Toutes les filles pleurent

Judith a toujours été très précise sur ce qu’elle souhaitait, en effet lumineux et en manière de filmer. S’appuyant sur des films assez différents qu’elle avait appréciés. Des séquences choisies que nous avons vues ensemble, des mouvements de caméra qui l’avaient particulièrement touchée, des atmosphères colorées assez particulières, comme In the Cut de Jane Campion ou, dans un autre style, La Famille Tenenbaums de W. Anderson.
Nous regardions toujours les rushes sur son ordinateur, souvent en vitesse rapide, dans la voiture lorsque nous changions de décor.
Et puis des partis pris radicaux, par exemple dans l’appartement de Lucie – personnage principal – où la pièce était éclairée par du jaune, ou par du rouge, ou de l’orange, comme ces guirlandes lumineuses chinoises qui changent progressivement de couleur. Et chez le voisin, plutôt du bleu/violet, de l’orange et un peu de vert. Effets colorés que nous pouvions doser directement sur l’Astro, notre moniteur de référence, et nous rendre compte si cela faisait trop ou au contraire pas assez pour être perçus comme tels.
Une caméra très mobile, un peu de Steadicam pour monter des marches d’escalier, et de l’épaule bien évidemment...
Judith relisait chaque prise pour vérifier le jeu. Et tout cela dans un rythme infernal, toujours à cause de ce foutu temps qui passe trop vite. Il fallait donc chaque jour beaucoup d’énergie et de bonne humeur, nous avons souvent beaucoup rigolé, pour que Judith puisse mener à bien ce " beau portrait féminin ".
Opération réussie pour son premier film je pense.