selon Dolby, comment en faire un programme diffusable en SDR et HDR, présentation suivie d’une discussion avec Alex Gascoigne, étalonneur chez Technicolor, et Tina Eckman, de Dolby.

Atelier "Préserver l’intention artistique avec le Dolby Vision HDR"
Ian Lowe rappelle que le HDR est un outil plus large capable de faire du SDR et d’y apporter une plus grande capacité à avoir des hautes luminance (spéculaires) et surtout des saturations de couleurs plus importantes et impossibles en SDR (ciel coloré et lumineux, couleurs type néon ou fluorescence). Toutes les caméras en RAW ou équivalent enregistrant un signal au minimum de 12 bits permettent une capture HDR et que la courbe utilisée par Dolby (PQ ST 2084) est un signal en Log. Le HDR n’est qu’une affaire de visualisation permise par de nouveaux écrans ou projecteurs ayant une plus grande dynamique d’affichage.

Pour le tournage en HDR, il recommande d’utiliser une cellule pour caler son exposition pour un gris neutre (au milieu de la dynamique du capteur) permettant d’avoir une latitude de + et - 6 diaphs. Il faut veiller à ne pas "cliper" les hautes et basses valeurs. Un meilleur contraste amène une perception de netteté plus grande, il faut donc faire plus attention au maquillage, aux costumes (avec les brillances et matières réfléchissantes) et aux décors (un peu comme quand on est passé de la SD à la HD). Il faut un monitoring HDR sur le plateau pour mieux juger les rapports de densité entre les acteurs et les fonds (lumières dans le champs, découvertes, effets de contre…). L’augmentation de contraste permet aussi de voir plus de détails dans les basses densités (voulues ou pas).
Le workflow en Dolby Vision est basé sur une analyse de chaque plan étalonné en luminance max, min et moyenne qui génère des métadonnées qui seront véhiculées jusqu’à la diffusion permettant, en fonction des capacités de la TV ou du projecteur, d’ajuster au mieux la dynamique du signal affiché. Des valeurs réglées en étalonnage (du HDR au SDR) permettront de préserver l’intention artistique sur tous types d’affichage. Ce réglage, que l’on nomme "trim pass", est réalisé par l’étalonneur sur différents types de sorties (Rec 709, HDR 10).
L’exposé se termine en indiquant qu’il existe aujourd’hui plus de 2 000 films et séries étalonnés en Dolby Vision et qu’il est disponible chez la majorité des diffuseurs par Internet (Netflix, Amazon, Disney +, Studio Canal, Apple TV+…).

Ian Lowe, Alex Gascoigne, and Tina Eckman during the Dolby Workshop - Photo by Thierry Beaumel
Ian Lowe, Alex Gascoigne, and Tina Eckman during the Dolby Workshop
Photo by Thierry Beaumel

Tina Eckman commence la discussion avec Alex Gascoigne, étalonneur chez Technicolor qui a entre autres supervisé les séries "Chernobyl" et "Black Mirror". Il est depuis 12 ans chez Technicolor et a commencé ses premiers essais HDR en 2016. Il rappelle que le HDR actuel en étalonnage n’a rien à voir avec la multi-exposition en photo. Nos caméras de cinéma numérique sont toutes HDR par nature (dû à leur capacité de dynamique supérieure à 12 diaphs). Il présente toujours une version HDR des essais en plus du SDR. Il préfère commencer par faire le premier étalonnage final sur la version HDR. Il faut faire attention à ne pas détourner l’attention du spectateur avec les hautes lumières présentes dans le champ. Il préfère étalonner dans le "wide color" gamut du fabricant de caméra. Pour les échanges avec les VFX, il utilise ACES et considère indispensable que les VFX soient équipés d’un moniteur HDR.
Après en moyenne trois jours d’étalonnage HDR par épisode, il conseille de laisser passer le week-end pour faire la version SDR qui dure d’une 1/2 journée à 2 jours selon les images. Plus on a profité du HDR, plus il faut de temps pour la version SDR. Il ne faut jamais comparer les deux versions sinon le SDR semblera toujours décevant.
Sa salle d’étalonnage est équipée d’un moniteur Dolby Pulsar capable de 4 000 nits plus un téléviseur "client" à 1 000 nits et avec de la lumière dans la pièce !