Rétrospective Renato Berta, AFC, à la Cinémathèque suisse

Contre-Champ AFC n°333

Le Tessinois Renato Berta a signé la photographie de plus de 130 films. Salué pour son sens du cadrage et sa relation fine à la lumière, il est au centre d’une vaste rétrospective que lui consacre la Cinémathèque suisse de Lausanne depuis le 1er mai 2022 et jusqu’au 1er juillet.

Renato Berta n’aime pas le titre de chef opérateur, ni celui de directeur de la photographie. On dit de lui qu’il est méconnu du grand public, mais légendaire dans le milieu du 7e art. La Cinémathèque suisse n’est pas la première à lui consacrer une rétrospective. En France, où il vit depuis les années 1980 et dont il possède la nationalité, ce chef opérateur a été honoré à plusieurs reprises, comme avec la distinction de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.
Après un premier apprentissage de mécanicien, le natif de Bellinzone a fréquenté le prestigieux Centro Sperimentale di Cinematografia (Centre expérimental du cinéma) de Rome. Dès 1969, Renato Berta rejoint la Suisse romande pour travailler avec les cinéastes de la Nouvelle Vague, comme Alain Tanner, Claude Goretta ou Daniel Schmid.
Lancé par le film Charles mort ou vif, d’Alain Tanner, Léopard d’or en 1969 au Festival de Locarno, le Tessinois poursuit son beau chemin. Dès les années 1980, il s’ancre dans le cinéma d’auteur en travaillant avec des réalisateurs comme Jean-Luc Godard ou Alain Resnais, pour ne citer qu’eux.

Le tour du monde grâce au cinéma
Grâce à son travail, il avait déjà fait le tour du monde en 1974. Il a par exemple tourné avec Amos Gitai en Israël ou Shajin N. Karun en Inde. Il a également filmé de grands acteurs comme Marcello Mastroianni ou Michel Piccoli, acteur français aux origines tessinoises comme lui. A cheval entre la technique et la créativité, Renato Berta était souvent derrière la caméra par le passé, ce qu’il fait un peu plus rarement aujourd’hui.
Quant à savoir s’il a un jour été tenté de passer à la réalisation, Renato Berta, interrogé par la RTS, répond que non : « Cela ne s’est jamais fait. Mais vous savez, le monde du cinéma, c’est un monde qui n’est pas très généreux et le gâteau qu’il y a à se partager n’est pas très grand. Si tout à coup une personne comme moi arrive dans ce milieu-là, on n’est pas toujours très agréablement accepté ».

Renato Berta ne se considère pas comme ayant une signature photographique propre, bien que les critiques puissent voir une certaine constance dans son travail. Il apprécie la spécificité de chaque film et le fait de devoir réinventer son travail à chaque fois. Ce qui est important pour Renato Berta, c’est la lumière et le cadre.
« Il y a des moment où l’on privilégie le cadre et des moments où l’on privilégie la lumière selon les problèmes que l’on doit affronter. Mais ce n’est pas tout. Il y a des gens qui définissent leur travail à peu près comme ça, mais la chose pour moi la plus intéressante, c’est d’essayer de rentrer dans un film et on ne rentre pas nécessairement par la photographie. On rentre par la connaissance du metteur en scène, par l’envie de comprendre ce dont il a besoin », explique encore Renato Berta à la RTS. [...]

(Source Radio Télévision Suisse, propos recueillis par Pierre-Philippe Cadert)

Avant-première Renato Berta, face caméra, de Paul Lacoste, à la Cinémathèque suisse (disponible sur Canal+ jusqu’au 1er juillet, le film sera projeté au 50e Fema La Rochelle Cinéma).


https://youtu.be/01JaV_H080w