Entretien avec David Kessler

directeur général du CNC
En 2004, la Commission de Bruxelles contrôlera le bien-fondé du système des aides nationales au cinéma.
Nous avons organisé à Cannes une rencontre informelle avec neuf confrères européens, pour entamer ce chantier. La Commission ne va pas tout remettre en cause. Malgré des mécanismes très différents, nous préparons un front commun. Face au cinéma américain, soit tous les pays européens s’en sortiront, soit personne ne s’en sortira.
« Le cinéma français réalise une part de marché de 40 % en salles, le meilleur score en Europe, ce qui confirme l’existence de notre système. Depuis cinquante ans, le cinéma français évolue, mais jamais par ruptures brutales. Malgré la crise que traverse Canal+, la chaîne ne va pas cesser de financer le cinéma français pour autant et doit rester un acteur important. Le contrat liant Canal+ à la profession du cinéma sera renégocié en 2004 et la chaîne demande, pour sa survie, des ajustements à la baisse.
En revanche, un des grands facteurs d’inquiétude du cinéma est l’évolution des chaînes payantes en Europe : la faillite de Kirch, la fusion des bouquets en Espagne, la crise financière de Canal+ en Italie avec Stream et Telepiù...
Tant que la télévision n’aura pas résolu l’inflation des droits sportifs, le cinéma paiera pour le sport.
Dès janvier, nous avons instauré un groupe de travail sur la mise en place de nouvelles sources de financement du cinéma. Le ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon, nous a demandé de poursuivre dans cette voie. L’Europe est un horizon fondamental. Le problème essentiel reste celui de la distribution. Il faut aussi réfléchir à de nouveaux produits défiscalisés et adapter les Soficas. Enfin, le financement régional peut être exploré. De nombreuses initiatives doivent être encouragées, comme celles de la région Centre, qui envisage la mise en place d’une Sofica régionale ; de la Belle-de-Mai à Marseille ; ou de l’Ile-de-France, qui apporte un soutien aux industries techniques et à la production. »
Propos recueillis par Nicole Vulser, Le Monde, 28 mai 2002