Témoignage de Mireille Aranias, agent

et amie

La Lettre AFC n°121

On a fait beaucoup de pubs ensemble, de belles rencontres pour toi, Jeanne Moreau, Jean-Baptiste Mondino, Paolo Roversi, David La Chapelle, récemment David Lynch.
Hélas, je n’avais jamais de long métrage à te proposer, les productions françaises te craignaient ; c’est sûr que l’exigence, la détermination, l’intégrité intellectuelle et artistique avec lesquelles tu exerçais ton art faisaient peur aux frileux et médiocres.
Tu es parti aux USA, où ton talent a été reconnu. On se voyait de temps en temps à Paris, on déjeunait au Wepler, j’allais toujours à ces rendez-vous avec beaucoup de joie et d’excitation, on parlait boulot, pas seulement... Tu aimais beaucoup les femmes, dans la vie et dans le travail.

Je n’arrive pas à croire que je n’entendrai plus jamais ta voix douce me dire : « Hi, Mireille ». L’émotion me submerge, mais je sais que trop de pleurs, trop de tristesse, t’auraient déplu. Tu es parti, m’a-t’on dit, avec un certain sourire... C’est en souriant que je revois les magnifiques images du film de Léos Carax Mauvais sang, la beauté de Juliette Binoche, illuminée par ton regard...