Après-midi d’étude "Objets et accessoires de cinéma, artefacts et icônes du monde moderne"

Pour leur prochain vendredi mensuel, le 24 mai 2024, les Conférences du Conservatoires de la Cinémathèque française proposent une après-midi d’étude, en partenariat avec l’AFAP, consacrée aux objets de cinéma et au métier de celles et ceux qui en ont la charge sur les tournages, accessoiriste de plateau.

Le robot de Métropolis, la "Bible" du Faust de Murnau, la tête de Mme Bates dans Psychose, la luge de Citizen Kane, la statuette du Faucon maltais... Ces objets de cinéma sont devenus peu à peu des icônes du monde moderne, obtenant des prix de vente record, trouvant place, comme des œuvres d’art d’importance, dans de grands musées à travers le monde.

Que contiennent les collections américaines, françaises, et celles du Qatar peu connues ? Comment distinguer un objet original d’une copie ? Comment expliquer le fétichisme qui entoure certains objets cinématographiques ?

Le métier d’accessoiriste de cinéma est très ancien, mais son histoire n’a jamais été retracée : en quoi consiste-t-il ? Où se trouvent les grands magasins d’accessoires ? Des professionnels expliqueront leur métier, leur quête, leur rôle souvent essentiel pendant les tournages.

- 14h30 : "Les collections d’objets de cinéma", par Charlyne Carrère
- 15h15 : "Les collections d’objets de cinéma à travers le monde", par Laurent Mannoni
- 16h : "Le musée du cinéma et de la miniature de Lyon", par Julien Dumont
- 17h : "Le métier d’accessoiriste – Table ronde avec Christian Gazio (accessoiriste et membre de l’AFAP), Kathy Lebrun (régisseuse d’extérieurs), Karine Menichetti (loueuse d’accessoires, Quiquistock), animée par Simon Tric, vice-président de l’AFAP.

En partenariat avec l’Association française des accessoiristes de plateau (AFAP).

Le métier d’accessoiriste, par Simon Tric, vice-président de l’AFAP
L’accessoiriste apparaît dans l’histoire du spectacle longtemps après les accessoires. Mais déjà au VIe siècle avant J.-C., Thespis d’Icare, premier acteur et auteur de tragédie, sillonnait la province athénienne dans son chariot – comme l’accessoiriste dans son camion !
Jusqu’au théâtre moderne, la présence des accessoires se confond avec celle des costumes et des masques, tous destinés à camper le personnage : un sceptre, et on a un roi.
Au Moyen Âge, le théâtre, populaire mais tombant en disgrâce, devient ambulant ; les objets sont peu nombreux, et parfois juste peints sur la toile de fond.
La scénographie moderne naît lorsque le théâtre retrouve un espace dédié. Et en 1606, Shakespeare met le premier un accessoire sur le devant de la scène : un crâne, celui d’un bouffon cher à Hamlet, auquel celui-ci s’adresse au-delà de la mort. Ce crâne devient par là un véritable interlocuteur, figurant même le spectateur qui l’écoute. Pour la première fois, un objet profane acquiert un rôle dramatique, est élevé au rang de personnage. Cet objet singulier deviendra le symbole de la pièce de théâtre, voire de toute l’œuvre de son auteur.
Dans le théâtre de marionnettes, comme celui de Guignol à partir de 1808, l’accessoire, par sa taille quasi identique à celle des personnages, confirme la place centrale qu’il peut occuper dans une dramaturgie comique. Mais ce n’est qu’en 1873 qu’on trouve trace du métier de "garçon des accessoires" quand, dans les théâtres de boulevards où se joue une grande variété de pièces, on crée les premiers magasins d’accessoires.
Et au début du XXe siècle, le cinéma commercial prend son essor ; le burlesque apparaît, où le ressort comique repose souvent sur des objets. La tarte à la crème connaît son heure de gloire et mérite déjà un gros plan, tandis qu’elle masque le visage du comédien : illustration de la reconnaissance désormais accordée aux accessoires.
Puis commence l’âge d’or des studios, où l’accessoiriste est essentiellement un exécutant, qui travaille aux abords de l’équipe qui a conçu et construit les décors en studios, dans lesquels sont intégralement tournés les films.
À la fin des années 1950, avec la Nouvelle Vague et les caméras légères, les tournages quittent les studios, et l’accessoiriste se sépare alors de l’atelier décoration. Il s’autonomise et devient un véritable interlocuteur du réalisateur et des comédiens.

Journée d’étude "Objets et accessoires de cinéma, artefacts et icônes du monde moderne"
Vendredi 24 mai 2024 de 14h30 à 18h
Salle Georges Franju
Cinémathèque française
51, rue de Bercy - Paris 12e

Prochaine conférence : vendredi 14 juin à 18h30
Rencontre avec Russell Carpenter, directeur de la photographie de James Cameron (
Titanic, Avatar…)