Disparition de Bernard Gemähling, chef électricien

Contre-Champ AFC n°326

Bernard Gemähling, chef électricien, nous a quittés, le 26 octobre dernier, à l’âge de 67 ans, après un long combat contre la maladie. Plusieurs membres des équipes qui ont travaillé à ses côtés témoignent.

Né en 1954, Bernard Gemähling débute, en 1986, auprès de Gérard Simon, AFC (Vaudeville, de Jean Marbœuf, puis Louis, enfant roi, de Roger Planchon), intègre par la suite l’équipe de Darius Khondji, AFC, ASC (Delicatessen et La Cité des enfants perdus, de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet). Il poursuit sa carrière de chef électricien en alternant longs métrages et films pour la télévision, tout en travaillant parallèlement en tant que chef opérateur – on compte à son crédit, entre autres, une dizaine de courts métrages.

Quelques témoignages de personnes l’ayant côtoyé...
J’ai connu Bernard dans mes premiers années d’assistant avec Darius Khondji entre 1988 et 1991 : nous avons fait un bout de chemin ensemble enchaînant courts métrages, clips, publicités et longs métrages. Il était accompagné à l’époque d’une belle équipe composée de Franck Barrault, Michel Sabourdy, Philippe Depardieu et d’autres encore.
Son regard doux et serein était rassurant pour nous jeunes assistants : Philippe Le Sourd, à l’époque mon second, et moi-même étions toujours soutenus au bon moment pour poser un drapeau de protection caméra ou nous aider lors d’un plan délicat. Son humour et sa discrétion nourrissaient un homme assez taiseux mais plein de tendresse envers ceux avec qui il travaillait. Exigeant et inventif, il savait l’être sans occulter les relations humaines nécessaires à l’exercice de nos métiers.
Il avait aussi accompagné Bruno Delbonnel, Gérard Simon, Pascal Rabaud, Pierre David et Frank Timezuk, entre autres.
Nos pensées vont vers ses proches et ses enfants ainsi que tous ceux qui l’ont côtoyé avec amour ces derniers semaines. Rémy Chevrin, AFC

Bernard était un ami en plus d’être un collaborateur dans le travail. Nous nous étions rencontrés juste avant le film de Jean-Pierre Jeunet Delicatessen et c’est ensemble que nous avons partagé l’aventure de plusieurs tournages avec Darius Kondji. Nous échangions beaucoup sur le métier mais aussi sur ce qui nous arrivait dans la vie. Bernard a toujours compté pour moi. Sa richesse de points de vue, sa grande culture littéraire, sa discrétion me manqueront toujours. Bruno Dubet, chef machiniste

Le box de Vitry-sur-Seine
Je n’ai travaillé qu’une seule fois avec Bernard un peu par hasard, un film publicitaire où il était chef opérateur, c’était il y a une douzaine d’années.
Depuis cette rencontre nous nous sommes revus régulièrement au fil d’une amitié naissante.
Il souhaitait vendre son matériel que je lui achetais petit à petit. Nous nous retrouvions dans son dépôt de Vitry-sur-Seine : un petit hangar vétuste en bord de Seine au pied d’un pylône de ligne à haute tension. Ces transactions qui n’auraient pas dû prendre plus d’une demi-heure se transformèrent en échanges passionnants de plusieurs heures.
Bernard avait une grande culture de nos métiers quelque en soit le chapitre : technique, technologique, social, il avait également une écoute généreuse et une grande curiosité. Il m’a beaucoup appris sur mon travail dans ce lieu.
Puis, une fois Bernard à la retraite, nous avons conservé ce lien autour de dîners conviviaux avec l’ami Félix qui a toujours été présent, jusqu’au bout…
La douceur de sa voix va beaucoup me manquer… Julien Gallois, chef électricien

En 1994 Bernard Gemähling a bien voulu m’accueillir dans son équipe sur le tournage de La Cité des enfants perdus, réalisé par Caro/Jeunet.
Ce tournage de quatre mois, pour le moins épique, reste dans les mémoires de toutes celles et ceux qui y ont participé.
J’y ai fait des rencontres qui ont changé le cours de ma carrière.
Bernard avait un œil expert et une grande connaissance du matériel, son travail en préparation et sur le tournage a largement participé à la qualité de la photographie du film. Mikaël Monod, chef électricien

Je pensais pouvoir écrire quelques mots mais finalement non… Ce sont des choses trop personnelles, plus de l’ordre de la prière, de la confidence que j’aurais dû lui faire de son vivant que je n’ai pas su ou pu... et qui ne regarde personne... Des regrets que je porte désormais… Il n’y a pas une seule journée où je ne pense pas à Bernard. Michel Sabourdy, chef électricien

Nous avions, Bernard et moi, une amitié de longue date l’un pour l’autre. Nous avons beaucoup devisé de son vivant et je ne peux rendre compte en quelques lignes de ces échanges. De plus, c’est aussi de son vivant et au cours de la fin de sa carrière qu’il a eu l’occasion de mesurer l’attention que lui portaient les chefs opérateurs français, alors que dire de plus sans le trahir. Felix Touret, chef machiniste

(En vignette de cet article, photomontage réalisé à partir de deux photogrammes de Delicatessen et de La Cité des enfants perdus, photographiés par Darius Khondji, AFC, ASC, sur lesquels Bernard Gemähling était chef électricien)

Les autres photos d’illustration ont été prises autour de 1998 avec Tetsuo Nagata, AFC, en Suisse, pour une pub Milka réalisée par Stéphane Clavier - Archives Bruno Dubet

Messages

  • TRÈS GRANDE TRISTESSE
    JE VIENS D APPRENDRE LA MORT DE BERNARD
    IL a été à mes côtés dans mon travail de lumière pendant de très longues années où il a été toujours un soutien infaillible dans toutes les bonnes ou mauvaises circonstances de ce métier
    Mais je voudrais insister ,le plus important c est qu il fut un grand cinematographer sa science de la lumière a toujours été une grande aide pour éclairer
    COMME UN BON GÉNÉRAL il éclaircissait le terrain pour que les directeurs photos puissent intervenir mais sa patte nous avait creusé le sillon .
    Sa générosité était aussi immense que son talent
    Une étoile du cinéma français disparaît
    MERCI MERCI MERCI
    A tout jamais dans mon coeur
    Paix a ta belle âme compagnon
    pascal Rabaud

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