Une page de l’histoire du cinéma se tourne...
Cinéma, quand la bobine disparaît, les licenciés de LTC laissés sur le carreau par Quentin Herlemont
Le Laboratoire des techniques cinématographies (LTC), ancien pilier de l’industrie du cinéma a été mis en liquidation en décembre dernier, victime du passage au tout numérique.
Fin 2011, les 115 salariés de la société spécialisée dans le tirage de bobines en argentique, avaient organisé leur propre " journée du patrimoine ", au siège de Saint‐Cloud. Des centaines de professionnels du cinéma, tous métiers confondus (Chef opérateur, distributeur, monteur) et anciens de LTC, sont venus témoigner de leur émotion face à la disparition de ce patrimoine national. (Voir la vidéo)
Lors de cette journée portes ouvertes, Marc Koninckx, AFC, SBC, directeur de la photographie, témoigne sur ce tournant dans l’histoire du cinéma : « L’arrivée du numérique a été mal préparée, il faut vivre avec son temps. Ce qui n’est pas normal c’est que le CNC n’aide pas des sociétés en difficulté comme LTC, cela fait partie du patrimoine. Depuis 1930 ce laboratoire existe, il en sort des milliers de films, des chefs d’œuvres, des grands classiques et là il n’y a personne, il n’y a plus rien. »
Jusque là détenu par Quinta Industries tout comme les auditorium de Joinville, ScanLab et SIS, spécialisées dans le son et le numérique, LTC ne sera pas sauvé, contrairement aux trois autres sociétés.
Le vendredi 20 janvier, le tribunal de Nanterre a retenu la proposition de reprise de Technicolor, qui ne sauvera que 34 emplois sur les trois sociétés. Elodie Schmidt, ancienne directrice de production de LTC, nous informe que lors d’une créance de groupe 22 millions de LTC sont passés dans le groupe Quinta Industries. Pendant la liquidation les salariés ont déposé un référé de 22 millions au tribunal de Nanterre.
« A quoi a réellement servi cet investissement ? », c’est la question que se posent les salariés.
Le référé a été retiré, les licenciés ont trouvé un accord conditionnel avec Tarak Ben Ammar. Chaque salarié va recevoir 9 000 euros d’indemnité après avoir signé un accord pour se désister en justice.
Aurait-on pu sauver leurs emplois ?
Ces métiers de tireurs, de développeur spécialisé en photochimique sont amenés à disparaitre, trop spécifiques, leur reconversion sur le marché du travail se fait difficilement.
Elodie Schmidt : « On a tous été licenciés sans appel ou repreneur. Certains ont été repris par Technicolor. Les cinq étalonneurs de l’entreprise sont susceptibles d’être formés pour le numérique.
Nous avons obtenu un accord pour dix personnes avec Pôle Emploi et l’AFDAS pour une continuité à la formation. Demain se tiendra une réunion avec le CNC, Pôle Emploi et les employés pour discuter de leur reconversion. »
Quentin Herlemont, second réalisateur