Darius Khondji, AFC, ASC, parle de son travail sur "My Blueberry Nights" de Wong Kar-wai

film d’ouverture du 60e Festival de Cannes, en Compétition officielle

Quelques lignes sur le tournage de My Blueberry Nights de Wong Kar-wai que j’ai tourné avec lui l’été dernier à travers les Etats-Unis.
WKW et moi, nous sommes rencontrés par l’intermédiaire d’un de ses producteurs. Notre projet initial devait être un autre film qui après avoir été retardé plusieurs fois ne s’est finalement pas fait.

Puis après sa rencontre avec Norah Jones, Wong Kar-wai m’a parlé de ce projet qu’il avait envie de faire avec elle.

Il voulait à l’origine faire un petit film tourné presque comme un documentaire centré autour de son personnage principal et entouré de quelques acteurs de son choix.

Photogramme extrait de My Blueberry Nights
Photogramme extrait de My Blueberry Nights

Puis au moment de la préparation et en tournant des tests nous nous sommes orientés vers un autre type d’images plus en longues focales mais nous avons gardé l’esprit d’un tournage léger .
Par exemple, nous préparions très peu, arrivions dans les décors parfois le jour même avec une petite équipe excellente d’électriciens de machinistes et d’assistants mais réduite au minimum pour un film de type " Union " aux Etats-Unis.
Je n’avais avec moi que les chefs de poste et je cadrais moi-même.
J’ai eu la chance de travailler avec des techniciens exceptionnels dont Michael Coo, mon " Key Grip ", Gene Engels, mon " Gaffer " et Felipe Reinheimer mon 1er assistant caméra.

Je leur dois beaucoup pour leur aide et leur passion pour notre film.

Photogramme extrait de My Blueberry Nights
Photogramme extrait de My Blueberry Nights

Les repérages ont été un moment extraordinaire. Nous avons voyagé à travers les Etats-Unis deux fois : une première fois où je n’étais qu’avec mon producteur francais, Stéphane Kooshmanian et Sam notre location manager de New York, puis WKW s’est joint à nous, et nous sommes retournés dans certains des endroits qui nous plaisaient le plus comme Memphis, Las Vegas, Ely une petite ville de casinos perdue au milieu du desert du Nevada.

Nous avons comme ça beaucoup voyagé ensemble tous les quatre en écoutant de la musique avec un I-pod branché sur la radio de la voiture.
Nous avons roulé de jour et de nuit, tout en s’arrêtant et en prenant des photos comme on aimerait faire le film, d’une façon legère et intuitive.

Photogramme extrait de My Blueberry Nights
Photogramme extrait de My Blueberry Nights


J’ai souvent eu le sentiment quand je tournais avec WKW que nous étions un peu comme un groupe de musiciens en tournée.

Même le travail sur le plateau était comme une session de musique avec un groupe.

De retour à New York, nous avons mis à plat nos repérages et avons décidé d’endroits où nous aimerions retourner.

J’ai ensuite tourné des essais à New York en Fuji avec une série qui venait de sortir à ce moment là, les Master Primes de Zeiss.

A la vue des essais de nuit, nous avons tourné ce film avec des focales assez longues, et en Super 35 pour le format 1:2.35.

Photogramme extrait de My Blueberry Nights
Photogramme extrait de My Blueberry Nights


Technicolor a développé le négatif et Tim Massik de la société Company3 à New York nous a transféré les rushes en numérique .

Le film a été entièrement tourné sur des Arricam Lite de CSC qui nous ont beaucoup aidé, en rapport avec Otto Nemenz à Los Angeles.
Nous avons tourné ce film en 7 semaines et d’une façon tres légère pour un film " Union ".

Nous prenions les techniciens supplémentaires sur place selon que nous nous trouvions sur la côte Est ou Ouest des Etats Unis.
J’ai eu aussi une très grande joie à travailler avec William Chang, le directeur artistique/monteur de WKW.

Cette expérience m’a permis d’approcher mon travail d’une façon différente et plus instinctive.

Je dois beaucoup à WKW pour m’avoir entrainé dans cette aventure si particulière.