Face à la nuit

City of Last Things
Trois nuits de la vie d’un homme à trois époques de sa vie (hiver 2049, été 2016 et printemps 2000), racontées à rebours. Chaque nuit est un moment décisif de sa vie. Le tournage de ce film s’est effectué à Taiwan principalement, plus cinq jours à Séoul pour avoir l’ambiance hivernale et la neige. Hormis les séquences d’ouverture et de fin du film, ce fut un tournage entièrement nocturne.

Après plusieurs films plus grand public en Chine, accompagné par un DoP australien, Wi-ding Ho désirait collaborer avec un directeur de la photographie européen pour son retour vers le film d’auteur. Suite à un long casting, c’est vers moi que son choix s’est porté, à ma plus grande satisfaction car j’étais très attiré par le scénario et son désir d’une image puissante et résolument non réaliste.

Photo Jean-Louis Vialard


Photo Jean-Louis Vialard

Son premier court métrage, Respire, primé a Cannes en 2005 (Semaine de la critique) tourné en 35 mm et développé sans blanchiment était sa référence initiale en termes d’image. Mais le budget restreint du film et la fermeture du dernier laboratoire taïwanais après The Assassin, de Hou Hsiao-hsien, étaient un sérieux frein à son désir. Par chance, je venais de terminer une œuvre de l’artiste plasticien Laurent Grasso sur laquelle nous avions utilisé de Ia Fuji Eterna 500 périmée et nous étions très satisfaits du rendu. II restait chez Color City (ex Cinedia) un stock important de négatif 35 mm Fuji à prix bradé (40 € Ia boîte de 300 mètres). Pas suffisamment d’Eterna mais de la Reala 500D en quantité qui s’est révélée parfaite avec les éclairages LEDs et fluorescents des nuits taïwanaises.
Le laboratoire Modern Cinema a, pour l’occasion, redémarré sa chaîne photochimique et, après des tests, nous avons opté pour un développement sans blanchiment à 50 %, Ia pellicule étant déjà assez granuleuse, plus de sept ans après sa fabrication. Le travail photochimique a été impeccable, aucune poussière ou rayure sur l’ensemble des négatifs.
Modern Cinema, laboratoire et prestataire technique, possède une Aaton Penelope et nous avons tourné en Scope Super 35 3perfs (avec un dépoli Scope gentiment prêté par Jacques Delacoux, Transvideo) et une série Zeiss Ultra Prime.

Le film tourné entièrement à l’épaule, par le très talentueux Chi-Ming Sun, dont c’était le premier film au cadre, a toujours été à l’écoute de nos désirs de composition parfois hors normes. Notre référence principale était, pour le cadre, le magnifique film de Nagisa Oshima, Contes cruels de la jeunesse (1960), d’une époustouflante modernité.
Le principal défi en termes de cinématographie était de rendre palpable la temporalité de ces trois périodes tout en gardant une continuité visuelle sur l’ensemble du film. Nous avons longuement travaillé pendant la préparation avec Wi-ding Ho sur des références visuelles et, pendant le tournage, il m’a laissé la direction artistique sur toutes les teintes et densités des décors et costumes. Les nuits urbaines à Taiwan sont suréclairées et le plus souvent la mise en lumière consistait à couper des sources gênantes ou à rajouter un AirLite 1 800 W en contre-jour et un Flexlite perché en douche sur les acteurs.
En intérieur, j’ai principalement utilisé les "props" du décor soigneusement choisis avec le chef décorateur, avec en plus des lanternes japonaises garnies d’ampoules sur "dimmer" et parfois un ou deux Kino Flo dans les fenêtres avec un 1/2 Plus Green.

Photo Jean-Louis Vialard


Photo Jean-Louis Vialard

Un grand merci à Color Paris qui a effectué la prestation numérique malgré le budget dérisoire et à Didier Lefouest, l’étalonneur qui a su magnifier ces images fort brutes sans perdre le côté organique du 35 mm sans blanchiment.

La presse anglo-saxonne mentionne le travail de Jean-Louis Vialard :
« […] the sleazy richness of Jean-Louis Vialard’s camerawork elsewhere, which swaddles the images in the dirty grain of 35mm film, and lights them in slick pools of oily neon…
Triangulated between the swooningly stylized romance of Wong Kar-wai, the genre-edged realism of Jia Zhang-ke, and the humid dreaminess of Apichatpong Weerasethakul (whose Tropical Malady was also shot by Vialard), Cities of Last Things has a gorgeously textured look in which even the blackest shadows seem to buzz with life and menace... »

  • Lire l’intégralité de l’article sur le site Internet de Variety

« The film begins in the future, somewhere in Taiwan or perhaps on the Chinese mainland, a setting brought to life by chief cameraman Jean-Louis Vialard’s unforgettable visuals (Tropical Malady). In the first episode, Vialard and Wi-ding Ho recreate a futuristic dystopia in 35mm with hyper-technological urban decor which, much like Blade Runner, is enveloped in an eternal night, illuminated by inexhaustible flashing neon lights. »

  • Lire l’intégralité de l’article sur le site Internet de Cineuropa

« The work of French cinematographer Jean-Louis Vialard (In Paris, Tropical Malady) is always richly textured and atmospheric, even as the decades, temperatures and times of day change across the segments. His work in the second part, which plays like a kind of tropical film noir shot on gorgeous color stock, is especially noteworthy. »

  • Lire l’intégralité de l’article sur le site Internet du Hollywood Reporter.
  • Ce film a remporté le Grand Prix Platform à Toronto et le Grand Prix au Festival du Film Policier de Beaune.
  • Télécharger le PDF du dossier de presse
Dossier de presse de "Face à la nuit".pdf

Bande-annonce officielle VOST


https://youtu.be/IbvASatJQS8

Technique

Pellicule : Fujifilm 35 mm
Développement sans blanchiment : Central Lab Taipei
Matériel caméra : Aaton Penelope 3 perfs format 2,35, série Zeiss Ultra Prime
Laboratoire numérique : Color à Paris
Etalonnage : Didier Le Fouest

synopsis

Trois nuits de la vie d’un homme. Trois nuits à traverser un monde interlope, qui ont fait basculer son existence ordinaire. Il est sur le point de commettre l’irréparable. Mais son passé va le rattraper...