Viens je t’emmène

Tournage en hiver il y a deux ans de cela. Et une première collaboration avec Alain. Un travail en amont autour du scénario, et une lecture approfondie avec ses collaborateurs (mise en scène, déco et montage).

L’idée était de comprendre ce que souhaitait Alain visuellement, son style, son approche, ses attentes. Et comme il l’avait précisé, il avait plutôt l’habitude de tourner l’été à la campagne, alors que là, il cherchait une ambiance hivernale, dans le centre de la France, à Clermont-Ferrand, avec ses pierres grises, l’humidité, le froid, la grisaille, les nuits qui tombent à 17 heures.

Et comment filmer la nudité (féminine), mélanger son regard au mien derrière la caméra, sans complaisance mais avec une certaine bienveillance.

Et comment filmer en studio la moitié du film, comment recréer l’appartement de Médéric – le personnage principal – « sans que cela se voit », ainsi que la cage d’escalier, et l’appartement de son voisin, et la réception de l’hôtel, et la chambre de l’hôtel.
Recréer dans des dimensions réelles les espaces, avec des photos agrandies en guise de découvertes avec la même perspective que le véritable appartement de l’immeuble de Clermont-Ferrand (nous y avons tourné les extérieurs et l’entrée de l’immeuble). Donc une étroite collaboration avec Emmanuelle Duplay, sa chef décoratrice.
Trouver une lumière qui fasse "vraie", comprendre à composer la lumière en fonction des personnages et de leur univers.

Nous avons été arrêtés en plein tournage, comme beaucoup d’entre nous, en mars 2020 et nous avons repris en juin. Tout avait été laissé « tel quel » dans le studio, pendant plusieurs semaines, et lorsque nous avons repris, un plaisir de tout retrouver à leur place, câbles, projecteurs, cadres de gélatines, accessoires, comme si nous avions passé une période de long sommeil.
Et un plaisir évident de se re-rencontrer, acteurs comme équipe technique, et la vie a repris dans notre "faux" appartement, dans notre fausse cage d’escalier, à travers les fenêtres et avec nos fausses découvertes. Avec l’avantage que rien n’avait changé, ni la saison ni la météo, toujours pas de feuilles aux arbres, un certain avantage finalement d’être dans "du faux"… seuls les habits hivernaux des personnages n’étaient plus vraiment appropriées à la chaleur du studio du mois de juin.

Et j’ai beaucoup appris avec Alain, comment il amène les acteurs à rentrer dans leur personnage, comment il induit un découpage, une manière de filmer. Nous avions répété entre nous pendant la préparation toutes les scènes avec l’application Artemis, puis nous triions les plans photographiés, et nous les imprimions dans l’ordre du scénario, afin d’avoir une vision globale du rythme et de la continuité, un peu comme un "photo-montage". Et nous modifiions sur le plateau notre découpage en fonction du déplacement des acteurs, de ce qu’ils proposaient.
Et avec de la bonne humeur et du plaisir, un élément important pour Alain. On peut être concentré, sérieux, mais on a le droit de rigoler aussi, tout en s’appliquant au mieux…. Très juste combinaison je pense…

Bande annonce


https://youtu.be/JFf8tfvLkVQ

Équipe

Chef électricienne : Marianne Lamour
Chef machiniste : Léo Stritt
Assistante opératrice : Hélène Degrandcourt

Technique

Matériel caméra : TSF Caméra (Arri Alexa Mini, Cooke s4)
Matériel lumière, machinerie : TSF Lumière, TSF Grip
Etalonnage : Christophe Bousquet / Mopart

synopsis

À Clermont-Ferrand, Médéric tombe amoureux d’Isadora, une prostituée de 50 ans, mais elle est mariée. Alors que le centre-ville est le théâtre d’une attaque terroriste, Selim, un jeune sans-abri se réfugie dans l’immeuble de Médéric provoquant une paranoïa collective. Tout se complique dans la vie de Médéric, tiraillé entre son empathie pour Sélim et son désir de vivre une liaison avec Isadora.