Un homme amoureux s’en va

Par Philippe Van Leeuw, AFC

par Philippe Van Leeuw La Lettre AFC n°282

Matthieu Poirot-Delpech était amoureux de sa femme, la belle Sarah, il était amoureux de ses filles, Madeleine et Clémentine, il aimait la vie et le cinéma. C’était un homme, un vrai, tendre et viril. Il avait l’esprit fin et un humour ravageur, débridé.

Un soir, au bord de la mer, on prenait l’apéro dans le jardin et il lançait le doudou de Clémentine comme on lance un bout de bois pour le chien, et elle courait le chercher. Et Matthieu lui disait de le ramener dans la bouche, et tout le monde était tordu de rire en même temps que gentiment choqué.
Matthieu avait la force de ceux qui sont bien là où ils se trouvent, il était tranquille et serein. Il avait l’esprit libre. Il affectait une certaine nonchalance mais il avait le souci du détail, et pourtant tout semblait facile avec lui. Il façonnait des images tant avec la lumière qu’avec des mots.

Du temps de sa présidence de l’AFC, ses éditoriaux étaient savoureux en même temps qu’importants. Nos métiers étaient en crise et il a défendu le sien avec vigueur et talent.

Il m’a accueilli dans sa vie à un moment où rien n’était facile et il y a mis de la chaleur et du confort. Nous allions au bord de la mer pour se laisser vivre au rythme des marées et des repas, de l’apéro et des sorties en bateau. Il y avait plein d’amis, des amis de toujours et des nouveaux comme moi, et c’était bon.

Merci Matthieu !