Vie sauvage

Vie Sauvage s’est tourné en neuf semaines, entre l’été 2013 et l’hiver 2014, essentiellement entre Carcassonne et les Cévennes. Le film a été entièrement tourné à deux caméras, à l’épaule et en lumière naturelle.
Cédric Kahn et Yves Cape sur le tournage de "Vie sauvage" - DR
Cédric Kahn et Yves Cape sur le tournage de "Vie sauvage"
DR

Cédric voulait pour la première fois tourner en numérique, principalement pour avoir une totale liberté de tournage, en termes de métrage, avec nos acteurs. Nous avons organisé des essais comparatifs dans les Cévennes avec une sélection des outils du moment adaptés à notre projet : une Aaton 35 mm en Kodak, une Red Epic, une Sony F55 en 4K et un Canon C300 (ces essais sont visibles chez TSF). Après travail à l’étalonnage et vision du DCP, notre choix s’est très vite porté sur la Sony F55. Entre autres pour son " look " très intéressant en 4K, la qualité de son rendu des couleurs chair, la facilité avec laquelle les images s’étalonnent naturellement et aussi pour son poids et son encombrement.

Le film raconte l’histoire de Paco (Mathieu Kassovitz), et Nora (Céline Sallette), qui mènent une vie semi-nomade avec leurs trois enfants. Après une crise au sein du couple, Paco s’enfuit avec deux des enfants, pour ne pas avoir à les rendre à leur mère qui en a la garde, les entraînant dans une vie de clandestinité qui durera onze ans. Le film est inspiré de l’histoire vécue des deux frères Okwari et Shahi Yena Fortin et de leur père, Xavier Fortin, qui les avait enlevés en 1997 alors qu’ils étaient âgés de six et sept ans.
Comme le dit Cédric Kahn : « Les choses démarrent d’une façon assez classique, avec un cas tranché par la justice qui est assez banal, ce qui est moins classique, c’est la décision d’un père qui n’accepte pas cette décision de justice, qui s’estime lésé et qui agit. »
Je présente Vie sauvage lors d’une projection privée de l’AFC en octobre, nous aurons tout le loisir de parler du film et de ma collaboration avec Cédric Kahn sur ce très beau projet. Le film vient de recevoir le Prix spécial du Jury au festival du film de San Sebastian 2014.

" Coup de gueule " d’Yves Cape
Sony étant membre associé de l’AFC, je me permets de leur dire ici qu’il est nécessaire que les opérateurs soient consultés pour concevoir l’ergonomie et la technologie des caméras.
Que sont devenus les rencontres, les dîners, les essais, les visites, initiés par certains fabricants ? Ces moments permettaient des échanges, entre eux et nous. Les fabricants de pellicule sont remplacés par des fabricants de caméras, puisque le " look " maintenant se trouve dans le signal qu’elle enregistre.

La F55 n’est pas une caméra " détournée ", comme parfois nous réutilisons certains outils, c’est une caméra conçue pour faire des longs métrages et elle n’est, très clairement, pas adaptée à ça !
La visée numérique est de mauvaise qualité, avec un mauvais rendu des couleurs, pas de réserve, une mauvaise connectique et beaucoup de stroboscopie. Le support de visée est trop fragile et pas pratique. La conception de l’addition des différents éléments nécessaires, type batterie " on board ", émetteur HF, n’a pas été pensée. L’équilibrage est difficile, la forme de la caméra n’épouse pas assez l’épaule. Le menu caméra n’est pas pratique et une mise en évidence de certaines fonctions essentielles est nécessaire. Il manque des connectiques d’alimentation pour les accessoires et quelques outils/connectiques " broadcast " pourraient être supprimés pour une utilisation cinéma uniquement. Il existe un jeu entre la caméra et la semelle. Et nous avons même découvert un trou de lumière vers le capteur que nous avons bouché !

Evidemment, nous avons pris l’habitude de nous adapter à des caméras soi-disant conçues pour le long métrage et d’une ergonomie désastreuse. Mais notre corps et notre esprit souffrent. Trop souvent, pour résoudre certains problèmes nous sommes renvoyés sur les FAQ et il nous est difficile de trouver des interlocuteurs chez les fabricants.
Devenus en peu de temps incontournables, il est grand temps que ces nouveaux venus sur le marché des caméras de long métrage nous consultent pour que nous puissions les aider à améliorer leurs outils. Ces échanges ne pourraient qu’être bénéfiques pour eux et pour nous.

Équipe

Cadreurs : Yves Cape, Cédric Kahn, Emmanuel Van Wambeke
1ers assistants caméra : Sylvain Zambelli et Arnaud Gaudelle
Machinistes : Emmanuel Van Wambeke et Thomas Blanc
Électriciens : Sébastien Courtain et François Guillotin
Data manager et suivi des rushes : Mathieu Cassan

Technique

Loueur matériel : TSF (deux caméras Sony F55 en 4K RAW, objectifs Cooke S4 et zooms Angénieux Optimo)
Laboratoire : Eclair Group
Étalonneur : Richard Deusy
Étalonneur des rushes : Manu Le Ridant