Les succès commerciaux du cinéma français le forcent à se serrer la ceinture

La Lettre AFC n°107

Ces baisses seront officiellement annoncées fin janvier et s’expliquent par le ralentissement de l’activité économique, mais aussi par les succès commerciaux des films français. Leur réussite permet de redécouvrir quelques effets inattendus du système français d’aide à la production.
Le compte de soutien au cinéma et aux industries de l’audiovisuel, géré par le CNC, est alimenté pour les trois quarts par un prélèvement sur le chiffre d’affaires des chaînes de télévision, pour le reste par la TSA, taxe sur les entrées dans les salles de cinéma. L’effondrement du marché publicitaire a fait chuter les résultats des chaînes, et la baisse du compte de soutien trouve là sa cause essentielle. Mais la hausse de la fréquentation cinématographique, loin de compenser les faiblesses des chaînes, les a aggravées.

C’est que la TSA est un faux impôt. Les producteurs français de films français récupèrent ce prélèvement à chaque fois qu’un spectateur va voir un de leurs films. Et même un peu plus, à condition de réinvestir cette prime supplémentaire dans un nouveau film. Cette prime à la réussite est désignée, dans la comptabilité du CNC, sous le vocable de " soutien automatique " ; elle doit être utilisée dans les cinq ans.
La TSA est prélevée sur tous les films, français ou pas. Les sommes collectées sur les films étrangers viennent également alimenter le compte de soutien. Leur reliquat, une fois versée l’aide automatique, vient alimenter les opérations d’aide sélective, dont la plus célèbre est l’avance sur recettes.

On l’aura compris, plus les films français ont de succès, plus l’aide automatique est importante au détriment de l’aide sélective. Ce coup de froid a remis en lumière les forces et les faiblesses du système français. On constatera encore une fois la grande dépendance du cinéma face à la télévision. Enfin, le mécanisme de la TSA tend à creuser l’écart entre petits et gros producteurs. Au CNC, on prépare une concertation avec les producteurs afin d’étudier une possible dégressivité du taux de retour, voire un plafonnement.
(Le Monde, 22 janvier 2002)