Le directeur de la photographie Yann Maritaud parle à Panavision France du tournage de "La Fille qu’on appelle"


Le chef opérateur Yann Maritaud a photographié La Fille qu’on appelle, de Charlène Favier, avec du matériel de prise de vues de Panavision Marseille. Dans cette interview, il parle de son implication dans ce projet et expose ses choix de matériel.

Comment avez-vous été impliqué dans le projet ?
Yann Maritaud : Charlène Favier était une collaboratrice de longue date, après avoir tourné quatre courts métrages et un clip expérimental ensemble, elle m’a proposé son premier long métrage, Slalom, tourné en 2019. C’est donc dans la continuité de cette collaboration exaltante qu’elle m’a proposé La Fille qu’on appelle, et que j’ai naturellement répondu présent.

Comment décririez-vous le look du projet ?
YM : Sur les films de Charlène, il s’agit toujours de flirter entre le réalisme et l’onirique. Un travail de la couleur et des textures qui dé-réalise subtilement l’univers dans lequel évoluent ses personnages, pour renforcer le récit, soutenir les émotions et se rapprocher d’un ressenti sensoriel, couplé au travail du son.

Photo : François Lefebvre


Y avait-il des références visuelles particulières qui vous ont inspirés ?
YM : Charlène travaille avec un immense "moodboard" évolutif tout au long de la préparation, dans lequel se côtoient des photogrammes de films, de la peinture, des photos et même des images de provenances inconnues. Il en résulte une direction artistique qui sert tous les postes visuels, et parfois inspirent la composition d’un plan ou d’une mise en lumière.

Photo : François Lefebvre


Qu’est-ce qui vous a amené chez Panavision pour ce projet ?
YM : Panavision est un partenaire de longue date pour Charlène comme pour moi. Paul-Jean Tavernier et Alexis Petkovsek avaient pris soin de nous sur les projets précédents et, cette fois, c’est Fabrice Gaumont, à Marseille, qui à été notre interlocuteur. A titre personnel, j’aime toujours aller chez Panavision car je sais que je trouverai mon bonheur dans le large choix d’optiques anciennes !

Photo : François Lefebvre


Qu’est-ce qui vous a attiré dans les objectifs spécifiques que vous avez choisis ?
YM : Après avoir tourné Slalom avec la série B anamorphique, dont nous adorions le rendu, nos tests nous ont cette fois-ci orientés vers les Primo anamorphiques "Close Focus". Déjà séduits par le look de l’anamorphique lors de nos précédentes collaborations, la beauté de l’image produite par ces optiques nous a convaincus immédiatement. C’était un choix très instinctif, mais que j’expliquerais par un juste dosage des caractéristiques de l’anamorphique (bokeh, déformations...) sans aller jusqu’à une image trop abimée, ainsi que par la douceur du rendu des peaux. Même pas besoin de filtrer !

Photo : François Lefebvre


Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir directeur de la photographie et qu’est-ce qui vous inspire aujourd’hui ?
YM : Vers sept, huit ans, j’ai participé à un "atelier tournage" au festival du film pour enfants de mon village d’enfance, depuis je rêve d’être derrière la caméra.

Même s’il a fallu une bonne douzaine d’année supplémentaires pour que je comprenne ce qu’était réellement le métier de directeur de la photographie, j’ai toujours poursuivi ce but, jusqu’à mes premiers pas sur un plateau en tant qu’électricien, pour comprendre comment sculpter la lumière. Je ne me suis pas attardé longtemps à ce poste, déjà porté par l’envie de mettre en image des histoires, en me lançant dans le court métrage. Mon passage au long métrage s’est joué en 2014, lorsque j’ai eu la chance de co-photographier avec Tom Stern Cessez-le-feu, d’Emmanuel Courcol.

Photo : François Lefebvre


Ce qui m’inspire, aujourd’hui, ce sont des scénarios de qualité, portés par des réalisateurs ou des réalisatrices inspirés. J’aime les films qui se saisissent de causes ou qui portent des messages en accord avec mes propres valeurs. C’était le cas sur La Fille qu’on appelle.