Vers le Sud

Paru le La Lettre AFC n°150 Autres formats

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L’histoire du film se déroule en Haïti dans les années 1980. Trois femmes d’âge mûr sont en vacances dans un hôtel installé sur une plage paradisiaque non loin de Port-au-Prince. Autour de cet éden tropical gravite une bande de jeunes garçons qui échangent leurs charmes et leur tendresse contre quelques dollars.

Dans L’Emploi du temps, le film précédent de Laurent, nous avions travaillé l’image dans le sens de l’obscurité, nous avions essayé d’aller au plus loin dans la sous-exposition, faisant émerger le personnage principal du noir avec le moins d’effets de lumière. Je me souviens d’une séance de rushes vidéo où la seule chose visible sur l’écran du moniteur était le reflet de nos visages scrutant l’obscurité de l’image. Il avait fallu tirer les plans en 35 mm pour mesurer véritablement la validité de notre travail.

Pour ce film, c’est à l’inverse que nous avons été confrontés. Il fallait essayer de dompter la lumière éclatante du soleil des Caraïbes, les forts contrastes qu’il nous imposait et surtout faire cohabiter les carnations très blanches des comédiennes avec la peau très noire des Haïtiens.

Nous avons fait des essais sur place et j’ai opté pour la nouvelle Vision 200T qui offrait un contraste très doux, en me disant que je pouvais la sous-développer pour certaines séquences particulièrement dures en rapports de contrastes. Au vu de ces essais, j’ai décidé de ne pas éclairer plus les Haïtiens par rapport aux comédiens blancs. En revanche, j’ai fait des essais sur les peaux noires avec un polarisant et j’ai constaté qu’on pouvait obtenir une carnation très " chocolat " ou très bleue, mais que tout devenait assez compliqué lorsqu’on voulait en même temps faire ressortir un ciel nuageux en arrière plan.

Une partie du film devait être tournée en Haïti, Laurent tenait à ce que nous soyons le plus léger et le plus souple possible. A sa demande, nous avons donc fait des essais comparatifs entre le Super 16 scanné et étalonné en numérique et le 35 mm. Le choix s’est fait en quelques secondes lors de la projection de ces essais. Le 35 mm nous offrait la plus grande latitude, surtout en condition quasi-documentaire qui allait être la nôtre à Port-au-Prince. Finalement, nous n’avons tourné qu’une semaine en Haïti, les événements politiques ne nous permettant pas un séjour plus long. Le reste du film a été tourné en République Dominicaine.

Lors du tournage, nous avons eu une météo exécrable avec beaucoup de pluie, un temps souvent gris et des vents très forts qui ont failli emporter le décor. L’image ensoleillée que nous avions imaginée pour le film s’est transformée en quelque chose de plus subtil. Finalement, les ciels gris, la lumière très blanche donnent au film une atmosphère particulière, assez mélancolique. Le traitement photographique en devient plus intéressant par rapport aux Caraïbes, moins attendu.

Le film a été tourné avec la Moviecam Compact et l’Aaton 35 avec une série Cooke S4.

Laboratoire Eclair, étalonneurs Alain Guarda et Frédéric Casnin.

Équipe

Etalonneurs : Alain Guarda et Frédéric Casnin

Technique

Pellicule : Kodak Vision2 200T
Caméras : Moviecam Compact et Aaton 35
Optiques : 2 séries Cooke S4
Laboratoire : Eclair