Communiqué

Le débat 4K – équilibre et contexte –, "Ce n’est pas qu’une histoire de résolution"

par Arri Camera Systems La Lettre AFC n°233

Selon le directeur de général d’Arri, Franz Kraus, la sur médiatisation de la définition 4K risque d’occulter bien d’autres aspects qui participent à la qualité globale d’une image. Voici ses réponses aux questions que l’industrie cinématographique se pose.

Pourquoi l’Alexa n’est pas une caméra 4K ?
Franz Kraus : Tout d’abord, aujourd’hui, l’importance de la résolution de l’image sur n’importe quel type de projet est fortement surestimée. Mettons les choses en perspective : lorsque Arri écrit les documents techniques de ses nouvelles caméras, il ne consacre qu’une seule ligne à la résolution et plus de 60 pages à tous les autres aspects qui font de nos produits des produits professionnels, fiables, pérennes et qui constituent un réel investissement.
La transition vers la 4K est en cours, certes, mais elle n’a pas encore percé le marché. Les flux de travail en 4K sur le plateau sont encore laborieux et la postproduction en 4K est toujours très coûteuse et longue. Pratiquement tous les films de long métrage sont postproduits en 2K, même ceux tournés en 4K ou plus, comme ce fut le cas pour les films Le Hobbit et Prometheus. Certaines productions choisissent le 4K en pensant pouvoir conserver le " workflow " en 4K jusqu’à la postproduction puis, elles découvrent, assez tardivement d’ailleurs, que celle-ci s’avère trop coûteuse et les productions sont obligées de revenir au 2K. Cela est arrivé récemment avec la superproduction Oblivion, photographié par Claudio Miranda, ASC.
Peu de DCP 4K sont actuellement disponibles et la plupart d’entre eux ont été fabriqués à partir de matériau en 2K. Les propriétaires de salles viennent de passer à la 2K. Et la dernière chose dont ils ont envie est de remplacer leurs nouveaux projecteurs 2K par des projecteurs 4K. Nombreux sont les diffuseurs qui n’ont achevé leur transition vers la HD. Il faudra attendre un certain temps avant qu’ils ne se décident à passer au 4K. C’est l’une des raisons qui expliquent que beaucoup de séries sont toujours filmées et archivées en ProRes 4:2:2 bien que des formats de qualité supérieur soient déjà disponibles. Il est encore temps de mettre en avant tous les autres éléments essentiels de la qualité d’une image, en plus de la résolution. Et c’est ce à quoi nous nous attelons en ce moment.

Sur quoi repose la qualité d’une image ?
FK : Une caméra 4K ne produit pas automatiquement une meilleure image en mouvement qu’une caméra 2K, car la résolution n’est qu’un des nombreux facteurs de la qualité globale d’une image. La plage dynamique ou la latitude de pose est particulièrement importante car si vous perdez du détail dans les ombres et dans les hautes lumières, aucune résolution ne pourra vous aider à récupérer cette information. La précision dans le rendu et la séparation des couleurs sont fondamentales pour les tons chair sans oublier la sensibilité, le contraste, la compression, le bruit numérique et la cadence. Tous ces paramètres doivent être dosés avec justesse pour obtenir les meilleurs résultats. La mise en avant de l’un d’eux par rapport aux autres peut s’avérer dommageable pour la qualité générale de l’image.
Il est fort probable que le point clé d’une image soit sa capacité à produire une sensation agréable chez le spectateur. Si la résolution était aussi importante, alors tout le monde ferait des films avec les caméras 4K les moins chères. Mais personne ne le fait. Les réalisateurs et les directeurs de la photographie veulent des caméras qui fassent honneur aux visages sans devoir passer des heures en postproduction. La plupart des plans d’un film de fiction veulent concentrer notre regard sur un visage. Et même si la haute résolution peut s’avérer fondamentale pour des plans de paysage, lorsque l’on filme des visages, d’autres éléments rentrent en compte dans la qualité globale de l’image.
Une résolution suffisante pour le support de sortie prévue est certainement un paramètre clé, mais de nombreux directeurs de la photographie nous ont confié que la latitude d’exposition, la gestion des hautes lumières et des tons chair naturels sont en réalité plus importants. Grâce à la conception du capteur de l’Alexa avec des photosites de grande taille, nous sommes en mesure de créer une caméra qui produit une grande qualité globale d’image.

Est-ce que Arri va réaliser une caméra 4K ?
FK : Nous développons actuellement la prochaine génération de caméras et oui, elles disposeront de résolutions supérieures à celle de l’Alexa d’aujourd’hui. Toutefois, une résolution plus élevée n’est pas notre objectif principal. Nous aspirons à la meilleure qualité d’image possible avec une facilité d’utilisation réelle, car c’est cet aspect-là qui a fait de l’Alexa un succès mondial ces trois dernières années. Ces priorités doivent rester des priorités si nous voulons que la haute résolution soit praticable. Lorsque le marché pourra mieux gérer les flux de travail et la diffusion en 4K, et lorsque une résolution plus élevée ne se traduira pas par une qualité d’image inférieure, nous serons en mesure de proposer à nos clients un système de caméra susceptible de garantir un retour sur investissement fiable.

L’achat d’une caméra 4K n’est-il pas, aujourd’hui, un investissement pérenne ?
FK : Rien qu’à observer la vitesse à laquelle de nouvelles caméras 4K sont introduites sur le marché, il est fort à parier que les caméras disponibles aujourd’hui seront vite remplacées par de meilleures caméras 4K lorsque le 4K aura atteint une certaine maturité. D’autre part, les images de l’Alexa garantissent leur pérennité, car leur qualité d’image globale très élevée fournit un matériau d’une telle qualité que vous pouvez faire n’importe quoi avec les images de l’Alexa et elles peuvent supporter des sorties en HD, 2K ou le suréchantillonage en 4K avec des résultats étonnants. D’ailleurs, Skyfall et Amour ont été tous les deux suréchantillonnés à 4K et Skyfall a été également diffusé à partir d’un magnifique DCP 4K IMAX, suréchantilloné à partir d’un Master numérique non compressé (DSM) ArriRaw 2,8K.
Les images de l’Alexa seront très belles sur les futurs écrans 4K, mais ces écrans du futur n’auront pas plus de résolution. Ils auront des rapports de contraste plus élevés et la plage dynamique de l’Alexa aura toute sa place car avec un contraste accru, la sensation de définition sera également accrue.
D’autre part, l’ArriRaw est un format ouvert. C’est-à-dire qu’il n’est pas chiffré. Ainsi, les fichiers peuvent être manipulés et on peut y mettre en œuvre tout type de traitement image, même si Arri venait à disparaître. D’autres fabricants contrôlent davantage leurs fichiers de telle sorte qu’ils imposent des restrictions d’archivage. Fondamentalement, l’ArriRaw est un fichier non compressé, sans artefacts de compression pour les effets visuels et l’étalonnage. Avec notre nouveau module XR, livré avec toutes les caméras Alexa XT mais également disponible en tant que mise à niveau pour les Alexa existantes, vous pouvez filmer en ArriRaw non compressé sans enregistreur externe jusqu’à 90 i/s au format 4:3, ou jusqu’à 120 i/s au format 16:9.

A-t-on besoin d’images 4K pour le grand écran ?
FK : Les deux plus grands succès de 2012, The Avengers et Skyfall, ont tous deux été filmés avec des Alexa, et ils ont tous deux été projetés en IMAX, le format de projection grand public le plus grand au monde. Si Alexa n’était pas adaptée à la projection sur grand écran, alors Sam Mendes et Roger Deakins, ASC, BSC, ne l’auraient pas choisie pour Skyfall, ni Joss Whedon et Seamus McGarvey, ASC, BSC, pour The Avengers. Ces grands cinéastes, qui avaient déjà travaillé avec l’Alexa, ne l’ont pas abandonnée pour travailler avec des caméras 4K. Et les studios Marvel continuent d’utiliser l’Alexa pour leurs dernières productions, ainsi que Roger Deakins.

La 4K n’est-elle pas plus adaptée pour les effets visuels ?
FK : La réalisation d’effets visuels complexes pourrait justifier le recours à des images d’une plus grande résolution, mais la plupart des films réalisent leurs VFX en 2K car les coûts et les temps de rendu sont encore et toujours exorbitants. Des films tournés en Alexa ont gagné les Oscars de la meilleure photographie et des meilleurs effets visuels en 2012 (Hugo Cabret) et en 2013 (The Life of Pi). Il est donc évident que les images de l’Alexa sont très bien adaptées aux films avec des effets spéciaux lourds et pour le grand écran. Et bien d’autres films avec des effets spéciaux conséquents sont en cours de production dans les principaux studios. Beaucoup de superviseurs d’effets visuels nous ont confié qu’ils préféraient avoir des images de grande qualité plutôt que des images à haute résolution ou de « meilleurs pixels plutôt que plus de pixels », comme l’a exprimé l’un d’entre eux. Jusqu’à ce que les deux soient possibles, l’avantage de la dernière option est relatif.

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