Retour sur une découverte lumineuse faite à Camerimage

"Sumolight – Effet feu et lumière hexagonale", par Jean-Mathieu Fresneau, étudiant à La Fémis
A l’occasion de la présence, au 30e Camerimage, d’étudiants de La Fémis, l’AFC leur a proposé de contribuer d’une manière ou d’une autre aux articles publiés sur le site. Dans la contribution suivante, Jean-Mathieu Fresneau, étudiant en 4e année au département Image de La Fémis, propose de partager sa découverte d’un projecteur qui, à ses yeux, mérite le détour.

Sumolight est une jeune société allemande fabriquant des projecteurs LED. Encore peu présents sur le marché français [Sumolight est distribué en France par Innport, membre associé de l’AFC - NDLR], leurs projecteurs ont pourtant servi sur le 4e volet de "Matrix" et sont, à mes yeux, remarquables pour plusieurs aspects.

Le fer de lance de Sumolight est le Sumomax, projecteur robuste, waterproof IP65, RVB, évoquant un Vortex mais hexagonal, de 56 cm de diamètre. La source est composée d’une myriade de LEDs, chacune nichée dans une coupole réfléchissante martelée pour maximiser la puissance des 700 W du projecteur. Vous retrouverez au dos les mêmes menus et possibilités de connexion qu’un Vortex. Ce qui fait la singularité du Sumomax, par contre, c’est que les 133 LEDs qui le composent sont indépendantes, ce qui permet non seulement de les "mapper" pour des effets de lumière mouvante ou alternante par bloc de 7 LEDs (donc 19 blocs de 7 LEDs) mais aussi et surtout, de pouvoir y afficher des images en mouvement. Via le logiciel de Sumolight (ou n’importe quel logiciel de modélisation de lumière) vous pouvez importer votre vidéo MP4 de nuages sur ciel bleu ou de phare de voitures passant dans un tunnel pour l’afficher sur le projecteur à une définition de 133 pixels. Sauf qu’un autre intérêt du Sumomax, c’est qu’il est possible de le combiner à d’autres Sumomax. Vous pouvez donc faire une ligne, un hexagone de 7 Sumomax, voire un mur complet, augmentant ainsi la résolution possible de l’image et la qualité de son effet. Un vidéo sur le stand présentait un effet feu sur fond noir dont les flammes dansaient sur 7 Sumomax en hexagone pour un rendu saisissant. Non seulement vous avez véritablement l’impression de voir des flammes danser dans le projecteur, mais pour la première fois, à ma connaissance, dans l’histoire de la LED pour avez enfin les ombres qui dansent. Sur 7 Sumomax en hexagone vous avez près de 1,50 m de surface de source, 1,50 m donc d’amplitude possible pour les flammes qui peuvent grandir, rétrécir, et varier de couleur à loisir. Enfin vous n’avez plus sur le visage cette ombre de nez statique obtenue par les effets de SkyPanel ou Astera, ici la source grandit, s’allonge, rétrécit, et ainsi dansent les ombres du visage et des objets, sans compter que la lumière Sumomax n’est pas diffuse mais directive. Le projecteur dispose d’ailleurs de deux accessoires : une plaque de diffusion qui noie ses 133 LEDs en une source plus douce, et de plaques optiques élargissant le diamètre du faisceau de 20 ° à 120 °. Le tout avec un panel de température de 1 800 K à 15 000 K pour compléter le RVB.

Sumolight propose également - et je précise que je n’ai aucun accord commercial avec eux ou qui que ce soit - un outil de mur LED baptisé le Sumosky. Ce dispositif est composé d’une toile (au hasard, du gripcloth) derrière laquelle sont disposées des barres LED d’environ 1,20 m chacune, toutes RVB. Chaque barre est espacée de ses voisines par 20 cm de distance et à 40 cm de la toile. Et tout l’intérêt bien sûr, c’est que, comme le Sumomax, vous pouvez utiliser un logiciel de pixel mapping pour afficher des images en mouvement sur la surface obtenue, qui peut aller jusqu’à 15x100 m. En gros, imaginez le studio fond LED d’Epinay avec toute la souplesse d’utilisation qu’il permet dans ses changements instantanés de fond, que ce soit vert, bleu, une forêt, une rue qui défile, etc. La nuance sera que du fait de la distance entre les LEDs et la toile, votre fond restera flou, il ne pourra se filmer qu’à distance ou en longue focale en découverte. Le grand avantage, c’est qu’ici, c’est moins cher, et ça s’installe bien plus rapidement. Vous pourrez d’ailleurs sans soucis - comme pour les fonds LED - ne passer en vert que les parties du fond qui sont dans le champ et ainsi profiter du reste de la surface pour afficher la vidéo voulue et éclairer la scène.

Enfin Sumolight propose un autre projecteur baptisé le Sumospace+, hexagonal comme le Sumomax quoique légèrement moins puissant (400 W). Cette source uniquement bicolore (de 2 800 K à 6 500 K) est à l’heure actuelle la plus modulable et la plus accessoirisée de la marque. En plus des Chimeras, louver, jupe en space light, et de la possibilité, comme pour le SumoMax, de les assemblés par 3, 7 ou plus pour élargir la source, le Sumospace dispose également de jeux d’optiques sous la forme de plaques triangulaires à venir apposer sur ses LEDs pour en moduler le champ, de 20 ° à 60 °. En gros, imaginez un SL1 bicolore hexagonal dont vous pouvez moduler l’angle de champ, et que vous pouvez utiliser par 2, 4, 5, 8, etc. Pas de Pixel Mapping ici, l’objectif du Sumospace est de proposer une lumière douce, mais concentrée en un point, typiquement une face pour un personnage éclairé par un hexagone de 7 Sumospace. Un dispositif qui n’est pas sans rappeler une lampe au rendu magnifique mais cauchemar des électros, inventé par un certain Vittorio Storaro, ici peut-être enfin, pratique à utiliser.

Bien sûr, il était impossible sur le marché de Camerimage d’apprécier la douceur ou l’élégance de la lumière produite par les Sumomax et Sumolight+. Mais une étude plus rigoureuse de leur rendus et de leur praticité me semblerait intéressante à mener aux vues de la qualité possible de ces projecteurs.