A Amiens, une belle semaine de cinéma
Par Gérard de Battista, AFCUne grande maîtrise de mise en scène, de cadrages, de lumières et un impressionnant jeune acteur, pour la première fois devant une caméra, Timur Aidarbekov, prix d’interprétation masculine.
Le Prix de la ville d’Amiens est allé à un film islandais, Of Horses and Men, de Benedikt Erlingsson. Un beau voyage dans ces paysages balayés par le vent, des chevauchées, de la nature, des rapports hommes-nature, hommes-chevaux, hommes-femmes parfois crus, durs, drôles, sensuels. Du cinéma de plein air et de santé. Là encore, grande maîtrise visuelle, mise en scène, caméra, quelques effets spéciaux astucieux (les chevaux vous voient et vous regardent !). Une belle troupe d’acteurs, parmi lesquels Charlotte Boving, Prix d’interprétation féminine.
Un film documentaire nous a beaucoup plu également, A gente, du Brésilien Aly Muritiba, sur l’univers carcéral vu uniquement du point de vue des gardiens (le réalisateur a été gardien de prison pendant sept ans !). Le personnage central du film est gardien de prison et prêcheur évangéliste. C’est un documentaire remarquablement filmé, de vraies options de réalisation dès le tournage (le réalisateur tient la caméra), on sent qu’il écoute vraiment ce qu’il filme, en prenant le temps, et en le restituant. Mais... on ne pouvait pas donner trois prix !
En dehors des films de la compétition, beaucoup de projections, d’hommages, de découvertes de réalisateurs lointains, et pas seulement par la géographie ! En vrac : le Sri-lankais Akosa Handagama, l’Anglais Mike Hodges (j’ai pu voir Le Croupier, formidable...), une rétrospective Gérard Blain, un hommage à Lam Lê (j’ai pu ainsi revoir Poussière d’empire dont j’avais fait l’image il y a 31 ans, émotion...), des films de science-fiction mexicains des années 1960 (de la série Z de chez Z, marrant), plusieurs films de cinéastes sud-africains d’aujourd’hui, un gros hommage cinématographique à Tulsa-Oklahoma (38 films), des documentaires italiens de l’époque du néo-réalisme (Risi, Antonioni, Visconti, De Seta, Olmi...), des courts métrages, des films d’animation, etc., etc. Tout plein de films, impossible de tout voir.
Et la partie " Caméflex "(la nôtre, AFC), l’hommage à Denis Lenoir, AFC, ASC avec neuf films qu’il a photographiés, une présentation de films (qu’il n’a pas faits) qui ont compté pour lui, et une Master Class en compagnie d’Olivier Assayas (merci à lui). Sur la scène, à leurs côtés : un vrai Caméflex, que nous avons, avec Dominique Gentil, sorti religieusement de sa caisse et installé sur un pied boule (nostalgie...).
L’avant-première de Belle et Sébastien, photographié par Eric Guichard, AFC. L’hommage à Luc Drion, SBC et à ses images (ah ! les tempêtes d’Océans !). La photo de groupe AFC pour finir en beauté (plus de vingt directeurs de la photo paraît-il).
Voilà donc une très belle semaine de cinéma, des images et de la fraternité plein les yeux et le cœur.
A l’année prochaine, donc, à un peu plus d’une heure de la rue Francœur, à Amiens.
(En vignette de cet article, une image du film Leçons d’harmonie, réalisé par Emir Baigazin et photographié par Aziz Zhambakiyev)