Tonino Delli Colli

J’ai toujours travaillé avec un cadreur.

La Lettre AFC n°113

Pour moi, je ne vois pas l’avantage de cadrer et faire la lumière en même temps. Et puis, en n’étant pas à la caméra, je peux voir tout ce qui se passe, mon champ de vision n’est pas limité par l’œilleton.
J’avais envie de tourner avec Polanski parce qu’il avait fait de bons films, c’est un metteur en scène important. Nous avons un ami commun, Berluti, chausseur rue Marbœuf. Alors un jour, je lui ai demandé de dire à Polanski que je voulais travailler avec lui. Quelques jours plus tard, Polanski m’a appelé. C’est comme ça que j’ai connu Jean. Nous avons fait trois films ensemble, deux Polanski (Lune de fiel et La Jeune fille et la mort) et un film d’Oury (La Soif de l’or).
La complicité entre Jean et Polanski n’affectait pas les rapports entre nous. Il savait faire la part des choses entre les exigences de la mise en scène et les contraintes de la lumière. C’était un diplomate, un bon médiateur entre le metteur en scène et le directeur de la photographie.
Je ne lui ai jamais fait de recommandations pour la caméra, je n’ai jamais eu de discussion, ni de problème avec lui.
Jean a toujours été extrêmement correct avec moi, au-delà des liens qui l’unissaient à Polanski. Comme professionnel et comme homme, on pouvait lui faire confiance.
(Propos recueillis par Isabelle Scala et Marc Salomon)