Suppression de la publicité dans l’audiovisuel public

par Marc Galerne

La Lettre AFC n°183

J’ai reçu un email dernièrement dont le contenu était : « Aux gens qui m’ont souhaité une bonne année pour 2008, je tiens à les informer que cela n’a servi à rien ». Il est vrai que les circonstances économiques ont pesé fortement sur la santé des entreprises de tous les secteurs. Notre (petite) industrie en a souffert peut-être davantage encore grâce au double effet Sarko. Tenter de régler un problème qui n’en est pas un et finir par paralyser toute une (petite) industrie, c’est comme cette définition humoristique du mariage : Le mariage c’est tenter de régler à deux des problèmes que l’on aurait jamais eus tout seul.

En janvier dernier, ce projet présidentiel semblait sans conséquence, aujourd’hui c’est une épidémie ravageuse qui détruit la production cinématographique et télévisuelle. Licenciements prévisibles dans les entreprises du secteur, fermetures ou ventes de sociétés, manque de travail pour les intermittents en sont les conséquences les plus évidentes.
Maintenant se pose un problème de décence.
Comment peut-on persister à défendre un projet pour lequel des solutions ne sont pas encore trouvées ? Comment peut-on faire une annonce en janvier 2008 qui paralyse une (petite) industrie sans apporter de projet de financement alternatif avant juin ? On s’aperçoit maintenant qu’il n’est pas envisageable de prendre 3 % des recettes publicitaires des chaînes privées car l’économie va mal.
C’est aussi indécent dans une période aussi trouble que la grève des acteurs à Hollywood.

J’ai envoyé un e-mail à la Présidence de la république pour voir…
On m’a répondu très rapidement :

Monsieur,
Le président de la République a bien reçu votre courrier relatif à la suppression de la publicité dans l’audiovisuel public.
Chargé de vous répondre, je puis assurer qu’il a été pris attentivement connaissance de vos préoccupations et de vos attentes que je n’ai pas manquées de signaler à la ministre de la Culture et de la Communication ainsi qu’au Préfet des Yvelines.
Avec ma considération distinguée.
Le Chef de Cabinet, Cédric Goubet

Je ne faisais, dans mon e-mail, que préciser les problèmes de notre secteur face à une loi qui n’était peut-être pas des plus urgentes aux vues de la situation économique mondiale. Peut-être un ajournement serait-il envisageable ?
Je n’ai pas eu de nouvelles du Préfet des Yvelines (j’attends l’éventuel contrôle fiscal). Mais le ministère de la Culture m’a envoyé son e-mail " de circonstance " :

Monsieur,
Vous avez bien voulu faire part à Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, de vos observations concernant la suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publiques.
La ministre a pris connaissance de votre courrier et m’a chargé de vous informer que la Commission pour la nouvelle télévision publique, composée d’élus et de professionnels, a rendu son rapport sur les nouveaux modes de financement de l’audiovisuel public au président de la République le 25 juin dernier.
A la suite de cette remise, le chef de l’Etat a annoncé des mesures importantes en faveur de la télévision publique. La première d’entre elles consiste à rompre avec la logique publicitaire et à diffuser des programmes de qualité aux heures de grande écoute. Ainsi, la réclame disparaîtra de la télévision publique à partir de 20 heures dès janvier prochain. Ce n’est qu’après le 1er décembre 2011 que la publicité quittera définitivement le petit écran sur les chaînes publiques.
Pour financer celles-ci, les opérateurs de téléphonie et d’Internet seront taxés à hauteur de 0,9 de leur chiffre d’affaires. Par ailleurs, les recettes publicitaires de toutes les chaînes feront l’objet d’un prélèvement de l’ordre de 3 % pour un rendement global de l’ordre de 80 millions d’euros.
Le produit de ces deux taxes viendra alors financer l’audiovisuel public, permettant, d’ici 2009, de renouveler en profondeur l’identité du service public audiovisuel, et de lui rendre sa vocation : « informer, cultiver, distraire ».
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Le Chef de cabinet , Olivier Breuilly

Il est clair que j’ai été extrêmement rassuré par le contenu de ce mail que je suis content de partager avec vous.
Mon intervention a donc été sans effet (je m’y attendais un peu) mais, peut-être, si nous nous y mettons tous de notre petit email à la présidence, ça va finir par énerver, non ?

En tout cas, je vous souhaite à tous une meilleure année 2009.