Roman Polanski

La Lettre AFC n°113

Que dire dans ces moments-là ? Sa disparition me remplit de tristesse.
En dehors de son talent de cadreur, Jean rendait légère l’atmosphère du plateau. Il était mon œil. J’ai beaucoup travaillé avec lui. Nous avons commencé avec Le "Locataire", en 1975. Je me souviens que j’avais demandé un cadreur qui sache bien tenir la caméra à la main.
Puis il y eut "Tess", une grande aventure pour tous ceux qui y ont participé. Dans ce film, il y avait beaucoup de scènes tournées caméra à la main, une Panaflex très lourde, difficile à "opérer".
Jean comprenait et suivait exactement ce que je voulais. On était plus ou moins de la même taille, ce qui est important, la perspective changeant selon que l’on mesure 1m90 ou 1m65. Jean et moi observions le monde de la même hauteur.
J’ai le sentiment de l’avoir perdu deux fois, une fois en tant que personne aux qualités humaines rares et délicates, une autre en tant que technicien possédant l’art si complexe de la mise en image, de la mise en lumière.
Propos recueillis par Isabelle Scala.