Un soir au club

Un soir au club est le premier long métrage de fiction de Jean Achache et l’adaptation du romain éponyme de Christian Gailly. Il s’agit de l’histoire d’un homme, Simon Nardisse, dont on découvrira très vite qu’il est un ancien musicien, et qui, le temps d’une soirée imprévue dans un club de jazz, renoue avec sa passion (le piano), dont il s’est obligé à s’éloigner depuis de nombreuses années pour échapper à ses corollaires (selon lui indissociables), l’alcool, la séduction, les femmes.

Le petit budget de ce joli scénario autour du thème de " sous quel signe choisit-on de placer nos vies, celui de la raison, ou celui de la passion ? ", nous a conduit à des choix drastiques pour assurer sa faisabilité. Nous avons tourné avec la Sony EX1 qui s’est révélée, dans sa catégorie, être la caméra la plus appropriée à notre configuration.
Des essais comparatifs avec une Sony 900R, dont Jean et moi connaissions bien le rendu pour l’avoir déjà pratiquée, nous ont permis certes de mesurer ce que nous perdions en terme de définition, piqué, latitude en hautes lumières particulièrement mais aussi que la EX1 s’avérait bien plus performante que ce que nous imaginions et qu’elle ne constituait finalement pas une solution rédhibitoire. Notamment parce que la grande majorité du film se déroule de nuit. La possibilité de complètement maîtriser la lumière a été un argument décisif, et effectivement les séquences qui se sont révélées les plus délicates à tourner, et ensuite à étalonner, sont celles des quelques moments en extérieur jour, où l’on atteint très vite les limites de ce type de caméra.

Avec François Chevreau, mon assistant, nous avons tenté " d’équiper " la EX1 comme toute caméra de fiction. Après quelques modifications et adaptations avec la collaboration des techniciens de Tatou, nous avions une plaque de décentrement, un véritable " follow focus " (sa bague de point possède heureusement, enfin sur ce type de petite caméra, une butée, ou un moteur de point pour les plans prévus à l’épaule), et un parasoleil digne de ce nom.
Lors de nos essais, nous nous sommes aperçus qu’il était impossible d’utiliser des filtres neutres classiques (Tiffen ou Schneider confondus) pour les séquences en jour, compte tenu d’une particularité propre aux capteurs C-MOS, à savoir que les teintes noires ou très sombres d’un vêtement, d’une chevelure, par exemple, deviennent légèrement rouges avec un ND3 et très franchement rouges avec un ND6. Nous avons donc utilisé les filtres neutres intégrés à la caméra, qui introduisent hélas certaines aberrations (nécessité de changer de repère de point en fonction des différents filtres, perte de définition…).

L’EX1 possédant une sortie HD-SDi, nous avons pu bénéficier d’un " monitoring " classique en HD, à savoir d’un oscillo et d’un écran de contrôle fiable, indispensable pour ce type de caméra, compte tenu du peu de fiabilité du viseur arrière (pas du tout ergonomique outre le fait qu’il n’y ait pas de possibilité de générer un tracé autre que le 16/9e). Le LCD latéral n’était guère plus fiable dans notre configuration de lumière. Jean souhaitait des images très en pénombre, et toute la lumière du film s’est construite autour de ce principe et de celui de dominantes de couleurs très affirmées. Sa radicalité, jamais démentie, a été très stimulante (quelques fois un peu " effrayante " aussi), et ç’a été un véritable challenge et un plaisir d’imager selon ces intentions l’ambiance du film…
Puis de la voir, au fur et mesure du tournage, se construire et se concrétiser, avec notre EX1 qui n’a pas trahi nos attentes. Je resterai toujours étonnée par la première projection après étalonnage du film au Max Linder – projection en JPEG 2000 –, alors que cette base d’écran me faisait redouter le pire…

Je tiens à remercier Jacqueline Delaunay de chez Tatou, Marie-Jo de Ciné-Lumières, pour leur très appréciable soutien, Digimage pour la qualité du travail effectué lors du kinescopage, et aussi Lubomir Bakchev pour l’échange fructueux d’informations que nous avons eu au fur et mesure de nos essais et explorations respectives de la EX1.

Équipe

Réalisation : Jean Achache
Production : Arts Premiers et Newfriends Production
1er assistant caméra : François Chevreau, 2de : Cécile Plais
Chef électro : Muriel Olivier, électro Jocelyn Raoult
Chef machino : Lucien Mori

Technique

Matériel caméra : Tatou
Matériel lumière : Ciné Lumières de Paris
Étalonnage numérique : Les Machineurs
Laboratoires : Digimage - Arane