Retour sur la cérémonie d’ouverture du 31e Camerimage

Par Margot Cavret


La trente-et-unième édition du festival Camerimage s’est ouverte ce samedi 11 novembre. Cette date évocatrice et commémorative pour toute l’audience internationale de cet événement l’est d’autant plus pour le pays hôte du festival. En effet, l’armistice de la Première Guerre mondiale acte également le retour de l’indépendance nationale en Pologne, ce qui fait de cette date la fête nationale polonaise. Les différents représentants polonais se succédant au micro n’ont eu de cesse de souligner avec fierté la coïncidence entre une célébration de l’Histoire polonaise et celle du présent de la cinématographie mondiale.

La cérémonie s’est composée durant deux heures d’une alternance entre les présentations des sélections compétitives du festival et les remises des prix spéciaux de cette année. Le premier à être récompensé est Volker Schlöndorff, gratifié de la médaille du maire de Toruń, et remise par celui-ci, pour sa contribution à la fondation du festival et pour son soutien bienveillant à la cinématographie polonaise.

Volker Schlöndorff et le maire de Toruń - Photo Katarzyna Średnicka
Volker Schlöndorff et le maire de Toruń
Photo Katarzyna Średnicka

Jon Kilik a été récompensé de l’"Award for producer with unique visual sensitivity". Très touché, Jon Kilik a rendu hommage aux chefs opérateurs qui ont partagé leur passion avec lui au début de sa carrière : « Ils m’ont laissé regarder à travers l’objectif, et m’ont encouragé à poursuivre mon rêve ». Très fier de sa filmographie, qui sera mise à l’honneur par une rétrospective spéciale durant toute cette édition du festival, Jon Kilik a insisté sur l’influence artistique du producteur sur le film : « Ce n’est pas juste un poste financier, je cherche toujours à produire des films qui ont un sens, qui racontent une histoire qui me touche. Mon travail est d’aider les réalisateurs, les acteurs, les directeurs de la photographie dans le processus créatif et visuel ». Celui-ci a également tenu rendre hommage à la Pologne, à Toruń et à Copernic qui en est originaire : « Il a été le premier à proposer l’idée que peut-être l’univers ne tournait pas autour de nous, que c’est bien la Terre qui tourne autour du soleil et non l’inverse. Certains décideurs devraient se souvenir de cette leçon d’humilité, tout ne tourne pas autour de soi, nous avons besoin du soleil, comme nous avons besoin les uns des autres. »

Marek Żydowicz et Jon Kilik, prix en main - Photo Katarzyna Średnicka
Marek Żydowicz et Jon Kilik, prix en main
Photo Katarzyna Średnicka

Le festival rendra d’ailleurs hommage cette année à cette figure emblématique pour célébrer le 550e anniversaire de sa naissance à Toruń, à travers une sélection de films le mettant à l’honneur, ainsi qu’avec l’exposition exceptionnelle du tableau L’Astronome Copernic ou Conversations avec Dieu, du maître polonais Jan Matejko, prêté exceptionnellement par Varsovie pour la durée du festival.

Les frères Quay se sont quant à eux vu remettre l’"Award for director with unique visual sensitivity". Ils donneront une conférence lundi à la suite de la projection d’un best-of de leur filmographie, envoûtant mélange entre prise de vues réelle et stop-motion.

Les frères Quay, prix en mains - Photo Katarzyna Średnicka
Les frères Quay, prix en mains
Photo Katarzyna Średnicka

Le directeur du festival Marek Żydowicz a rendu un hommage ému à John Bailey, ASC, qui avait reçu le "Lifetime Achievement Award" en 2019, et dont le décès, l’avant-veille de l’ouverture du festival, a ébranlé la profession. Pour lui rendre hommage, le discours que celui-ci avait donné à la réception de son prix a été rediffusé lors de cette cérémonie d’ouverture.

Hommage rendu à John Bailey - Photo Katarzyna Średnicka
Hommage rendu à John Bailey
Photo Katarzyna Średnicka

Cette année, le récipiendaire du prix est le directeur de la photographie Peter Biziou, BSC, que l’audience a salué d’une enthousiaste standing ovation. Celui-ci est brièvement revenu sur l’origine de sa passion pour le cinéma, née dans le studio d’animation de son père, et a salué les réalisateurs dont il aime tant accompagner les histoires, ainsi que l’implication de ses équipes. Sa filmographie sera également célébrée tout au long du festival par des projections, Master Class et Q&R.

Peter Biziou et sa Grenouille d'or spéciale - Photo Katarzyna Średnicka
Peter Biziou et sa Grenouille d’or spéciale
Photo Katarzyna Średnicka

Enfin, le dernier à recevoir une gratification lors de cette 31e cérémonie d’ouverture est le comédien Adam Driver, gratifié du "Special award for an actor". Celui-ci a commencé par remercier les directrices et directeurs de la photo présents devant les caméras desquels il est passé, puis a rendu hommage avec humilité au cinéma, médium universel et immortel permettant de connecter les cultures du monde entier : « Quand j’étais enfant, j’adorais voir des films me présentant un autre monde que ce qui était mon quotidien. Je me sentais, d’une façon où d’une autre, relié à ces films. Plus ils proposaient une vision originale du monde, plus je me sentais résonner avec eux. Pour être comédien, il faut entrer en empathie pendant plusieurs mois de tournage avec la vie de quelqu’un d’autre, essayer de le comprendre pour pouvoir l’interpréter, sans jugement. A ce titre, je suis fière d’être acteur ». Adam Driver accompagne également le film Ferrari, candidat à la Grenouille d’or dans la compétition principale, dont il interprète le rôle-titre.

Adam Driver recevant son prix - Photo Katarzyna Średnicka
Adam Driver recevant son prix
Photo Katarzyna Średnicka

Enfin, la cérémonie s’est conclue par la projection du film d’ouverture, Poor Things, de Yorgos Lanthimos, présenté par le directeur de la photographie Robbie Ryan, ISC, BSC, l’étalonneur Greg Fisher et le comédien Willem Dafoe. Suite à la projection du film, très engagé tant dans son propos que dans son aspect, ceux-ci ont donné une courte Q&R, lors de laquelle ils ont rendu hommage à la mise en scène très travaillé et réfléchie sur tous les aspects du film de Yorgos Lanthimos, ainsi qu’à la performance et à l’implication dans le processus de création du film de la comédienne principale Emma Stone. Voir un entretien avec Robbie Ryan disponible sur le site de l’AFC.

De g. à d. : Willem Dafoe, Greg Fisher et Robbie Ryan - Photo Katarzyna Średnicka
De g. à d. : Willem Dafoe, Greg Fisher et Robbie Ryan
Photo Katarzyna Średnicka