Rencontre conservation et valorisation des contenus audiovisuels et photographiques

Ou que sommes-nous venus faire à Chalon-sur-Saône ? Compte rendu très subjectif... mais réaliste par Willy Kurant

AFC newsletter n°161

A la demande du CA, j’ai donc représenté l’AFC à Chalon afin d’intervenir dans une table ronde " Restauration et conservation argentique & numérique " et d’essayer de défendre le point de vue suivant : le directeur de la photo doit être contacté (s’il est vivant) en cas de restauration d’un film dont il avait assumé les fonctions de chef opérateur (terme de l’époque).

J’avais l’intention ferme de raconter quelques mésaventures diverses... et de parler de la réserve distante... sinon du mépris affiché par la majorité... mais pas tous : postproducteurs, coloristes et autres " geeks " venus du digital ou des mathématiques (et très compétents dans ces domaines).

En pratique :
Pendant mon séjour, personne ne m’a présenté aux autres intervenants des panels, j’ai fait une tentative pendant un déjeuner où il me fut répondu que cela ne serait pas une table ronde (elle était rectangulaire !!!).
J’ai suivi d’autres interventions... où tous étaient d’accord : LE FILM bien conservé... est la meilleure sauvegarde possible : 25 ans à 16°, 50 ans à 8°... et 150 ans à 3° centigrade.
Il faut donc restaurer, dérayer, dépoussiérer, etc., etc. (chacun vendant/ou pas/son algorithme favori)... et ensuite transférer ses fichiers sur FILM. Conférence intéressante de Paul Read de la FIFA.

Le temps passant très vite, tout le monde parlant beaucoup, le retard s’accumule... Et 45 minutes avant le départ... une affichette étant confectionnée à la hâte... avec mon nom... le modérateur Stephan Faudeux me donne 5 minutes avant la prise de parole des autres intervenants : donc je parle et raconte quelques horreurs auxquelles nous avons été confrontés et demande l’aide déontologique des restaurateurs et postproducteurs !
Merci, cela n’arrivera plus, grâce au numérique, plus rien ne bougera, tout sera merveilleux... Et je réponds en racontant une aventure arrivée à Tom Stern... sur la 2e partie de Mémoires de nos pères (Lettres d’Iwo Jima) de Clint Eastwood : un mois d’étalonnage numérique... à leur entière satisfaction... et pendant que Tom prend enfin des vacances après un tournage parfaitement épuisant... un postproducteur du département numérique de Technicolor propose aux producteurs : 4 essais d’étalonnage différents... avec échantillons à l’appui.
Ayant découvert cela, Stern, avec l’appui d’Eastwood..., appelle le labo pour leur faire savoir qu’ils arrêtent de travailler avec eux... Le labo, rien que sur les copies perd 3 millions de dollars US... Ils passent avec négatifs, dossiers et bagages chez De Luxe... et ne reviendront éventuellement que si le responsable qui a pris cette initiative est viré.
Mon histoire n’appelle plus aucun commentaire : j’ai parlé 4 minutes, je suis applaudi par les représentants du CNC et de la CST (Philippe Bruneteau et Franck Ferrand, CST).
Et tout le monde recommence à parler " sérieusement " logiciels, algorithmes et catalogues disponibles après le débat...

Retour agréable avec Philippe, du CNC, et Daniel Borenstein.
Merci à Wilhem Cikhart, un des seuls organisateurs à m’avoir parlé à mon arrivée.