L’éditorial d’octobre
Par Céline Bozon, coprésidente de l’AFCEt puis mon fils de 8 ans m’emmène un peu plus loin et me dit : « Regarde comment ils cassaient les statues » et là, dans une télévision, passait un petit film pédagogique en 3D montrant les soldats perses détruisant le Parthénon, en 480 av. J.-C.
« Ceux des Perses qui étaient montés allèrent d’abord aux portes, et, les ayant ouvertes, ils tuèrent les suppliants de la déesse. Quand ils les eurent massacrés, ils pillèrent le temple, mirent le feu à la citadelle, et la réduisirent en cendres. » Hérodote, Histoires, LIII, Ve siècle av. J.-C.
Dans le petit film, on voit des soldats tirer avec des cordes sur les statues colorées et les mettre à terre. Les larmes me sont montées aux yeux immédiatement, j’ai dit à mon fils : « Je ne peux pas regarder ça, c’est trop violent ».
Ma réaction était extrêmement viscérale et archaïque (comme les couleurs). Comme si on m’attaquait directement dans ma chair.
Mon fils n’a pas compris et a continué à regarder avec un plaisir non dissimulé.
Je pensais évidement aux Bouddah de Bâmiyân détruits par les talibans en 2001 dans le centre de l’Afghanistan, œuvre de l’art gréco-bouddhique (issu de la rencontre culturelle entre peuples nomades d’Asie centrale, monde grec, monde indien et monde perse-iranien…).
Et puis m’est revenue cette scène d’Andreï Roublev, de Tarkovski, film absolument fondamental pour moi. Andreï Roublev, le peintre, erre dans l’église en flamme au milieu des cadavres et de son œuvre massacrée ; dans une ville envahie par les Tatars, qui pillent, incendient, assassinent….
Après cela, Andreï décide d’abandonner la peinture et fait vœu de silence.