Présentation de Martin Roux, directeur de la photographie nouvellement admis à l’AFC

Par Céline Bozon, AFC, et Caroline Champetier, AFC

par Céline Bozon, Caroline Champetier Contre-Champ AFC n°350

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Le directeur de la photographie Martin Roux vient de rejoindre l’AFC en tant que membre actif. Ses marraines, les directrices de la photographie Céline Bozon, AFC, et Caroline Champetier, AFC, présentent dans les textes qui suivent ce nouveau venu au sein de l’association.

Martin Roux, une envie de collégialité des savoirs, par Céline Bozon, AFC
Pour moi Martin Roux est l’exemple de l’élève qui dépasse très largement le "maître", (j’aimerais pouvoir dire "maîtresse"). C’était la même chose pour Florine Bel, elle aussi élève de Louis-Lumière. J’ai eu les deux à l’école dans des exercices différents. Martin était présent à la présentation d’un film d’Axelle Ropert, Tirez la langue mademoiselle.

Depuis les essais optiques et surtout l’échange "Vers de la couleur" mené avec Caroline Champetier puis relayé par Pierre Cottereau, Thibault Carterot, et moi-même sur le site de l’AFC, je suis en lien avec Martin. C’était en 2020 et nous avons depuis beaucoup échangé sur les optiques, la possibilité des traitements de postprod et la question de la place de l’étalonneur. Nous avons fait ensemble une table ronde au Micro Salon de l’AFC en 2022 sur la question.
C’est une génération qui contrairement à nous est née dans le numérique en termes d’apprentissage (d’où la finesse de ses analyses mathématiques de la couleur) et en termes de cinéphilie a un vrai lien avec l’argentique.
Ce qui lui donne une pertinence et une précision folle sur l’analyse de la couleur, en termes de perception, de culture, d’outils. Il développe avec Paul Morin (chef opérateur) et Olivier Patron (DIT) un outil de fabrication de LUT que j’ai utilisé sur le dernier film d’Alain Gomis, avec Laurent Ripoll (étalonneur), et que je l’ai beaucoup encouragé à partager avec un plus grand nombre (par exemple à l’AFC).

Martin a beaucoup à nous apprendre. Par ailleurs il a une vrai conscience politique des enjeux économiques qui se jouent sur les laboratoires actuels. Et une envie de "collégialiser" les savoirs pour résister à l’industrie dans ce qu’elle a de plus écrasant et dogmatique, qui me paraît vitale aujourd’hui pour la création des images.

Martin Roux, une nécessité enthousiasmante de rentrer à l’AFC, par Caroline Champetier, AFC
Martin Roux était dans sa dernière année de l’ENS Louis-Lumière quand je l’ai rencontré. Il terminait un mémoire intitulé "De l’esthétique argentique dans la construction des caméras numériques" et souhaitait s’entretenir avec Jean-Pierre Beauviala qui travaillait sur la Delta numérique. Ceci pour préciser la façon dont il est absolument de son époque en en étant conscient et déjà décidé à en interroger les paradoxes.
Depuis, nous avons travaillé ensemble sur plusieurs films (il a également secondé Denis Lenoir) et c’est à lui que je dois de m’être questionnée sur le traitement des images et ce que nous devions légitimement attendre des nouveaux laboratoires.

Depuis 2018 il a signé l’image d’une dizaine de films, dans lesquels il affirme un talent certain, continue d’interroger le traitement des images, et où se dessine un vrai engagement dans le cinéma sous toutes ses formes.
Pendant le confinement il a décidé de lire tous les textes existants sur la couleur au cinéma dont ceux de Kodak, quand nous nous sommes revus il m’a semblé impératif de faire partager le cheminement de ses réflexions aux membres de l’AFC et aux utilisateurs du site, il en a résulté les textes "Vers la couleur" qui ont eu un certain retentissement et ont participé à une prise de conscience de nombre d’entre nous.


Pour Martin, le savoir technique est le contraire d’une chasse gardée mais un endroit d’échange qu’il appartient à chacun de mettre en cause et d’enrichir. Ajouté à cela, il a l’esprit d’entreprise, ce qui l’a amené à créer une société où DoP, DIT, étalonneur ont mis leur inventivité en commun afin de concevoir un outil qui permette d’émuler des courbes pour des films en production comme des films en restauration. Je viens de l’expérimenter sur la restauration de Pola X, de Leos Carax, dont l’image était signée par Eric Gautier qui nous a formidablement facilité le travail.
Martin a également participé par deux fois aux tests optiques AFC, en ne s’épargnant pas auprès des loueurs et des fabricants pour les convaincre de nous suivre dans cette aventure qui continue avec la probable construction du site.
C’est dire que n’étant pas encore membre de notre association il y a grandement participé et apporté au groupe, comme à plusieurs d’entre nous individuellement.

Nous étions nombreuxeuses à lui proposer de rentrer à l’AFC, il attendait sans doute d’en ressentir la nécessité, c’est enthousiasmant qu’elle se soit enfin manifestée.