Trésor

Après Ensemble c’est tout, première collaboration avec Claude Berri, je pensais qu’il n’y en aurait pas d’autre. Il avait exprimé ses vœux ainsi.
J’ai encore le souvenir de ses confidences, résumant en peu de mots, autant dire avec dignité, comment il envisageait son avenir, détaché du cinéma, pour se consacrer à l’art contemporain, domaine où personne ne lui avait disputé ses choix... Du moins c’est ma compréhension de ces moments intimes que j’ai partagés avec lui, résumant les nouvelles modalités de sa vie faisant suite à un accident de santé invalidant.

Puis sont arrivés dans les méandres de sa vie et ceux de la réalité Les Ch’tits, son immense succès au box-office succédant à celui de La Graine et le mulet, une " mise " réussie poursuivant ce goût personnel pour un cinéma dont le rêve consistait en une empreinte populaire " modulable et conquérante ".
Comment gérer une nouvelle vie, empêchée par la difficulté de la parole lorsqu’on a eu l’habitude, l’adresse de le faire avec peu de mots, choisis, concis et comptant sur l’attente de leur écho ?

Entre ce qui l’animait lui et ce qui animait son entourage, bienveillant et respectueux pour l’aider à poursuivre, je ne sais pas faire la part des choses.
Nous avons préparé le film Trésor ensemble.
Il avait arrêté un casting qu’il a dû remanier de manière impromptue.
Avons discuté ensemble des tendances, des références, du registre.
Des décors, des couleurs, du style.
Avons commencé à tourner avec François Dupeyron comme interprète.
Cela a duré une semaine.
Puis il s’est absenté pour de bon.
Avons poursuivi, en pensant à lui, en espérant que cela lui aurait convenu...
Je garde surtout le souvenir d’un homme digne et fort quant à son être, quant à son œuvre accomplie avec conviction et passion sans jamais oublier le respect du travail nécessité et engagé pour cela par tous les participants.
J’ai une pensée admirative pour Nathalie Rheims qui a repris en main le cours des choses avec la même élégance.