Retour sur la Caméra d’or 2018

Par Jeanne Lapoirie, AFC

par Jeanne Lapoirie La Lettre AFC n°287

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Il faut commencer par dire que c’est une magnifique expérience que je conseille à tout le monde d’essayer si vous en avez la possibilité. Un grand plongeon dans le cinéma. Moi qui n’allais que très rarement en salles voir des films ces derniers temps - oui, j’ai un peu honte de le dire mais c’est vrai -, ça a été un premier plaisir : voir des films sur grand écran.

Et puis, ne voir que des premiers films, donc quasiment que des films de réalisateurs nouveaux, dont on n’a jamais entendu parlé, on y va sans rien connaître, en toute innocence, on ne sait absolument pas ce qu’on va voir, deuxième plaisir !

Puis vient le moment de la projection et là je dois dire que la programmation était très riche. C’est une programmation transversale, dix-neuf films, tous les premiers longs métrages de toutes les sélections, hormis l’ACID. Les sélections de la Semaine de la Critique et d’Un Certain Regard étaient de très haut niveau, beaucoup de films très forts, dans des univers et des styles assez différents, ce qui nous a donné l’occasion de beaucoup discuter cinéma, mise en scène, politique, rapports humains et sociaux, et là, troisième plaisir..., l’échange intellectuel, la discussion, la découverte de la vision des autres, vous ouvrent des perspectives nouvelles.

Un jury formidable : Ursula Meier (réalisatrice suisse) comme présidente, les frères Larrieu (réalisateurs), Marie Amachoukeli (une des trois réalisateurs de Party Girl, film qui a remporté la Caméra d’or en 2014), Iris Brey (critique) et Sylvain Fage de chez Cinéphase (studios de mixage et de son). Une très bonne entente dans notre jury quasiment 100 % français, mis à part la présidente.

Le jury de la Caméra d'or 2018 - De g. à d. : Iris Brey, Marie Amachoukeli, Arnaud Larrieu, Ursula Meier, Jean-Marie Larrieu, Jeanne Lapoirie, Sylvain Fage - Photo Patrice Lapoirie
Le jury de la Caméra d’or 2018
De g. à d. : Iris Brey, Marie Amachoukeli, Arnaud Larrieu, Ursula Meier, Jean-Marie Larrieu, Jeanne Lapoirie, Sylvain Fage - Photo Patrice Lapoirie

Il nous a été très chaudement recommandé de ne pas faire d’ex æquo ni de remettre de mentions, ce qui a rendu le choix très difficile et les débats parfois très tendus. Ne choisir qu’un film et être tous d’accord sur le même n’a pas été du tout évident. Cela donne à nouveau l’occasion de se questionner sur pourquoi on les aime ou pas, sur leurs qualités de mise en scène, de sujet ou autre. Et débat de nouveau, questionnements...
Découverte d’autres univers et autoquestionnement sur son propre travail, ça a été une expérience personnellement très enrichissante !

Nous avons vu beaucoup de beaux films qui resteront encore longtemps dans mon esprit et que je vous invite à découvrir dès qu’ils sortiront. Plein de nouveaux réalisateurs dont on a hâte de voir les prochaines productions.
Un grand merci à l’équipe encadrante de la Caméra d’or, et particulièrement à Olivier Gautron, notre ange gardien.
Caméra d’or attribuée à Girl, de Lukas Dhont et photographié par Frank van den Eeden, film belge, qui a remporté aussi la Queer Palm, le prix d’interprétation de la sélection Un Certain Regard, et le prix Fipresci de la presse.

Quelques autres magnifiques premiers films :

  • Diamentino, de Gabriel Abrantes (prix de la Semaine de la Critique), DP Charles Ackley Anderson
  • Shéhérazade, de Jean-Bernard Marlin, DP Jonathan Ricquebourg, AFC
  • Teret, film serbe, de Ognjen Glavonic, DP Tatjana Krstevski
  • One Day, film hongrois de Zsófia Szilágyi, DP Balázs Domokos
  • Sauvage, de Camille Vidal-Naquet (prix d’interprétation de la Semaine de la Critique), DP Jacques Girault
  • Chris the Swiss, documentaire suisse d’Anja Kofmel
  • Sofia, de Meryem Benm’Barek, DP Son Doan.