Une réponse de K5600 Lighting au Covid-19

Par Marc Galerne
Nous vous espérons toutes et tous en bonne santé et dans un confinement qui se passe le mieux possible. Nous avons reçu et été touchés par vos messages de soutien et vous en remercions. Nous avons reçu des e-mails d’amis de K5600 et de gens que nous ne connaissions pas, et cela fait énormément de bien.

Cette pandémie nous aura tous amenés à la réflexion. Sur l’écologie, sur l’économie et surtout sur la fragilité de la vie. Je sais déjà que K5600 ne fonctionnera pas de la même façon "après". On pratiquera notamment davantage le télétravail afin de limiter notre impact carbone et d’améliorer les conditions de travail. On va aussi se mobiliser pour reprendre notre place sur le marché français. L’attitude de certains loueurs a eu raison de notre volonté à tenter de faire la promotion des nouveaux Joker². De toute façon, nous n’entendions que : « Les gens ne veulent plus que des LEDs » ou encore : « Pourquoi acheter des nouveaux Jokers ? Les vieux fonctionnent très bien ». Désormais, nous avons des appareils LED à proposer qui, de surcroît, correspondent à ce que nous aimons faire : de la vraie lumière.

Nous n’avons pas pour autant baissé les bras et joué l’économie sur la France : nous étions au Satis, au Micro Salon, et nous avons organisé à La Fémis, en octobre, notre deuxième évènement InterAction avec Aaton/Transvideo et Emit. Il est vrai, par contre, que nous avons dû nous recentrer davantage sur l’export pour pallier les baisses des ventes en France, et, de fait, nous avons été moins visibles chez les loueurs et sur les tournages. Cela va changer… dès que les tournages reprendront.

Nous allons changer. Je n’en dirais pas autant du petit monde du cinéma. Le redémarrage dans notre secteur d’activité sera long et progressif. Et, à moins d’une réelle prise de conscience, nous avons toutes les raisons de croire que rien ne va changer.

Les producteurs vont pleurer davantage, il y aura toujours des loueurs pour brader leurs prestations avec des remises de 90 % et plus, et les équipes prendront donc le matériel qu’on leur donne, puisque loueurs et directeurs de production reprendront la même rengaine d’avant confinement : « Pour le prix, il faut faire avec ! »

Comment remédier à ce fléau qui plombe les salaires des équipes techniques et le développement des prestataires mais aussi des fabricants que nous sommes ? Il ne faut pas se voiler la face, nous avons été plongés brutalement dans cette pandémie alors que les différentes sociétés du secteur affichaient déjà une fragilité financière. La guerre des prix entre loueurs ne fait pas qu’entacher leurs résultats mais aussi, par effet domino, ceux des fabricants et des fournisseurs d’une manière générale.

Alors, quelles solutions ?
La plus sage serait que les loueurs puissent facturer leurs prestations à des prix leur permettant de renouveler leurs matériels. Ils peuvent justifier des prix plus hauts s’ils proposent du matériel récent et bien entretenu, mais, pour la plupart, ils ne le peuvent pas car ils manquent de fonds pour investir. C’est le serpent qui se mord la queue. Pourtant, c’est ce qui se fait dans la prestation scénique, où le matériel est vite amorti et remplacé. On peut arguer que le matériel y est moins cher que dans le cinéma mais les volumes sont bien supérieurs : si le parc de nos produits était renouvelé tous les 5 ans (au lieu de 20 ans), nos prix seraient considérablement plus bas. Le serpent est de retour.

Il faut donc que les productions aient plus de budget, en tout cas pour ces postes-là, ceux de la "fabrication" du film. Et c’est là que les aides publiques interviennent. Elles devraient permettre à des films de se tourner dans un pays où le coût des impôts et charges est bien supérieur à ceux d’autres pays, membres de l’UE ou pas.

En France, nous avons une haute autorité qui tient la production par les cordons de la bourse : le CNC. J’ai passé du temps à éplucher les aides du CNC à la production audiovisuelle française et il me semble qu’il y ait pas mal de leviers à activer afin de garantir des conditions de rémunération et une politique de soutien efficace à notre économie nationale.

On nous inonde de messages du gouvernement invitant à « acheter français » et, dans la réalité, on ne peut pas, à cause de l’Europe. Il faut être cohérent. Les fonds qui alimentent le CNC viennent des billets d’entrée achetés majoritairement par des spectateurs français dans des salles françaises. Dans ces conditions, je ne vois pas en quoi l’Europe intervient mais je ne sais pas tout.

Lorsque le CNC attribue des aides, il y a des conditions et des garanties. Les conditions sont d’abord de respecter les conditions de travail, la cohérence des budgets, et de favoriser l’industrie locale. Il faut aussi avoir les garanties que les équipes, comme les prestataires, soient payées.

Certaines aides proposées ne sont là que pour inciter à produire plus de films alors qu’il suffirait de produire mieux. Le vrai problème est que la France produit trop souvent des fictions sous-financées. L’économie des entreprises, comme celle des foyers, est tendue et tend donc à prendre tout ce que l’on nous propose. Alors, bien sûr qu’il y a des projets qui méritent ces efforts mais pas 80 % de la production française !

Retrouver un vrai plaisir de faire son métier car il est reconnu et valorisé correctement, c’est le changement que j’aimerais pour l’"après".

Vos questions et nos réponses


Problème de bruit sur un Joker 300 LED :
Jean-Baptiste Moutrille, chef électricien : « J’adore les produits K5600, en particulier le joker 800, l’Alpha 4 kW, et l’Alpha 18 kW. Surtout gardez-moi dans votre mailing list ! Je travaille beaucoup avec le Bug a Beam, et la perspective du Joker LED 300 me plaisait énormément, surtout en petit décor naturel (mon créneau, c’est le cinéma d’auteur...). Mais pourquoi avoir fait un projecteur si bruyant ? Impossible de s’en servir en fiction ! C’est tellement dommage... »

La réponse de K5600 :
Bonjour Jean-Baptiste et merci de ton e-mail.
Quelques explications sur le bruit du Joker (et Alpha 300) :
Comme tu le sais peut-être, les LEDs sont très sensibles à la chaleur et notamment à celle qu’elles dégagent elles-mêmes. Il faut donc les refroidir jusqu’à une température recommandée par les fabricants des "chips". Au-delà de cette température, la LED va se dégrader, sa durée de vie va diminuer sensiblement et les caractéristiques colorimétriques vont se dégrader rapidement.

Cette température, pour des "chips" bicolores, comme ceux que nous utilisons, est de 100 °C. Nous avons décidé de nous caler sur 80 °C, d’une part parce que nous prenons en compte des utilisations en température ambiante de 40 °C, et parce que nous avons choisi de faire des appareils fiables et robustes (pas de plastique, que de l’aluminium) comme nous le faisons pour tous nos appareils.
Nous avons donc prévu une ventilation permettant de limiter la température à 80 °C au maximum de puissance. Nous ne sommes pas sourds et nous sommes conscients que le bruit est très audible à 100 %, mais nous avons alors un rendement optimum (bien supérieur à ce qui existe sur le marché dans ces puissances) qui est très appréciable quand le bruit ambiant est important ou lorsque l’on cherche à faire une entrée de lumière par une fenêtre ou encore pour de la haute vitesse de prise de vues (non synchrone).

A 80 % de la puissance, le bruit est acceptable à 1,50 m, et à 75 %, il est nul.
Bien sûr, la question qui se pose alors est de savoir pourquoi nous n’avons pas gravé sur le ballast une indication "silence" en dessous de 75 % et "boost" au-delà. Simplement parce que nous utilisons les mêmes ballasts (soit un mono de 300 W, soit un multiple de 1 200 W pour alimenter quatre sources de 300 W) pour le Joker et pour l’Alpha 300 (qui ont un ventilateur), mais aussi pour nos panneaux Slice, qui n’en ont pas. L’indication "boost/silence" n’a pas lieu d’être pour ceux qui alimentent les panneaux, et elle sèmerait le doute.

Tout est une question de choix quand on créé un appareil : on essaye de faire le meilleur compromis entre la qualité de la lumière, la puissance, la taille et le poids. Nous avons peut-être fait le mauvais compromis mais nous avons préféré laisser le choix de la puissance ou du silence aux utilisateurs.
Après tout, c’est vous qui connaissez vos contraintes et ce que vous pouvez faire en fonction du décor et des scènes.

Problème sur un groupe de 2 kW :
Delphine M. : « Lors de mon dernier tournage avant le confinement, un court métrage à petit budget, on avait un petit groupe de 2 kW stabilisé (fourni par TSF Marseille) et un HMI Arri M18 lampé en 1 200 W (quand on branchait le ballast à la lampe, la LED "1 200 W" s’allumait, pas la LED "1 800 W").
On lance le HMI, ça s’allume, elle passe par plusieurs états de couleur, normal, et au bout d’une minute ou deux environ, le projecteur s’éteint. On relance, éventuellement même 15 minutes plus tard, et à chaque fois, pareil, ça s’éteint au bout de deux minutes.
Selon ce qu’indiquait le groupe, il y avait une différence de puissance de 200 W entre le groupe et le projecteur (il donnait 1 400 W). On a essayé différent prolongateurs, on a aussi changé la fréquence du ballast (il y avait le choix entre 25 Hz, 75 Hz et 1 000 Hz), mais à chaque fois ça faisait la même chose.

Est-ce à cause du déphasage induit par les bobines et les condensateurs du ballast, qui fait qu’un HMI 1 200 W a besoin d’un groupe plus puissant que 2 000 W ?
Le Joker 400 W, qu’on avait aussi, a par contre bien fonctionné.

Merci, si vous avez un peu de temps et une idée de ce qui s’est passé...

La réponse de K5600 :
Lorsqu’un HMI se coupe après deux minutes de marche, il y a généralement deux causes possibles :
- La plus fréquente est le fait d’une lampe morte. Contrairement au tungstène où il est visible que le filament est cassé, avec une lampe HMI il n’y a pas vraiment d’indication franche. Les électrodes sont généralement bien usées et donc écartées plus que sur une lampe neuve. Mais une lampe morte continuera à se relancer, et, typiquement, elle se coupera au bout de quelques minutes.
- L’autre possibilité est que la sécurité de surchauffe à l’intérieur du ballast soit défectueuse. Les ballasts sont pourvus d’une thermistance. Il s’agit d’une résistance qui, à une température donnée, va empêcher le courant de passer et le projecteur va se couper. Dans ce cas, là il faudra attendre quelques minutes avant de pouvoir le rallumer, mais il s’éteindra à nouveau, comme dans le cas d’une lampe en fin de vie.
Il est peu probable que cela vienne du fait que l’appareil soit sur un groupe de 2 kW. Nous avons fait fonctionner des Joker 1 600 W sur des groupes de cette puissance. Avec un ballast électronique (ce qui est le cas puisque vous aviez des fréquences modifiables), il faut compter environ 15 % de consommation en plus, donc 1 380 W pour un 1 200 W. Les 1 400 W consommés sont donc normaux. Ce qui peut arriver en revanche, c’est que cette consommation augmente en fonction de la longueur de câbles que vous mettez entre la tête et le ballast. Certains ballasts, dont ceux d’Arri, offrent une compensation en puissance, appelée "Compensation Cable Loss". Ce qui veut dire que le constructeur a fait le choix de continuer à fournir la même intensité lumineuse à la lampe (quel que soit le nombre d’extensions) avec comme conséquence d’augmenter la consommation sensiblement. Dans ce cas, le ballast peut donc consommer plus que sa puissance nominale.
Mais je penche quand même pour une lampe en fin de vie.

N’hésitez pas à poser vos questions.

Vos images, vos souvenirs


Merci à tous ceux qui nous ont envoyé des photos de tournages. Nous sommes toujours preneurs des photos de tournage, et, en ce moment, ça a un petit côté nostalgique positif.

Cyrille Girard :
Photo d’une installation réalisée pour L’Origine du monde, de Laurent Lafitte, photographié par Axel Cosnefroy, AFC, production Les Films du trésor (sortie prévue en octobre 2020), M40 et Alpha 9.

J’ai pu constater la différence de qualité entre les ombres de la gamme Alpha et de la gamme M du coup ! No comment !
Étant alimenté en triphasé 63 A, je n’ai pas pu me permettre quatre Alpha 9, d’où mon choix de mettre deux M40 (l’Alpha 4 étant un peu léger en rendement). Les deux Alpha 9 servaient pour la face (comédie) et les M40 pour les fonds. Exposition plein Nord, donc pas d’ombre de projecteur, raccord constant.
3,30 m de déport sur chaque projecteur et possibilité de gérer le Pan et le Tilt sur la structure (chef machiniste : Titoune). J’ai hâte de tester les Jokers LED 300 que j’ai mis sur la liste d’un prochain film, malheureusement décalé à je ne sais pas quand...

Romain Canty :
Une photo de l’Alpha 16 au premier plan devant une aile de château. Il s’agissait d’une pub pour le Château de Chambord avec Sixtine Production. Le chef électricien était Pierre Michaud. Très beau spot et fantastique expérience.

Sur cette seconde photo, j’opère en chef électricien sur un Alpha 16, pour un court métrage tourné à Avignon en petite équipe.

Je n’ai malheureusement pas eu beaucoup l’occasion de bosser avec l’Alpha… Et quand j’en ai eu l’occasion, c’était très souvent avec le 1 600 W, que j’aime beaucoup. Pour moi, le HMI reste bien plus charmant que la LED, mais bon…
Les Jokers Bug, j’ai bossé avec le 400 et le 800 HMI que j’aime bien aussi, facile d’utilisation, agréable rendu à travers un Chimera… Il me tarde d’essayer les nouveaux modèles !

Pierre-Arnaud Ouvrard :
Sur Carbone, d’Olivier Marchal, photographié par Antony Diaz, j’avais souhaité et proposé à Antony pour un gros décor d’usine, de travailler avec les Alpha 18.

On souhaitait avoir de la douceur et du modelé, de belles ombres portées avec les lentilles de Fresnel... Contrat rempli ! Chef op’ ravi... et des séquences d’usine hyper "payantes" ! Encore merci... Hyper fan de ce projecteur !