Rétrospective Vittorio Storaro, AIC, ASC, à la Cinémathèque française

AFC newsletter n°283

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La Cinémathèque française, en partenariat avec l’AFC, rend hommage au directeur de la photographie Vittorio Storaro, AIC, ASC, en proposant, du 28 février au 5 mars 2018, une rétrospective de treize des films qu’il a photographiés. Il présentera deux de ces films et un troisième sera suivi d’une Leçon de cinéma.

Présentation de la rétrospective par Paolo Mereghetti (extrait)
A la poursuite de la lumière
Un des maîtres de l’image cinématographique depuis presque cinq décennies. De Dario Argento (L’Oiseau au plumage de cristal) à Francis Coppola (Apocalypse Now, Coup de cœur, Tucker...), de Bertolucci (Le Dernier tango à Paris, 1900, Little Buddha...) à Carlos Saura (Flamenco, Goya) et jusqu’à Woody Allen aujourd’hui (Café Society, en attendant la suite), Vittorio Storaro s’est imposé comme l’un des plus grands "cinematografi" de son époque. Son style s’est subtilement adapté aux mises en scène sophistiquées et aux ambiances opératiques des œuvres dont il a signé la photo, témoignant d’un raffinement constant.

Vittorio Storaro and the Sony F65 camera on the set of Woody Allen's “Café Society” - Photo Sabrina Lantos
Vittorio Storaro and the Sony F65 camera on the set of Woody Allen’s “Café Society”
Photo Sabrina Lantos

Quand il parle de son travail, les mots sonnent comme une déclaration d’amour, comme s’il parlait à sa fiancée : il explique comment la lumière donne « corps » à ses œuvres, comment rendre concret un « état émotif » dans le cœur du spectateur, parce que lumière, ombre et couleur « sont des formes d’énergie qui n’arrivent pas seulement aux yeux mais à tout le corps du spectateur ». Vittorio Storaro n’est pas seulement amoureux de son travail, il a aussi passé sa vie à en démontrer l’importance cruciale dans le processus de création d’un film et pour imposer la reconnaissance du rôle décisif du responsable de la photographie, exactement comme les autres auteurs d’un film, le metteur en scène, le scénariste ou le musicien.

« Cinematografo »
Fils d’un projectionniste de la Lux Film (la maison de production de Riccardo Gualino qui a favorisé la renaissance du cinéma italien d’après-guerre), Vittorio Storaro se rappelle qu’assis dans la cabine près de son père, « il ne pouvait pas écouter la bande-son et a appris à regarder les images en s’efforçant de comprendre l’histoire du film ». Sa passion est née là, fortifiée par son inscription à seize ans (il était né à Rome le 24 juin 1940) au Centro italiano di addestramento cinematografico (CIAC) et, à dix-huit, au Centro sperimentale di cinematografia (CSC), dont il obtint le diplôme. Il commence à se convaincre qu’il faut reconnaître une dignité d’auteur à cette profession et qu’il faut remplacer la traditionnelle dénomination technique de "direttore della fotografia" (directeur de la photographie) par la plus cohérente "autore della fotografia" (auteur de la photographie), mot que Storaro remplacera par "cinematografo" (emprunté de l’anglais cinematographer), par opposition sémantique à "fotografo".

En 1961, à vingt-et-un ans, il est le plus jeune cadreur du cinéma italien ; en 1969, il est directeur de la photographie pour Giovinezza giovinezza, de Franco Rossi ; l’année suivante avec Dario Argento (L’Oiseau au plumage de cristal) et Bernardo Bertolucci (Le Conformiste, puis La Stratégie de l’araignée, après avoir été assistant sur Prima della rivoluzione), il commence une carrière qui l’a amené à remporter trois Oscars, un Emmy et à recevoir le Lifetime Achievement Award de l’American Society of Cinematographers. […]

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A noter
- Mercredi 28 février 2018 - Salle Henri Langlois
Ouverture de la rétrospective. Séance présentée par Vittorio Storaro.
Le Conformiste (Il conformista), de Bernardo Bertolucci.

- Samedi 3 mars 2018, 14h30 - Salle Henri Langlois
Tucker, de Francis Ford Coppola
Séance suivie de "Storaro par Storaro : une leçon de cinéma"
« Je crois qu’il existe une sorte de grammaire. La structure de la lumière contient tous les possibles (lumière directe, indirecte ou de diffusion) et toutes les nuances, de l’aurore jusqu’au crépuscule. Chaque moment a sa signification. À chacun correspond une émotion spécifique. » (Vittorio Storaro)
Rencontre animée par Frédéric Bonnaud et Pierre Filmon.
Frédéric Bonnaud est directeur général de la Cinémathèque française.
Après quatre films courts, Pierre Filmon réalise un hommage à un grand directeur de la photographie, Close Encounters with Vilmos Zsigmond, en sélection officielle à Cannes en 2016 et sorti en salles en Hongrie et en France. C’est au cours du tournage de ce film que débute sa relation amicale avec Vittorio Storaro.

- Samedi 3 mars 2018, 19h30 - Salle Henri Langlois
Apocalypse Now, de Francis Ford Coppola
Séance présentée par Vittorio Storaro et projection de sa copie 35 mm personnelle.

Cinémathèque française
51, rue de Bercy - Paris 12e