Décès du scénariste Gérard Brach

par Jean-Luc Douin

La Lettre AFC n°158

Féru de surréalisme, Brach réalise une série de dessins inspirés des Chants de Maldoror de Lautréamont, les porte à une galerie de la rive gauche qui les égare. Ses rêves artistiques s’effondrent, il devient assistant de production dans les années 1950, puis attaché de presse pour la Twentieth Century Fox.

Séduit par son imagination et par son goût du fantastique, Roman Polanski lui demande d’écrire le scénario de son court métrage La Rivière de diamants (1963). Amis et complices, les deux hommes collaboreront ensemble pour Répulsion (1964), Cul de sac (1965), Le Bal des vampires (1967), Quoi ? (1973), Le Locataire (1975), Tess (1978), Pirates (1986), Frantic (1988), Lunes de fiel (1992).
On a fait des univers clos la marque de fabrique de Roman Polanski, mais c’était d’abord celle de Gérard Brach, agoraphobe, qui vécut plusieurs années enfermé dans son appartement.

Il a aussi travaillé pour Claude Berri (Le Vieil homme et l’enfant, 1967, et Jean de Florette et Manon des sources d’après Marcel Pagnol, César du meilleur scénario 1987), pour Bertrand Blier (La Femme de mon pote, 1983), Pierre-William Glenn (Les Enragés, 1985), Eric Rochant (Anna Oz, 1995). Ainsi que pour Marco Ferreri (Rêve de singe, 1977, Pipicacadodo, 1980), Jean-Jacques Annaud (La Guerre du feu, César du meilleur scénario 1982, Le Nom de la rose d’après Umberto Eco, 1986, L’Ours, 1988, et L’Amant d’après Marguerite Duras, 1992), Michelangelo Antonioni (Identification d’une femme, 1982), Andréï Konchalovsky (Maria’s Lovers, 1984), Otar Iosseliani (Les Favoris de la lune, 1985), Roland Joffé (La Cité de la joie, 1992).

Gérard Brach avait lui-même réalisé deux films, La Maison (1970) et Le Bateau sur l’herbe (1971), tous deux marqués par son goût des personnages cocasses et des situations saugrenues.
(Jean-Luc Douin, Le Monde, 13 septembre 2006)