Bertrand est mort depuis un mois aujourd’hui

je me surprends à attendre encore des signes qui ne viendront plus

La Lettre AFC n°108

J’ai perdu aujourd’hui celui avec qui j’ai le plus rêvé.
C’est lui qui éclaira mes premiers pas cinématographiques et qui les concrétisa.
C’est aussi avec lui que le travail fût le plus constructif, le plus passionné, le plus réussi.
Antoine Perset
« Bertrand est mort à la chandeleur. Jour où l’on célèbre la renaissance du soleil.
Nous en avons passé des moments à attendre qu’il se lève.
Il aimait l’aube, moi aussi.
Bertrand était mon ami. Cette rencontre importante s’est faite par hasard.
Je l’ai connu en 1977. J’étais sur un tournage. Grand comme il était, il se voyait de loin. Sans même savoir ce qu’il faisait là, je l’embarquais avec moi pour voir un décor. Nous avons immédiatement bien déconné dans la voiture alors que nous nous connaissions depuis à peine trente minutes.
Nous avons beaucoup ri.
J’aimais son rire.
J’avais déjà perdu mon ami d’enfance, en mer, sur un chalutier.
J’ai perdu aujourd’hui celui avec qui j’ai le plus rêvé.
C’est lui qui éclaira mes premiers pas cinématographiques et qui les concrétisa.
C’est aussi avec lui que le travail fût le plus constructif, le plus passionné, le plus réussi.
Il pouvait être d’un enthousiasme contagieux et savait faire naître la part de rêve indispensable à mes projets.
Nous avons fait plusieurs films ensemble dont deux longs métrages : Les Trois derniers hommes et La Nuit de l’océan.
Nous avons surtout passé plus de vingt ans à continuer d’entretenir notre amitié comme elle avait commencé : tendrement.
J’appréciais sa chaleur, son humour, sa tolérance envers la vie.
Je voudrais remercier sincèrement Pascal Ridao et l’AFC qui, dès le dimanche 3 février 2002 ont été présents. Mon extrême sentiment de solitude et de tristesse en fut atténué.
Leur soutien fût immense pour tous et particulièrement pour Anne et ses deux filles, Judith et Juliette.
Elles pourront toujours compter sur mon amitié et mon soutien. »