- Andrée Davanture et Rithy Pahn à Atria en 1993
Quelle école m’aurait enseigné à voir les " taches " de couleur sur les images ? Et à monter sans l’artifice des raccords ? Le cinéma, m’a-t-elle dit, c’est d’abord l’émotion. Qui m’a fait comprendre qu’il suffit d’un son, d’un mouvement, d’une harmonie de couleurs, et surtout d’un temps juste pour trouver le bon " collage " entre deux plans ? Qui m’a fait écouter le son, la musique, et le silence ? Qui m’a appris à lire le temps inscrit dans un plan, et à déceler l’intention originelle qui marque de façon indélébile l’identité de l’artiste ?
C’est aussi cela la rigueur. Qui fut un meilleur guide sur le chemin de l’intégrité, de l’affirmation et de la différence ? Qui a toujours lutté contre toute tentative de formatage ? Qui m’a toujours encouragé, montré le sens de mon travail ? Qui pouvait rendre limpide la réponse à " pourquoi " faire un film et " pourquoi "cela vaut tous les sacrifices ? Qui avait la suprême exigence de révéler aux yeux du spectateur l’univers de l’autre ? Il suffisait d’être curieux, alors DD vous emmenait sur son bateau ivre…
Plus le temps passe, plus je suis convaincu de ce que je dois à son immense talent. DD était une " accoucheuse ", une libératrice de nous-mêmes qui sommes cernés d’hésitations, d’imprécisions et parfois même de manque de courage…
C’était une amie, une grande sœur et une vraie artiste.
Rithy Pahn